Cette Française d’origine marocaine devient ministre du Travail. Presque inconnue au bataillon mais loin d’être inexpérimentée…
Sa nomination est une nouvelle réjouissante pour la France plurielle. La mission dont elle hérite l’est moins. Tout juste nommée ministre du Travail, Myriam El Khomri, 37 ans, aura la lourde tâche d’inverser la courbe du chômage.
« Tous les mois, il y a un rituel, un grand moment de solitude : la publication des chiffres de Pôle emploi », lui a glissé sur un ton presque défaitiste son prédécesseur, François Rebsamen, lors de la passation des pouvoirs. Mais au lendemain de sa nomination, Myriam El Khomri a assuré sur les ondes de RTL que le ministère du Travail ne se résumera pas à ces statistiques et se penchera sur des réformes sociales.
Dans les quartiers, elle a laissé le souvenir d’une femme cherchant à apaiser les conflits.
Une légitimité acquise sur le terrain
Si elle n’est pas encore un poids lourd de la politique, elle a bâti sa légitimité sur le terrain. Jusque-là secrétaire d’État à la politique de la ville, elle a sillonné la France pendant douze mois pour « diminuer les fractures béantes des ghettos », cet « apartheid » évoqué par le Premier ministre Manuel Valls en janvier. Dans les quartiers, elle a laissé le souvenir d’une femme cherchant à apaiser les conflits.
Ses origines marocaines l’ont sans doute aidée à dialoguer avec les jeunes. Mais, redoutant les amalgames racistes, elle préfère parler de son expertise en matière d’intégration, acquise depuis son arrivée dans le 18e arrondissement de Paris en 2001 puis à la mairie de la capitale en 2008. « Je trouve bizarre qu’on soit obligé de montrer qu’on est plus français que d’autres à partir du moment où l’on n’est pas de couleur blanche », a-t-elle confié à la chaîne Canal+.
Née à Rabat d’un père marocain et d’une mère bretonne, elle a grandi à Tanger puis près de Bordeaux. Très tôt, elle se passionne pour le karaté et le théâtre, qui l’aideront à se forger une carapace. Sa trajectoire est ensuite presque la même que celle de la ministre de l’Éducation nationale. Najat Vallaud-Belkacem et Myriam El Khomri sont toutes deux d’origine modeste, diplômées en droit, adhérentes au Parti socialiste depuis 2002, et ont eu des mentors de choix : Ségolène Royal pour la première et Anne Hidalgo pour la seconde.
Par Jeune Afrique