Emmanuel Macron a confié à un diplomate chevronné, Philippe Étienne, et à l’un de ses proches, Aurélien Lechevallier, la direction de la cellule diplomatique de l’Élysée. Franck Paris et Ahlem Gharbi y sont plus spécialement chargés du continent. Portraits.
Est-ce le signe qu’il accordera encore plus d’importance que François Hollande à la politique étrangère ? Pour conduire sa diplomatie, Emmanuel Macron s’est entouré d’une équipe étoffée : un « senior » et quatre « juniors ».
À la tête de cette cellule élyséenne, Philippe Étienne, 61 ans, est un ancien ambassadeur à Bruxelles et à Berlin qui, a priori, est fort éloigné des réalités africaines. Mais ce n’est pas si simple. En mai 2007, quand Nicolas Sarkozy nomma l’ex-socialiste Bernard Kouchner aux Affaires étrangères, c’est Philippe Étienne qui devint son directeur de cabinet.
Retour au quai d’Orsay
Un diplomate se souvient : « Kouchner, tout le monde s’en méfiait à cause de son tropisme proaméricain et de son agitation tous azimuts. Pour faire contrepoids, Jean-David Levitte, le chef de la cellule diplomatique de l’Élysée, convainquit Sarkozy de le flanquer d’un gaulliste bon teint. Et c’est l’impavide Philippe Étienne qui fut chargé d’être le régulateur et, pour tout dire, le chien de garde du ministre. »
Philippe Étienne eut quand même le temps de jouer un petit rôle sur la scène africaine
Le tandem ne dura que deux ans à peine, de juin 2007 à avril 2009, mais Philippe Étienne eut quand même le temps de jouer, avec beaucoup de discrétion, un petit rôle sur la scène africaine. En septembre 2007, dix mois après la rupture des relations diplomatiques avec le Rwanda, c’est lui qui monta techniquement la mission secrète à Kigali du diplomate Jean de Gliniasty, prélude à une visite de Nicolas Sarkozy chez Paul Kagame.
En mars 2009, c’est encore lui qui, avec Gliniasty, prépara la visite et le discours du président Sarkozy à Kinshasa. Pendant ses deux années en tant que directeur de cabinet de Kouchner, Étienne a « tenu la boutique », commente l’un de ses collègues de l’époque. « Quand le “french doctor” entreprenait de refaire le monde, Étienne haussait les sourcils avec un petit sourire et continuait de travailler. »
COP21
Auprès de Philippe Étienne, Aurélien Lechevallier, 40 ans, apporte sa connaissance des grands dossiers transversaux. En 2015, avec Nicolas Hulot, c’est lui qui a piloté à l’Élysée la préparation de la COP21. Depuis son passage à la tête de l’Institut français de Beyrouth, de 2010 à 2013, il suit aussi de près les conflits au Moyen-Orient et a étendu au Maghreb son domaine de compétence.
Chef d’orchestre du volet international de la campagne présidentielle, il est l’homme de confiance par excellence
Lechevallier, c’est l’ami qui pose au côté d’Emmanuel Macron sur la photo de groupe des énarques de la promotion Senghor (2002-2004). Chef d’orchestre du volet international de la campagne présidentielle, il est l’homme de confiance par excellence.
D’une grande courtoisie, il supervise avec Philippe Étienne les trois autres « juniors » de l’équipe : Franck Paris, le « Monsieur Afrique » ; Marie Audouard, son adjointe ; et Ahlem Gharbi, la « Madame Afrique du Nord et Moyen-Orient ».
Franck Paris, « taulier » du président
Le 11 juin, lors de sa rencontre avec Alassane Ouattara à l’Élysée, le président était entouré, entre autres, de Philippe Étienne et de Franck Paris. Le lendemain, lors de son entrevue avec Macky Sall, il a fait asseoir à ses côtés Lechevallier et ce même Paris.
Tout laisse donc à penser que, sous la houlette du tandem Étienne-Lechevallier, Franck Paris sera le « taulier » d’Emmanuel Macron pour toutes les affaires subsahariennes. C’est lui qui recevra les hôtes de marque dans le grand « bureau Afrique » du 2, rue de l’Élysée et qui voyagera plus ou moins discrètement sur le continent afin de transmettre les messages du président.
Comme à l’époque de François Hollande, la cellule de l’Élysée devrait donc copiloter la politique africaine de la France avec le Quai d’Orsay
À ces rencontres des 11 et 12 juin était aussi présent le très professionnel Rémi Maréchaux, qui dirige le département Afrique du ministère des Affaires étrangères depuis près d’un an et apporte son expérience. Comme à l’époque de François Hollande, la cellule de l’Élysée devrait donc copiloter la politique africaine de la France avec le Quai d’Orsay et, demain peut-être, avec un secrétariat d’État au Développement.
À l’occasion du remaniement post-législatives, Emmanuel Macron serait dit-on tenté d’en créer un.
Avec jeuneafrique