La guerre fait rage chez les fournisseurs de solutions de paiement mobile. Annoncée ce printemps, la fusion entre les concurrents Paymit et Twint a obtenu le feu vert de la Comco et sera effective d’ici le mois de novembre. Si l’ensemble des acteurs suisses se sont unis sous la bannière de Twint, c’est afin de faire face au géant Apple, qui a lancé cet été son service de paiement Apple Pay via iPhone sur le marché helvétique. Pour mémoire, Paymit a pour initiateurs les banques UBS, Credit Suisse, Raiffeisen, la Banque Cantonale de Zurich (BCZ), Swisscom et SIX, la société qui exploite la Bourse suisse. De son côté, l’application Twint a été lancée par PostFinance avec le distributeur Coop et des banques cantonales comme partenaires.
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Les quelque 500 000 utilisateurs des deux applications migreront vers la plateforme unique à la mi-janvier. «Le nom de Twint a été conservé car cette appellation doit renvoyer à une palette de services plus large que le simple paiement. Le système permet par exemple d’intégrer des programmes de fidélisation et des rabais. Et nous préparons une offensive marketing pour l’automne», indique Victor Schmid, consultant chez Hirzel Neef Schmid. La société de relations publiques ne divulgue pas les coûts impliqués par la fusion. Le nouveau Twint sera exploité par une entreprise autonome détenue par UBS, Credit Suisse, PostFinance, Raiffeisen, la BCV, la BCZ et SIX.
Dans la position du Goliath américain face à un David helvétique, Apple propose une solution qui n’est pour l’heure acceptée que par les kiosques Valora, BonusCard, Visa, Aldi ou encore easyJet. Elle fonctionne avec les cartes Visa ou MasterCard émises par Cornèrcard, Bonus Card et Swiss Bankers. Les poids lourds locaux que sont UBS, Credit Suisse, les banques cantonales et le réseau de cartes de débit Maestro sont actuellement exclus du réseau. La Suisse représente le 2e pays européen où la firme de Cupertino a lancé Apple Pay, après la Grande-Bretagne où le service est disponible depuis près d’un an.
Investisseur et entrepreneur à Zurich, Antoine Verdon décrypte: «En Europe, le marché est encore en train de se former. Dans chaque pays coexistent plusieurs solutions nationales, des équivalents de notre Twint, qui font face aux géants mondiaux. Apple et Google, mais aussi le chinois Alibaba et le coréen Samsung se préparent à attaquer ces marchés. Le paiement est typiquement un secteur de type «winner takes all». Cela signifie qu’à terme, de nombreux acteurs actuels sont voués à disparaître.»
La Suède, pays sans cash
Si l’on ignore encore qui va l’emporter sur le marché suisse, une chose est d’ores et déjà certaine: le cash est voué à disparaître. En Suède, le musée dédié au groupe ABBA n’accepte déjà plus le liquide. Son fondateur Björn Ulvaeus, ancien membre du groupe, se profile comme un activiste du paiement numérique, rapporte leNew York Times. Il a relevé le pari de vivre douze mois sans argent liquide.
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A Stockholm, même les «sans domicile fixe» qui vendent des journaux dans la rue sont équipés de lecteur numérique car plus personne ne transporte de cash. Plus de la moitié des 5,6 millions d’habitants utilisent l’application de Danske Bank pour régler leurs dûs. On peut aussi déjà transférer de l’argent par empreinte du doigt ou photographie, grâce à des critères biométriques. Des études prévoient la disparition complète de la monnaie physique en Suède à l’horizon 2030.
Plus loin de nous, les marchés émergents s’illustrent par leur rapidité d’adaptation à l’évolution technologique. «En Chine, le porte-monnaie électronique Alipay du géant du commerce en ligne Alibaba est très populaire car il est associé à tout un écosystème de services. Il permet de payer ses factures, de créditer son compte de téléphone, d’acheter un billet de train ou encore de consulter un compte en banque. On peut même envoyer des cadeaux, comme une «red envelope», une petite somme d’argent qu’on envoie à des proches pendant le Nouvel-An chinois», commente Antoine Verdon.
Voilà pour les perspectives dans les paiements numériques alors que nous ne sommes sans doute qu’à quelques années de la révolution suivante, celle de la blockchain. Cette technologie dont le bitcoin est une application amènera la possibilité d’effectuer des transactions en temps réel de privé à privé comme de banque à banque, sans intermédiaire. De quoi bouleverser toute l’industrie financière.
avec bilan