Le géant Internet veut combler son retard face à Amazon et Apple. Ces petits boîtiers dotés d’une intelligence artificielle permettent de tout faire à la maison. Sans passer par une recherche sur Google.
Grande journée pour Google. Mardi, le groupe Internet a dévoilé un nouveau smartphone, Pixel, commercialisé sous sa propre marque, ainsi qu’un nouvel assistant personnel Home. Ce dernier prend la forme d’une borne qui permet de faire des recherches ou d’obtenir de l’aide depuis n’importe quelle pièce du foyer, grâce à l’intelligence artificielle. Google change de forme. Le moteur de recherche sur le Web, déjà puissant dans l’Internet fixe et mobile, veut maintenant être dans toutes les pièces du foyer. Home sera d’abord vendu 129 dollars aux États-Unis, avant d’être porté dans d’autres pays en 2017.
C’est une enceinte ovoïde, que l’on pose dans la cuisine, dans le salon ou dans une chambre. Connectée par Internet en Wi-Fi, elle reste à l’écoute de son environnement. Équipée de l’intelligence artificielle Google Assistant, elle peut lire les actualités, trouver une recette de cuisine, réserver une table dans un restaurant, savoir quand part un avion, localiser une pharmacie, décrire le trafic automobile, lancer une chanson ou contrôler quelques objets connectés. Contrairement à l’assistant personnel également présent sur les nouveaux smartphones Pixel de Google, ou à Siri sur iPhone, Home comprend les instructions de plusieurs personnes et n’a pas besoin d’être toujours à portée de main. «Google doit être universel et disponible dès que l’on en a besoin», a résumé son PDG, Sundar Pichai.
Cette borne Internet est la réponse de Google à Amazon. Ce dernier vend depuis deux ans la borne Echo, qui intègre l’assistant vocal Alexa. Cet objet a rencontré un succès surprise. Dans une note publiée mi-septembre, l’analyste Mark Mahaney, de RBC Capital, se demande s’il ne s’agira pas à terme du quatrième pilier du groupe d’e-commerce, après la vente en ligne, les abonnements premium et le cloud. Quelque 3 millions d’appareils pourraient être vendus cette année, et 10 millions l’année prochaine. Soit 1 milliard de dollars de revenus directs. Surtout, les bornes Echo sont un moyen pour Amazon de faciliter la prise de commande à l’oral et donc d’augmenter les ventes en ligne.
Menace sur la publicité
Le marché naissant des assistants à domicile donne lieu à des projections enthousiastes. Gartner s’attend à ce que 2,1 milliards de dollars de chiffre d’affaires soient générés par ces bornes en 2020. La société d’investissement Mizuho parie sur 7 milliards de dollars pour le seul Amazon. Il est encore tôt pour affirmer que ces appareils seront un jour incontournables au sein des foyers, comme le PC ou le téléviseur. La compréhension des instructions vocales est encore perfectible, les fonctions demeurent limitées et ces produits manquent de notoriété.
Google, néanmoins, ne peut pas se risquer à faire l’impasse sur ce marché. Les assistants vocaux permettent de commander des produits sans avoir à se renseigner au préalable sur son moteur de recherche, ce qui peut porter atteinte aux revenus publicitaires de Google. Amazon constitue déjà une menace sur smartphone. Selon une étude de Bloom Research, plus de la moitié des recherches en vue d’acheter un produit aux États-Unis débutent sur le site d’e-commerce. Or ce dernier a l’intention d’accélérer dans le segment des assistants à domicile.
Google surveille aussi les avancées d’Apple. Ses équipes travaillent pour loger l’assistant personnel Siri dans un boîtier pour la maison. Un prototype a été mis au point, selon Bloomberg. Là encore, les réponses données par Siri ne transitent plus par le moteur de recherche de Google. Quant à Facebook, il lorgne lui aussi la recherche de produits. Depuis quelques jours, les marques peuvent «taguer» des objets de leur catalogue dans leurs messages comme on identifie des personnes sur les photos.
Lundi, le réseau social a lancé une plateforme de vente de biens entre particuliers, où il pourrait chercher un jour à attirer des vendeurs professionnels. Une raison de plus, pour Google, de muter rapidement pour rester incontournable.