Un message adressé le mercredi 9 août par Emmanuel Macron à Ali Bongo Ondimba a été diffusé par la présidence gabonaise. Elle y voit une réponse à l’opposition, qui martèle que la France ne reconnaît pas le régime d’Ali Bongo, et qui continue de contester les résultats de l’élection présidentielle proclamés le 21 août 2016.
« Monsieur le Président, à l’occasion de la fête nationale de la République gabonaise, j’ai le plaisir de vous adresser à vous-même ainsi qu’à l’ensemble de vos compatriotes, mes sincères félicitions. Je tiens à souligner l’importance que j’attache au dialogue et à la coopération entre nos deux pays. »
Ce message, adressé à Ali Bongo, est daté du mardi 9 août dernier et a été transmis par les services de l’ambassade de France au Gabon à ceux de la présidence gabonnaise. Il est signé Emmanuel Macron.
La direction de la communication présidentielle gabonaise s’est empressée de diffuser le communiqué, avec la mention « Urgent ». C’est la preuve de la haute importance accordée à cette toute première communication publique d’Emmanuel Macron en direction de son homologue gabonais.
« Monsieur le Président », a écrit Emmanuel Macron. Cette seule introduction sonne comme une reconnaissance d’Ali Bongo comme président de la République du Gabon.
Rumeurs contradictoires à Libreville
Et c’est un coup dur pour l’opposition gabonaise, qui répète depuis quelques semaines qu’Ali Bongo « tombera bientôt », probablement après la fête nationale qui doit être célébrée jeudi 17 août.
Au Gabon, le récent séjour en France de l’opposant Jean Ping, sur invitation des autorités françaises, alimente l’hypothèse d’un « lâchage » d’Ali Bongo par la France. Plus grave, une rumeur attribue à l’ambassade de France au Gabon des consignes particulières de sécurité durant la célébration de la fête nationale.
Les journées de mardi, mercredi et jeudi sont déclarées fériées au Gabon. Hier, lundi, les Librevillois se sont rués vers les banques. « On ne sait jamais », murmuraient-ils. Le message du président Macron apaisera certainement les esprits.
Rappelons que le candidat Emmanuel Macron avait dit, le 5 avril 2017 dans une interview exclusive à RFI : « Il me semble que l’élection de Monsieur Ali Bongo est pleine d’incertitudes et d’inconnus, qui justifient un jugement circonstanciel ».
Interview d’Emmanuel Macron le 5 avril 2017. Le sujet du Gabon est évoqué à la minute 33
La toile gabonaise s’agite autour de la fameuse lettre
La lettre, qui circule depuis lundi soir dans plusieurs groupes Facebook, suscite des centaines de commentaires sur les réseaux sociaux. Une dizaine de comptes Twitter de personnes proches du candidat Jean Ping diffusent également une vidéo dont l’objectif serait de démontrer en trois points que cette lettre est totalement fausse.
Certains internautes, à l’image de Judes Bertrand Mekabe Mba, se demandent où sont passés les bons usages diplomatiques et crient à l’intoxication. Ils affirment ne pas reconnaître la forme de cette lettre adressée au secrétaire générale de l’ambassade de France au Gabon par le président français le 9 août.
D’autres y voient la reconnaisse par la France de l’élection d’Ali Bongo Ondimba. « Emmanuel Macron nous félicite ! Youpi ! », écrit par exemple Marcel Djabioh. Queens Yeno ajoute : « Cette pratique est admise en diplomatie : le président Emmanuel Macron écrit au Président Ali Bongo. Fin des spéculations. »
Du côté des opposants, Jean Joel Ohriel écrit : « Ne vous laissez pas distraire ». Tandis que Fredy Bekale Angoue assure que « la souveraineté d’un pays est primordiale. Aujourdhui nous disons ça suffit comme ça. Nous ne lâcherons rien. Rira bien qui rira le dernier ».
Roland Barton Lipémé, lui, pose la question : « Est ce que Macron a voté lors des élections au Gabon ? Nous, le peuple, avons dit non au musicien sans bac. Personne ne nous fera changer d’avis. »
Avec RFI