D’une courte avance seulement, la jeunesse remporte le scrutin face à l’expérience. Alain Bâ Oumar, 54 ans, a devancé au second tour, son rival, Jean Bernard Boumah (67 ans) qui assurait l’intérim de Madeleine Berre lorsqu’elle a été appelée au poste de ministre du commerce.
Scrutin serré
Après avoir été devancé au premier tour, Alain Bâ Oumar a effectué une remontée parmi les patrons gabonais qui constituent le corps électoral de la CPG. Le challenger a remporté le scrutin en raflant 29 voix contre 28 pour le président intérimaire.
Une avance d’une petite voix décisive qui le propulse pour les trois prochaines années, à la tête de la puissante confédération patronale qui regroupe les entreprises qui participent à hauteur du 80% du Produit intérieur brut (PIB) de cette république d’Afrique centrale.
Pourtant les chantiers sont immenses pour ce cinquantenaire proche d’Ali Bongo Ondimba, le président gabonais. Après une trentaine d’années dans l’entrepreneuriat, Alain Bâ Oumar, prend les rênes d’Internet Gabon (IG)Telecom, une société chargée au Gabon, au Congo et à Sao-Tomé-Et-Principe, de la réception satellitaire de chaînes de télévisions et stations radios, de fourniture d’internet et de services VoIP.
En 2014, Alain Bâ Oumar contribue à mettre sur pied le syndicat sectoriel des télécommunications par satellite. Ce syndicat tente depuis 3 ans d’échapper aux contraintes du gouvernement gabonais qui obligeait 4 sociétés télécoms pesant 300 milliards de francs CFA de chiffre d’affaires par an, à financer via une taxe, l’assurance-maladie des Gabonais économiquement faibles (Gef).
AMO, modernisation, dette intérieure… du pain sur la planche!
Ce sera le premier défi d’Alain Bâ Oumar puisque le gouvernement veut étendre l’assiette des cotisations destinées à financer le régime obligatoire de l’assurance maladie en la faisant supporter à toutes les entreprises qui seront taxées sur leur chiffre d’affaires. Une décision qui a fait sursauter les partons (qui prêchent la stabilité fiscale) et qui devrait porter un coup à l’unité au sein du patronat gabonais.
Autre défi de taille, transformer l’image de la CPG au niveau des PME gabonaises qui se sentent sans défense face à la toute-puissance écrasante des grands patrons. Il faudra au nouveau président beaucoup de patience et de qualité de diplomates pour rassurer les uns et les autres pour établir un environnement des affaires où les grandes, les moyennes, petites et très petites entreprises se côtoient sans se « manger ».
Sur la table d’Alain Bâ Oumar également, la participation des entreprises gabonaises à l’élaboration des grands chantiers de l’Etat via une participation au Haut conseil des investissements (HCI). Il s’agit ici d’anticiper sur le fait que les entreprises n’ont pas forcément envie de subir le calendrier économique du gouvernement.
Au centre du mandat du nouveau « patron des patrons », Alain Bâ Oumar souhaite une CPG à la gestion plus moderne, mieux soudée qui abordera avec délicatesse l’épineuse question de la gestion de la dette intérieure.
« L’enjeu est capital car, c’est le chef de l’Etat lui-même qui demande à discuter avec les entrepreneurs c’est une opportunité pour nous de lui porter notre message, de plaindre d’un certain nombre de chose (…) mais aussi et surtout, de lui suggérer des solutions à nos problèmes », répond Alain Bâ Oumar cité par la presse locale.
Du pain sur la planche et presqu’aucun répit pour le nouveau patron des patrons avec la réunion de son bureau prévue le 7 mars prochain.
Avec latribune afrique