1472 milliards de FCFA, c’est le montant maximum que le Gabon projette emprunter d’ici 2019. Il s’agit plutôt d’un plafond que les autorités n’entendent point exploser sur la même période conformément à la nouvelle stratégie d’endettement des autorités du pays. Ainsi, pour cette année, le pays compte s’endetter à hauteur de 659 milliards de FCFA dont la majorité soit 559 milliards au titre d’emprunts extérieurs. Ces emprunts se feront par le biais des emprunts extérieurs classiques et aussi sur le marché obligataire régional.
L’année dernière, le Gabon a déjà annoncé un plan d’endettement de 1645 milliards de FCFA sur la période 2016-2018. Selon les détails du nouveau plan qui vient d’être dévoilé, en 2018, l’endettement projeté sera de 484 milliards de francs CFA dont 384 milliards de francs CFA d’engagements extérieurs et pour 2019, les engagements au titre de la dette ont été estimés à 329 milliards de francs dont 229 milliards de francs CFA d’emprunts extérieurs.
Il y a quelques jours, la Direction générale de la dette (DGD) a publié ses statistiques sur l’encours de la dette publique gabonaise qui s’est établit, à la fin de l’exercice 2016, à 3160,1 milliards de FCFA contre 3165,4 milliards de FCFA en 2015, ce qui correspond à une baisse de 5,5 milliards de FCFA. La baisse de l’endettement a été notamment engendrée par une régression de la dette extérieure à hauteur de 2,8% parallèlement à une hausse de 26,8% des créances intérieures. Au 31 décembre dernier et d’après la même source, le stock de la dette gabonaise était constitué de 2803,5 milliards de FCFA de dette extérieure et de 356,6 milliards de FCFA de dettes internes. Ce qui correspond à un taux d’endettement rapporté au PIB de 39,4% en 2016 contre 37,3% une année auparavant. Pour ce qui est du service de la dette, il a nécessité une enveloppe de 478,4 milliards de FCFA au 31 décembre 2016 contre 505,7 milliards de FCFA à la même date en 2015.
Inquiétudes sur les risques d’une spirale d’endettement
La dynamique d’endettement du Gabon a commencé à susciter des inquiétudes depuis quelques années et prend une nouvelle ampleur depuis le début de la conjoncture économique qui affecte le pays en raison notamment de la baisse du cours du baril sur les marchés internationaux. L’année dernière, la DGD a d’ailleurs estimé nécessaire de rassurer l’opinion et les marchés sur la viabilité de la dette publique du pays à court, moyen et long terme. En s’appuyant sur les perspectives d’évolution des indicateurs macroéconomiques du pays sur les quinze prochaines années, elle a estimé que le taux d’endettement serait en moyenne de 30,2% du PIB. Dans un communiqué qu’il a rendu public, le département en charge de la stratégie d’endettement du pays reconnait que ce ratio d’endettement est certes en dessous du seuil stratégique de 35,0%, mais « les marges d’endettement supplémentaire pour l’Etat resteraient réduites jusqu’en 2021 dans la mesure où le ratio d’endettement se situerait à un niveau proche du seuil stratégique ». Il faudrait noter que la limite du niveau stratégique est de 25 % notamment pour les années de remboursement intégral des emprunts obligataires internationaux émis en 2013 et 2015.
Dans l’ensemble, le taux d’endettement devrait dépasser le seuil stratégique pour s’approcher d’une moyenne de 56 à 57% en cas de choc sur la croissance et de réduction de l’excédent primaire. Cela dès la première année de crise même s’il ne devrait pas dépasser le plafond communautaire qui a été fixé à 70%.
Ces estimations officielles sommes toutes rassurantes, diffèrent toutefois des prévisions du FMI qui prévoit une hausse de la dette publique gabonaise à hauteur 42% sur les prochaines années alors qu’elle n’était que de 35% en 2015.
Stratégie prudente
Il y a quelques mois, dans une étude intitulé, «Dette publique du Gabon : Etats des lieux, évolutions et perspectives», l’économiste Mays Mouissi a déjà estimé que «la progression de la dette publique, le recul des ressources budgétaires et le prolongement de la baisse des cours du pétrole, devraient conduire l’Etat gabonais à assurer une plus grande maitrise de l’endettement ». Selon l’étude, depuis 2009, l’encours de la dette publique gabonaise a été multiplié par 2,5 alors que « la dette devrait continuer de croitre compte-tenu des impacts défavorables de la baisse des prix du pétrole sur les ressources budgétaires». Selon les calculs de l’auteur et sur la base des données officielles, le service de la dette absorbe environ plus de 23% des ressources propres de l’Etat gabonais avec une charge moyenne de 435 milliards francs CFA chaque année depuis 2009 même si son montant est resté relativement stable depuis cette période, passant ainsi de 421 milliards à 468 milliards francs CFA en 2016.
De ce fait, l’économiste Mays Mouissi a plaidé pour une plus grande prudence dans la stratégie d’endettements des autorités surtout au regard de la conjoncture économique actuelle qui affecte lourdement l’économie gabonaise.
Avec latribune