Françoise Remarck : Ministre de la Culture et de la Francophonie
C’est une main de fer dans un gant d’élégance. Lorsqu’elle prend la tête du ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire le 20 avril 2022, Françoise Remarck ne vient pas d’un cénacle politique classique. Elle débarque du monde des affaires, forte de trois décennies d’expérience à la tête de mastodontes de la communication et des médias. Et c’est justement cette différence qui fait sa force : elle est l’irruption du privé dans l’univers feutré de l’action publique, avec un mot d’ordre qui la suit comme une signature : efficacité.
Cinquième femme à occuper ce poste depuis 1971, elle incarne un tournant dans l’approche de la culture en Côte d’Ivoire. Moins de folklore, plus de stratégie. Moins de protocole, plus d’innovation. Et surtout, une volonté assumée de faire de la culture un levier économique puissant, à l’image des industries créatives qui, partout ailleurs, bouleversent les règles du jeu.
Derrière cette ministre respectée, un parcours impressionnant. Diplômée ingénieure de l’ESCA en 1986, complété par un Executive MBA à HEC Paris en 2004, Françoise Remarck ne s’est jamais contentée de suivre les sentiers balisés. Elle les trace. Elle les redéfinit. Dès 1986, elle entame sa carrière chez Ernst & Young à Paris avant de poser les fondations de ce qui deviendra l’un des fleurons audiovisuels du pays : CANAL+ Côte d’Ivoire.
Dans les arcanes de Canal+, elle gravit tous les échelons : directrice financière, directrice générale adjointe, directrice générale, présidente-directrice générale… puis directrice de la communication à l’échelle continentale. Elle devient, dans les faits, l’une des voix les plus influentes de l’univers médiatique africain, contribuant à redessiner le paysage audiovisuel du continent. En 2015, elle rejoint la CFAO pour y piloter les relations institutionnelles, tout en poursuivant un engagement passionné dans la valorisation de la jeunesse et du leadership féminin.
C’est cette passion qui la pousse à co-fonder Africa Kiriwa Fund, un incubateur dédié aux industries culturelles et créatives, et à s’investir dans Women in Business Côte d’Ivoire, où elle préside les activités de mentorat. Engagée, elle l’est profondément — dans les salles de conseil d’administration comme sur le terrain, auprès des jeunes filles déscolarisées ou des porteurs de projets oubliés.
Loin de se limiter à son rôle ministériel, Françoise Remarck est une figure transversale : vice-présidente de la CGECI, administratrice de la BICICI, de A+ Ivoire, présidente du conseil d’administration de Canal+ CI, membre du club HEC Executive, du comité d’investissement de Comoé Capital… La liste de ses engagements est aussi longue que révélatrice : elle construit des ponts, tisse des réseaux, soutient l’ambition.
Distinguée à de multiples reprises — Commandeur de l’Ordre national, Prix spécial du meilleur manager de la diaspora, Prix Émeraude pour les femmes du secteur privé, ou encore nommée parmi les 100 personnalités les plus influentes de Côte d’Ivoire — elle reste d’une discrétion rare, préférant le résultat au vacarme.
Mère de trois enfants, stratège avertie, bâtisseuse infatigable, Françoise Remarck s’inscrit dans cette génération de femmes africaines qui ne se contentent plus de faire bouger les lignes : elles les redessinent. Et si la culture ivoirienne cherche aujourd’hui un nouveau souffle dans un monde globalisé, elle a peut-être trouvé, en elle, une architecte déterminée à lui donner les fondations de sa renaissance.