À partir de ce vendredi, Cannes accueille, pour la deuxième année consécutive, un Salon international de l’émigration et de la propriété de luxe (IELP), destiné aux grosses fortunes désireuses d’obtenir une nouvelle nationalité par l’investissement ou de mettre leur patrimoine à l’abri. Une manifestation, accessible sur invitation moyennant 1 000 dollars, qui suscite nombre de critiques.
Le Parti communiste local dénonce la tenue d’un congrès où « l’on vend des visas dorés ». Et le maire de Cannes lui-même invite les organisateurs à « émigrer vers une autre destination »… Le deuxième Salon international de l’émigration et de la propriété de luxe (IELP), qui se tient à Cannes à partir de ce vendredi 9 novembre, provoque quelques remous sur la Croisette.
Destiné aux grosses fortunes désireuses d’obtenir une nouvelle nationalité par l’investissement ou de mettre leur patrimoine à l’abri, il est ainsi surnommé par ses détracteurs le « Salon de l’évasion fiscale ».
500 visiteurs attendus
Accessible sur invitation moyennant 1 000 dollars, ce salon « vise uniquement un public ciblé, environ 60 entreprises de trente pays et 500 visiteurs », précise l’organisateur, qui a réservé au grand hôtel Martinez pour la manifestation et promet sur son site la présence de banques privées, consultants financiers, promoteurs d’immobilier de luxe et cabinets de juristes et d’immigration.
Les participants pourront s’instruire sur « la déclaration de revenus et de patrimoine dans l’Union européenne, aux États-Unis, au Canada, en Grande-Bretagne et d’autres pays développés », comment y enregistrer une société, y ouvrir un compte, ou se renseigner en matière d’« optimisation fiscale » selon le site.
L’augmentation du nombre de très grosses fortunes est convoitée par un nombre croissant de services et de programmes encourageant l’expatriation, rappelle l’organisateur, qui délocalise ensuite le salon à Kiev, Moscou, Bombay et Shenzen, avant une étape réservée à l’immobilier très haut de gamme à Monaco.
« Visas dorés »
Environ 90 pays proposent des passeports ou « visas dorés », dont plusieurs de l’Union européenne, comme le Portugal ou Malte, ou encore des juridictions comme les Bahamas ou les Émirats Arabes Unis, selon l’OCDE qui s’est inquiété en février que cela puisse servir à blanchir de l’argent ou frauder le fisc.
Pour Attac, « ce salon est particulièrement indécent, un an après le scandale des “Paradise Papers” ». « Ils proposent un pack pour échapper à la fiscalité et à la justice, sachant que le salon ne s’adresse pas qu’à des gens qui se sont enrichis en toute légalité », a critiqué Raphaël Pradeau, porte-parole d’Attac France.
« À Malte, ils ont d’un côté du mal à accueillir l’Aquarius (le navire de secours aux migrants) et de l’autre, ils mettent un droit d’entrée à un million d’euros », a-t-il dénoncé.
Avec ouest-france