Une avance considérable pour la présidente du FN dans la région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, des triangulaires partout, la gauche en mesure de préserver trois régions, la droite placée pour rétablir une dominante bleue sur la carte : tels sont les enseignements du sondage BVA pour la presse régionale dans les 12 régions de l’Hexagone. La campagne peut bien entendu bousculer ces tendances d’ici les 6 et 13 décembre, dates du scrutin : 30% des électeurs interrogés déclarent en effet ne pas avoir arrêté leur choix.
C’est un coup de tonnerre et le chiffre choc du sondage exclusif de l’institut BVA pour la presse régionale. Marine Le Pen avance sur un boulevard dans le Nord-Pas-de-Calais avec 46% des intentions de vote dans un second tour à trois avec les listes de la droite (29%) et d’une gauche (25%) qui se serait réunie. Dès le premier tour, avec un score de 42%, la patronne du parti d’extrême-droite qui a boycotté jeudi soir l’émission « Des paroles et des actes » sur France 2 devance de 17 points la liste LR-UDI-Modem conduite par l’ancien ministre Xavier Bertrand. La liste de Pierre Saintignon (PS) serait reléguée à 15 . Malgré le renfort des listes du PCF et des écologistes, elle ne parviendrait qu’à 25% le 13 décembre. Bien entendu, les précautions d’usage s’imposent avec un sondage qui reste une photographie de l’opinion à l’instant T. Mais au fil des enquêtes d’opinion, l’écart se creuse en faveur de Marine Le Pen.
Le Front national peut aussi nourrir des espoirs au sud dans son bastion de Paca. La liste conduite par la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen (37%) est au coude à coude avec celle du député-maire LC de Nice Christian Estrosi (36%). La marge d’erreur étant de 2,5% rien n’est cependant joué même si la gauche semble plus nettement distancée (27%).
Comme dans ces deux régions, les deuxièmes tours se disputeraient en triangulaire dans douze régions sur douze. Douze, c’était aussi le nombre de triangulaires en 2010 mais sur 21 régions !
La gauche en mesure de résister dans trois régions ?
Du coup, l’alliance de la droite et du centre n’est pas assurée d’un raz-de-marée bleu sur les régions. La gauche semble en mesure de résister dans trois bastions : les deux régions du nouvelles sud-ouest (Midi-Pyrénées-Languedoc-Roussillon et Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes) et la Bretagne où la candidature de Jean-Yves Le Drian rassemblerait au-delà de son camp au deuxième tour (46%). Le Centre-CVal-de Loire, les pays de Loire et le Grand Est semblent promis à l’alliance entre l’UDI et le parti Les Républicains.
Les matches les plus indécis se dérouleront à Paris où Valérie Pécresse (LR-UDI) et Claude Bartolone (PS) sont séparés par deux points (41% contre 39%), en Rhône-Alpes, Normandie et Franche-Comté où les anciens ministres de Nicolas Sarkozy, Laurent Wauquiez (LR), Hervé Morin et François Sauvadet (UDI) sont crédités d’une avance de deux à trois points sur les présidents sortants socialistes. Leur résistance s’explique en partie par la particularité du vote : 53% des électeurs voteront en fonction d’un enjeu régional et 27% seulement pour sanctionner le Président de la République. Tout dépendra donc du niveau des scores du Front national placé en véritable arbitre, de la capacité de la gauche à réunir des listes et un électorat dispersés au premier tour et de la force de conviction des uns et des autres pour mobiliser les abstentionnistes potentiels et les indécis. Car 30% des électeurs avouent aux enquêteurs de BVA qu’ils n’ont pas encore déterminé leur choix. Ils ne savent pas s’ils iront voter, encore moins pour qui.
Ce sondage livre donc une tendance générale à six semaines du vote. Mais demeurent la glorieuse incertitude de l’élection et l’habitude de l’électeur à surprendre tout le monde qui font le charme de la politique.
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Mention légale obligatoire :
Enquête réalisée par l’Institut de sondage BVA du 6 au 15 octobre 2015 par Internet. Echantillons régionaux de personnes inscrites sur les listes électorales, issus d’un échantillon de 12 408 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus pour chaque région. A noter que les électeurs de Corse n’ont pas été sondés, le mode de scrutin n’étant pas le même.
> Les autres éléments de l’enquête à retenir
Près de 6 Français sur 10 se déclarent intéressés par les élections régionales (56%) qui auront lieu en décembre, un intérêt que l’on retrouve plus particulièrement en IDF (59%), en PACA (59%) et en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées (62%)
43% des Français se déclarent satisfaits de l’action de leur Conseil régional depuis 2010 : les plus satisfaits sont les Alsaciens (54%), les habitants des Pays de la Loire (51%) et de Midi-Pyrénées (51%) alors que c’est en Picardie (35%), en Champagne-Ardenne (35%), en Ile-de-France (36%) et en Lorraine (36%) qu’on trouve les moins satisfaits.
L’amélioration du cadre de vie (48%) et le développement économique (44%) sont les deux prérogatives des conseils régionaux que les Français souhaitent voir figurer au cœur de la campagne devant le financement et la mise en œuvre de la formation professionnelle et de l’apprentissage (28%), le développement des infrastructures de transports ferroviaires (24%) et la construction et la rénovation des lycées (8%).
53% des Français voteront en fonction d’enjeux régionaux en priorité. Les Français déclarent aussi que leurs votes seront déterminés par le bilan de leur Conseil régional (37%) tout autant que par la situation économique et sociale de la France (38%) et plus que par la politique menée par le gouvernement (14%).
Comment fonctionne le scrutin régional
Dates
Le premier tour des élections régionales aura lieu dimanche 6 décembre. Le second tour aura lieu dimanche 13 décembre.
Mode de scrutin
Le vote a lieu au scrutin proportionnel à deux tours avec une prime majoritaire de 25 % à la liste arrivée en tête au 2e tour (ou à celle qui dépasse 50 % dès le 1er tour), ce qui assure, quoi qu’il arrive, une majorité stable. Les autres sièges sont répartis entre les listes ayant obtenu plus de 5 %.
Qui peut aller au 2e tour ?
Toutes les listes ayant obtenu au moins 10 % des suffrages exprimés au 1er tour peuvent se présenter au 2e tour, telles quelles ou en fusionnant avec une autre liste qualifiée. Seules les listes ayant réalisé plus de 5 % au 1er tour ont le droit de fusionner. Entre 5 et 10 % une liste ne peut pas se présenter telle quelle au 2e tour.
Répartition des sièges
Le nombre d’élus est déterminé par le score régional : il faut donc réaliser au moins 5 % des voix. La répartition interne des élus dans les listes est quant à elle déterminée par les scores dans les sections départementales.
avec leprogres