« Agoa 15 ans : pérennisation du partenariat pour le commerce et l’investissement entre les Etats-Unis et l’Afrique », tel est le thème de cette 14e édition du forum international de l’Agoa (African Growth and Opportunity Act) qui se tient à Libreville, au Gabon, dès ce lundi 24 août jusqu’au 27 août. L’Agoa est une loi américaine votée, en mai 2000, par le Congrès américain, sous l’égide du président Bill Clinton. Elle permet aux pays de l’Afrique subsaharienne d’exporter plus de 5 000 produits aux Etats-Unis sans frais de douane.
Ce programme vise ainsi à promouvoir le commerce et les investissements entre les Etats-Unis et l’Afrique subsaharienne, à encourager le développement économique et les reformes en Afrique, favoriser un accès et des possibilités accrues pour les investisseurs et les entreprises en Afrique subsaharienne et supprimer les contingentements au textile et aux vêtements en provenance d’Afrique subsaharienne.
Il vise également à encourager la diversification de l’économie dans les pays les plus pauvres d’Afrique ainsi que le recours à l’assistance technique pour consolider les reformes et le développent économique sur le continent. Cependant, pour nombre d’observateurs, l’instauration de l’Agoa avec l’Afrique arrive tardivement.
Pour nombre d’analystes, les États-Unis cherchent – avec l’Agoa – à rattraper au plus vite ceux qui exploitent déjà le potentiel économique de l’Afrique.
Alors que la Chine s’est profondément ancrée sur le continent, que l’Europe essaye d’y protéger ses intérêts et que l’Inde ainsi que le Japon y réalisent d’importantes incursions, les États-Unis étaient en marge d’un continent destiné à devenir l’un des leaders de la croissance économique mondiale dans les années à venir. Désormais, le changement de stratégie est de mise. Les États-Unis incitent eux aussi leurs entreprises, notamment les multimilliardaires, à investir sur le continent.
Néanmoins, l’Agoa n’a pas encore profondément transformé l’économie du continent africain, un continent à la recherche d’impacts immédiats sur les créations d’emplois et l’éradication de la pauvreté ainsi que sur des marchés pour ses produits. Il faudra notamment plusieurs années pour que les avantages de ces accords puissent être ressentis.
D’ailleurs, si la plupart des dirigeants africains soutiennent que l’Agoa est la meilleure option pour accroître les échanges commerciaux entre le continent et les États-Unis, ils n’apprécient pas les incertitudes du traité et ses limitations. Pour eux, en effet, si le traité avait été prorogé d’au moins quinze ans (au lieu de dix), les investisseurs ne seraient plus réticents à investir sur le continent parce qu’ils auraient tout le temps de récupérer leurs investissements.
Quinze ans après, l’accord a-t-il atteint ses objectifs ?
Qualifiée de pierre angulaire de la politique commerciale des États-Unis en Afrique, l’Agoa a certes dynamisé les exportations non pétrolières du continent, mais son impact et ses bénéfices sont encore minimes. Pire que cela, seule une poignée de pays dominent les échanges, à savoir le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud. A eux seuls, ces trois pays concentrent la quasi-totalité des exportations africaines vers les États-Unis et vice-versa.
Pour la Commission de l’Union africaine, « l’utilisation des avantages nés de l’Agoa n’a pas été optimisée », ce que reconnaît d’ailleurs le représentant américain au Commerce. Et puis, beaucoup jugent que l’Agoa nécessite de plus larges modifications afin que le marché américain s’ouvre davantage aux exportations de produits non pétroliers et non vestimentaires.
Il faut dire que l’instauration de cet accord, outre le pétrole, les textiles et les produits manufacturés, très peu d’autres secteurs ont tiré profit du traité. Or, s’il est un secteur qui a désespérément besoin d’accéder à de nouveaux marchés, c’est bien le secteur de l’alimentation et de l’agriculture, mais accéder au marché américain dans le cadre de l’Agoa est extrêmement difficile.
Outre la question des normes sanitaires, les États-Unis sont déterminés à protéger leurs fermiers par des subventions. Pour l’Union africaine, les États-Unis peuvent aider le secteur agricole africain en autorisant l’accès en franchise de droits aux produits actuellement exclus de l’Agoa, tels que le sucre, le tabac et le coton.
Avec RFI