Le chef d’Etat ivoirien sera reçu en audience le 11 juin prochain par son homologue français. L’occasion pour Alassane Ouattara, un des premiers chefs d’Etat du continent à s’entretenir avec le nouveau président français, de faire l’état des lieux des relations franco-ivoiriennes ainsi que les perspectives de la coopération entre les deux pays. La France est un des plus importants partenaires économiques de la Côte d’Ivoire grâce notamment aux relations singulières entre Ouattara et les deux précédents chefs d’Etat français et si Macron n’entend point chambarder les grandes orientations de la politique française africaine, le président ivoirien a tout intérêt à maintenir la dynamique dans un contexte marqué par des difficultés budgétaires auxquelles se conjuguent l’explosion des tensions sociales.
C’est parti pour la valse des chefs d’Etat africains à Paris comme c’est le cas à chaque fois qu’un nouveau locataire prend ses quartiers à l’Elysée. Et l’un des premiers à inaugurer la série, c’est le chef d’Etat ivoirien, d’après l’information confirmée par les services de la présidence française. Alassane Dramane Ouattara sera reçu en audience par son homologue français Emmanuel Macron, le dimanche 11 juin prochain juste après que ce dernier ait finit d’accomplir son devoir citoyen au Touquet-Pas-de Calais où il votera pour le première tour des législatives.
A vrai dire, le nouveau président français s’est déjà entretenu avec quelques présidents africains notamment le nigérien Mahamadou Issoufou, en marge du dernier sommet du G7, et quelques jours auparavant avec le malien Ibrahim Boubacar Keita à l’occasion de la visite qu’il a conduit, à Gao auprès des forces de l’opération Barkhane. Il s’agissait pour l’essentiel des discussions ayant porté sur des sujets larges et transversaux, c’est-à-dire la lutte contre les migrations clandestines ainsi que la lutte contre le terrorisme et les trafics illicites au Sahel.
Cette fois avec le président ivoirien, il s’agira de toute évidence d’une rencontre bilatérale ce qui va permettre au nouveau président d’entrer véritablement dans le vif du sujet en matière de politique africaine.
Partenariat stratégique
La rencontre entre Ouattara et Macron sera donc l’occasion pour le nouveau locataire de l’Elysée de marquer son empreinte par rapport à la touche qu’il entend insuffler aux relations bilatérales de la France avec ses partenaires africains.
La France est un partenaire stratégique pour la Côte d’Ivoire, une relation bilatérale qui a connu un coup d’accélérateur au lendemain de la crise post-électorale de 2010. Avec Nicolas Sarkozy puis François Hollande, le président Ouattara a eu des relations assez singulières comme en témoignent ses visites répétées en France, à titre privé pour des soins médicaux mais également à titre officiel. Le chef d’Etat ivoirien était d’ailleurs l’un des derniers présidents du continent à être reçu à l’Elysée à quelques jours du départ de l’ancien président Hollande pour des échanges d’adieux.
C’est visiblement cette dynamique qu’entend entretenir Ouattara car même si dans l’ensemble, Macron ne compte pas chambouler les grandes orientations de la politique africaine de la France, la Côte d’Ivoire compte beaucoup sur l’un de ses premiers partenaires économiques pour faire face aux nombreux défis socio-économiques qui se sont amplifiés dès l’entame du second et dernier mandat d’Alassane Ouattara. Avec une conjoncture budgétaire des plus défavorables, les autorités ivoiriennes tentent tant bien que mal de satisfaire la série de revendications de militaires, d’anciens démobilisés mais aussi des autres partenaires sociaux tout en poursuivant la mise en œuvre du programme présidentiel pour l’émergence économique.
Dynamique économique
L’entretien entre les deux chefs d’Etat intervient d’ailleurs en pleine tournée internationale du gouvernement ivoirien pour mobiliser les investisseurs, en prélude à la sortie sur les marchés internationaux que compte faire le pays d’ici quelques semaines, afin de lever au moins 1 milliard d’euros.
Les sujets entre les deux chefs d’Etats ne manquent pas au vu de la teneur de leur coopération économique, mais aussi les échanges commerciaux entre la France et la Côte d’Ivoire. Dans le même temps, ils passeront également en revue d’autres aspects non moin importants de cette relation avec la présence d’une base militaire dans le pays, la suite à donner au Contrat de désendettement et de développement (C2D) ainsi que les perspectives économiques du pays mais aussi de la sous-région ou de la zone franc dont la Côte d’Ivoire est l’un des plus importants membres.
Dans le sillage de l’ambition annoncée par Emmanuel Macron d’accroitre les engagements de la France en matière d’Aide public au développement (APD), la Côte d’Ivoire entend attirer de nouveaux flux pour financer notamment ses projets d’infrastructures d’autant plus que les entreprises françaises sont déjà très actives dans le pays qui en accueille près de 700 dont près de 200 filiales de groupes hexagonaux. La France est un des premiers fournisseurs d’IDE en Côte d’Ivoire même si ces dernières années, elle a brièvement perdu cette place au profit du Maroc. Selon les chiffres du Service économique régional relevant de la diplomatie et du ministère de l’Economie français, ces entreprises emploient près de 35 000 personnes et contribuent pour la moitié aux recettes fiscales de l’Etat ivoirien avec un chiffre d’affaires cumulé qui représente environ 30 % du PIB du pays.
En 2016, les échanges commerciaux entre la France et la Côte d’Ivoire sont restés globalement stables par rapport à 2015 même si pour la première fois depuis 2011, les exportations françaises vers la Côte d’Ivoire ont baissé en rythme annuel (-3% à 1073 M€), alors que les importations françaises depuis la Côte d’Ivoire ont poursuivi leur croissance, à un rythme certes très modéré (+2% à 787 M€, contre 22% en 2015). Selon les mêmes sources, en Afrique sub-saharienne, la Côte d’Ivoire demeure le troisième marché français après l’Afrique du Sud et le Nigéria.
Avec latribuneafrique