Dans un communiqué de la Commission Internationale Afrique du parti La France Insoumise, parvenue à la rédaction de Gabon Media Time, cette formation politique français d’opposition interpelle le gouvernement de son pays sur toute « toute tentative de contrecarrer les aspirations démocratiques du peuple gabonais ! ». Pour la France Insoumise « Ali Bongo ne retrouvera jamais son palais du bord de mer à Libreville ». Nous publions in extenso ledit communiqué après vérification auprès des signataires.
« Communiqué de la Commission Internationale Afrique, le 19 nov. 18
Gabon : La France Insoumise met en garde le gouvernement français contre toute tentative de contrecarrer les aspirations démocratiques du peuple gabonais !
Victime d’un AVC à Riyad le 24 octobre 2018, le Président Ali BONGO n’est plus apparu, toujours hospitalisé en Arabie Saoudite dans un état jugé irréversible malgré les dénégations du gouvernement gabonais.
Ali BONGO ne retrouvera jamais son palais du bord de mer à Libreville.
Après le fiasco des élections législatives largement boycottées par les gabonais après une énième réécriture de la constitution et un découpage taillé sur mesure pour le pouvoir en place, l’assemblée nationale est dans l’incapacité de prêter serment, signe de la faible santé des institutions gabonaises. Lors des élections présidentielles, 21 résultats de bureaux de vote avaient déjà été annulés.
Dans ce contexte, les autoproclamés « émergents » jouent la montre et tentent de sauver ce qui reste d’un système féodal installé par la France en 1967 après l’agonie artificielle du Président Léon Mba. Avec déjà, à l’époque, une réécriture sur mesure de la constitution.
A la manœuvre, la sulfureuse présidente de la cour constitutionnelle du Gabon, Marie-Madeleine MBORANTSUO, ex belle-mère d’Ali BONGO. A la tête de l’institution depuis 1991, et alors que son mandat a expiré légalement en 2005, elle fût l’instigatrice des coups d’Etat électoraux de 2009 et 2016 de par son interprétation ‘personnelle ‘ de la constitution gabonaise face à la contestation des scrutins. Son dernier coup de force est l’ajout en violation de l’article 16 de la constitution d’un alinéa permettant au Vice- Président Gabonais, M. Pierre Claver MAGANGA MOUSSAVOU de tenir un conseil des ministres le 16 novembre, arguant d’une incapacité temporaire d’Ali BONGO. Cette initiative a fait l’objet d’une mise en garde de l’Union Africaine qui a exhorté à un strict respect de la constitution. En effet, la loi gabonaise prévoit qu’en cas de vacance longue ou définitive de la présidence, ce qui est le cas, l’intérim est assuré par la Présidente du Sénat. Dans la situation actuelle il reviendrait donc, selon les textes en vigueur, à Mme Lucie Milebou-Aubusson d’assurer cet intérim.
Le Gabon est donc dans une impasse institutionnelle tant les textes ont été interprétés, remaniés ou amendés aux grés des besoins du clan BONGO pour se maintenir au pouvoir. Las, les gabonais se désintéressent des scrutins, comme en atteste la faible participation aux dernières législatives tant les résultats étaient connus d’avance. Malgré un prétendu succès électoral, le PDG, parti présidentiel, est en proie à une guerre clanique tout comme l’est l’entourage direct du président. Un projet de révolution de palais en chasse un autre, pendant que le peuple gabonais souffre des conséquences d’une captation systématique de ses ressources et d’une économie exsangue.
Pour autant, le pays n’est pas dans une impasse politique. En 2016, les partis d’opposition ont su se fédérer et porter une candidature unique qui a vu le Président Jean Ping remporter les élections haut la main avec près de 60% des voix sur l’ensemble des provinces, nonobstant les résultats à la soviétique dans le fief présidentiel qui ont fait balancer la victoire du côté Bongo avec un coup de pouce plus qu’appuyé de la cour constitutionnelle.
Monsieur Ping continue légitimement de revendiquer cette victoire, véritable lueur d’espoir pour les gabonais d’en finir avec cinquante ans de dynastie Bongo. Dans les diasporas la mobilisation ne faiblit pas pour tourner la page et au Gabon les salariés s’organisent autour de la centrale syndicale Dynamique Unitaire et de ses alliées pour s’opposer aux mesures d’austérité drastiques faisant des travailleurs les boucs émissaires de la gabegie orchestrée par le gouvernement.
Le 3 novembre 2018, le Président PING a fait une déclaration appelant les gabonais Gabonaises et aux Gabonais de tous bords, majorité et oppositions, société civile, croyants et athées à se rassembler et à « transcender leurs clivages, placer la Nation au-dessus de nos intérêts particuliers, ethniques et claniques ».
La France Insoumise salue cette déclaration, seule offre politique crédible pour dessiner une sortie de crise pérenne et pacifique de la gouvernance et des institutions gabonaises. Si l’intérim doit se faire sur une base légale et la Présidente du Sénat doit combler la vacance de pouvoir consécutive à l’état de santé définitif de M.BONGO, il appartient au peuple gabonais de définir les prochains contours constitutionnels qui leur permettront une véritable transition démocratique.
La France Insoumise encourage toutes les parties prenantes de la classe politique, de la société civile et de la diaspora à répondre favorablement à l’appel de Monsieur PING, l’unité étant la condition impérieuse à une transition démocratique au Gabon, face aux appétits personnels, voir transnationaux.
La France Insoumise met en garde le gouvernement français contre toute initiative visant à entraver le cours de l’histoire et la volonté du peuple gabonais à prendre son destin en main, seule garantie des ‘intérêts’ de la France. »
Avec gabonmediatime.com