Les Gabonais attendent fébrilement le verdict de la Cour constitutionnelle dans le contentieux électoral qui oppose Jean Ping au président sortant Ali Bongo. La population redoute surtout de nouvelles violences.
Quel verdict rendra la Cour constitutionnelle dans le contentieux électoral qui oppose le président sortant Ali Bongo Ondimba et son rival Jean Ping ? Trois choix s’offrent à la présidente de la Cour, Marie-Madeleine Mborantsuo : valider l’élection d’Ali Bongo, inverser les résultats ou annuler l’élection présidentielle à un tour du 27 août. “Et tous ces scénarios sont possibles”, explique Marcel Amoko, le correspondant de France 24 au Gabon.
Mais la décision tant attendue va-t-elle être rendue vendredi 23 septembre ? Rien n’est moins sûr. Marie-Madeleine Mborantsuo a laissé elle-même planer le suspense, jeudi soir, à l’issue d’une séance publique, où les avocats de Bongo et Ping ont procédé à une dernière passe d’armes. “L’affaire est mise en délibéré. En principe, la décision pourrait être rendue à l’audience du 23 septembre mais je demande au greffier de communiquer la date exacte, l’heure exacte aux conseils des deux partis”, a-t-elle déclaré.
LES PRÉCISIONS D’ARMELLE CHARRIER
“Magasins pris d’assaut”
L’attente est difficile pour la population. “Les Gabonais vivent une des journées les plus longues de leur histoire”, raconte Marcel Amoko. “Le suspense est insoutenable pour le pays qui retient son souffle. […] Il est impossible de savoir de quel côté va pencher la décision de la Cour.”
Dans les rues de la capitale Libreville, la tension est déjà palpable. À quelques centaines de mètres du cadre solennel de la Cour, la garde républicaine avait coupé jeudi en fin d’après-midi la circulation sur le front de mer devant le palais présidentiel.
L’exécutif redoute de nouvelles violences surtout si la Cour confirmait la victoire d’Ali Bongo. En prévision de ce week-end de tous les dangers, les Gabonais ont dévalisé dès jeudi boulangeries et supérettes pour stocker de la nourriture comme il y a trois semaines.
“La ville attend la décision avec beaucoup d’inquiétude, ajoute Marcel Amoko. Les magasins sont pris d’assaut par des gens qui viennent faire des provisions. Il y a de nombreux embouteillages dans les rues.”
“La ligne rouge”
Des ministres ont déjà prévenu Jean Ping, 73 ans, qu’il pourrait être arrêté s’il franchissait “la ligne rouge” dans l’hypothèse où il n’obtiendrait pas gain de cause en justice.
Le 31 août, la proclamation de la réélection du président sortant avait provoqué des manifestations, des émeutes, des morts, des pillages, des assauts policiers et des arrestations par centaines dans un pays habitué à la paix civile.
Le conseil de Jean Ping, Jean-Rémy Bantsantsa, a plaidé pour le recomptage des voix dans la province du Haut-Ogooué, bureau par bureau, en présence d’experts internationaux. Dans cette province, fief familial de la famille Bongo, le président sortant a officiellement obtenu 95 % des voix pour 99 % de participation, lui garantissant à l’échelle du pays une avance de quelque 5 000 voix sur Jean Ping, sur un peu plus de 325 000 électeurs. Ces résultats ont mis le feu aux poudres.
Avec AFP