Des épargnants ont porté plainte à Paris contre des dirigeants de la société gabonaise BR SARL, au coeur selon eux d’une vaste escroquerie financière, qui aurait touché 30 000 personnes pour un préjudice total de 22 millions d’euros, a annoncé mercredi leur avocat.
La plainte pour « escroquerie en bande organisée, abus de confiance, blanchiment de capitaux et recel » a été déposée le 29 juillet auprès du parquet de Paris par un épargnant et trois associations, dont un « collectif de clients spoliés », a déclaré Me Norbert Tricaud.
Pour l’avocat, la justice française est également compétente, dans la mesure où les fonds détournés par cette société et son ancien dirigeant Yves David Elysée Mapakou auraient été en partie transférés en France. De l’argent serait également parti vers la Chine.
Au Gabon, l’enquête avance « au rythme d’un escargot »
Les plaignants espèrent que la justice française se substituera à celle du Gabon, saisie de l’affaire mais où l’enquête avance « au rythme d’un escargot », selon Me Tricaud. La société proposait un certain nombres de services financiers sans agrément officiel, selon les plaignants.
Par ailleurs, la plainte pointe le « manque de vigilance » dans cette affaire de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (COBAC), instance au sein de laquelle siège un représentant de la Commission bancaire française, désigné par le gouverneur de la Banque de France.
BR SARL (BR pour « Bâtisseurs de richesse ») a été créée en 2012 par M. Mapakou, ancien pasteur, à sa sortie de prison. Condamné pour viol sur mineur en 2007, il a, toujours selon le texte de la plainte, été gracié par le chef de l’Etat gabonais Ali Bongo.
Dans une publicité jointe à la plainte, elle se présente comme une « PME spécialisée dans la multiplication des capitaux », offrant des rendements pouvant atteindre 20%. BR SARL a fait faillite en 2015, laissant sur le carreau, selon les estimations des plaignants, jusqu’à 30.000 clients français et gabonais, pour un préjudice de 22 millions d’euros.
Me Tricaud, pour qui il s’agit d’un « scandale financier d’Etat franco-gabonais », demande à la justice française de faire la lumière sur les mouvements bancaires autour de BR SARL, et de retrouver son ancien dirigeant, qui pourrait se trouver en France.