Prudentes pendant la campagne, les entreprises se rangent du côté de Trump. Les organisations patronales voient désormais le verre à moitié plein.
« Il y a une boite de mouchoirs ici ? ». Ce jeudi 10 novembre, au lendemain de la victoire de Donald Trump, la patronne de Pepsi, Indra Nooyi, peine à dissimuler sa déception, même sur le ton de la plaisanterie. La mine déconfite des quelques PDG réunis à ses côtés pour la conférence annuelle du « New York Times » trahit un sentiment général d’abattement. « J’ai eu ce matin la vision d’une croix gammée », résume Howard Schultz, le directeur général de Starbucks, un supporter actif d’Hillary Clinton.
Un besoin de rassurer les salariés
Après le 8 novembre, partout dans le pays, les grands patrons ont dû prendre la plume pour rassurer leurs salariés , promettant de continuer à promouvoir la diversité. « Nous soutenons les personnes quelles que soient leur race, leur genre, leurs orientations sexuelles », a rappelé le PDG de General Electric Jeff Immelt dans un mail interne. Tim Cook, le patron d’Apple, a quant à lui invoqué Martin Luther King.
Attentisme
Pourtant, deux semaines après la victoire du milliardaire, le ton a changé dans le monde des affaires. Les grands patrons se font plus discrets. « Les dirigeants sont clairement moins loquaces, constate Thomas Cooke, professeur à l’université de Georgetown. Nombre d’entre eux ont opté pour l’attentisme et surveillent désormais ce qui va sortir du Congrès ». Passée l’émotion, les entreprises, pragmatiques, prennent conscience de l’intérêt que peut représenter pour elles le nouveau gouvernement, en particulier en matière de réglementation, de fiscalité et d’infrastructures.
Les organisations patronales, qui avaient mis en garde contre les dangers du retour au protectionnisme prôné par le candidat ou sa politique migratoire, voire jugé sa réforme fiscale irréaliste car trop coûteuse, voient désormais le verre à moitié plein. « La réaction commune à l’élection dans les entreprises a été : « essayons de tirer parti de cette opportunité qui se présente », raconte John Engler, le patron de Business Rountable, l’équivalent de l’Afep, qui a félicité un vainqueur désormais perçu comme « pro-business ». « L’intérêt premier des dirigeants, c’est la croissance ».
Des offres de service
Certains grands patrons ont même offert leurs conseils et services au nouveau président, comme la patronne d’IBM, Ginni Rometty, qui lui a envoyé une lettre. « Je vous adresse mes idées afin de vous aider à répondre aux aspirations que vous avez suscitées », écrit-elle, plaidant pour que le programme de grands travaux promis par le futur président prenne en compte les nouvelles technologies et l’intelligence artificielle. Les patrons qui, comme Mark Field, le PDG de Ford, continuent d’alerter contre les effets d’un relèvement des droits de douane sur l’économie américaine, se comptent désormais sur les doigts d’une main.
Des prises de position dangereuses
Pour ces derniers, l’exercice n’est pas simple. Certains de ceux qui ont pris parti de façon trop visible en ont payé le prix. Après l’intervention de la patronne de Pepsi, les supporters de Trump ont lancé un appel au boycott de la boisson sur les réseaux sociaux qui l’a obligée à rectifier ses propos. Symétriquement, le fabriquant des célèbres baskets New Balance, dont l’un des dirigeants avait salué la re-négociation des accords commerciaux prônée par Trump, a été prise pour cible par les opposants au futur président . a été prise pour cible par les opposants au futur président ont proliféré sur Internet, tandis que qu’un blogeur se présentant comme néo-nazi a décidé que les « NB » étaient « les chaussures officielles des blancs ».
Avec les echos