De nouveaux travaux, auxquels ont participé des chercheurs du centre français en recherche agronomique pour le développement, le Cirad, améliorent grandement le décryptage du génome du manioc, une culture qui nourrit aujourd’hui 800 millions de personnes sur la planète. Publiés dans la revue Nature Biotechnology, ils ouvrent la voie à la mise au point de variétés résistantes aux maladies et à l’amélioration des rendements, souligne le communiqué.
Ces résultats sont d’importance car la propagation clonale du manioc le rend particulièrement vulnérable aux pathologies, notamment virales. Qui plus est, la demande mondiale est en forte progression depuis le début des années 2000, tirée par les marchés asiatiques et africains.
Plus précisément, souligne le communiqué, les auteurs de cette nouvelle étude ont comparé la séquence génétique de référence du manioc cultivé avec celle des génomes de 58 autres variétés sauvages ou domestiques provenant de différents pays, et d’autres Euphorbiacées telles que le ricin, l’hévéa ou le maniçoba (Manihot glaziovii), un arbre à caoutchouc brésilien. Ils ont également analysé le génome de 268 variétés africaines.
Ces travaux ont permis d’obtenir un assemblage génomique de haute qualité, qui renseigne sur la localisation chromosomique de 97 % des quelques 30 000 gènes du manioc. Son analyse montre que de nombreux transferts de gènes se sont produits par le passé entre le maniçoba et le manioc cultivé. Ces échanges, qui ont augmenté la diversité génétique du manioc et amélioré notamment sa résistance aux maladies virales, ont été non seulement le fait de programmes d’amélioration conduits en Afrique, mais aussi de pollinisations naturelles entre les deux espèces. Par ailleurs, ces résultats révèlent également qu’une espèce sud-américaine, encore non identifiée mais apparentée au manioc, a contribué à son génome.
Les sélectionneurs ont donc tout intérêt à explorer les croisements entre le manioc et les espèces voisines. D’autant plus que la diversité génétique des variétés utilisées dans les programmes d’hybridation a fortement diminué, notamment en Afrique. L’introduction de gènes d’autres espèces pourrait permettre de rendre le manioc moins vulnérable et d’améliorer les rendements.
Une filière en plein essor car depuis de début des années 2000, la production mondiale a augmenté de 100 millions de tonnes, tirée en Asie par les besoins en amidon des secteurs de l’élevage et de l’industrie, et en Afrique par l’ouverture de nouveaux marchés alimentaires liés à l’urbanisation croissante. En outre, sa haute teneur en amidon intéresse également les fabricants d’agrocarburants. Pour répondre à cette demande en forte augmentation, les millions de petits producteurs des pays tropicaux vont donc devoir intensifier leur production.
avec commodafrica