La Conférence des Évêques Catholiques de Côte d’Ivoire va-t-elle enfin se calmer pour de bon sur la question de l’incompatibilité de la foi catholique avec la Doctrine Maçonnique ? La diffusion que nous faisons des Travaux de recherches de Monseigneur Franck William Schaffner vise cet objectif.
Pour la revue trimestrielle LES SECRETS DE LA LOGE CHRISTIANISME ET FRANC-MAÇONNERIE par S. Exc. Monseigneur Franck-William SCHAFFNER Docteur en Théologie – Archevêque de l’Ordre Religieux de Saint André – Primat de l’Église Catholique Gallicane de France.
PEUT-ON ETRE CATHOLIQUE ET FRANC-MAÇON ? DE LA SEPARATION A LA RECONCILIATION : FAITS, CHIFFRES ET REALITES.
PREAMBULE
Des différentes écoles initiatiques ou sociétés philosophiques que sont les francs-maçons, les templiers, les rose-croix, les martinistes, etc. …, les francs-maçons sont certainement parmi les ordres initiatiques, celui qui a attisé le plus les curiosités, suscité les fantasmes et fait couler beaucoup d’encre depuis qu’on lui attribue la paternité de la devise de la république française soit : liberté, égalité, fraternité.
Certes dans l’opinion publique, la fin de l’ancien régime monarchique basé sur la royauté et l’avènement de la révolution française du 14 juillet 1789, c’est l’œuvre de la franc -maçonnerie, d’où cette distanciation de la communauté des croyants (devenue défiance au 19° siècle) envers la franc-maçonnerie entretenue, il est vrai par un certain anticléricalisme affiché de l’obédience française maçonnique la plus connue, soit le Grand Orient de France, ainsi que les lettres encycliques des Papes du XX siècle, lesquelles ont “fustigé” ce qu’ils prenaient pour une concurrence et un détournement de leurs fidèles.
Depuis le Concile Vatican II et le règne pontifical de Sa Sainteté le Pape Jean XXIII, les rapports entre l’Église Catholique Apostolique et Romaine et la franc-maçonnerie ont évolué dans le bon sens, et cela me permet de répondre à l’interrogation de cet article. Peut-on être catholique et franc-maçon ? Je dis bien catholique car pour les protestants et surtout pour les anglicans la question ne se pose même pas et la plupart des dignitaires de ces Églises issues de la Réforme sont aussi les dignitaires de la franc-maçonnerie, ce que n’ignore pas à la fois l’Église Catholique Romaine et les Églises Orthodoxes, ainsi que le grand public.
Depuis le siècle des Lumières et surtout pendant la période du romantisme en Europe, il était d’usage d’opposer l’institution religieuse, que représente la Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine, à l’institution philosophique, que représente la franc-maçonnerie ; sans tenir compte des réalités à la fois spirituelles et historiques, qui ont forgé un destin commun à ces 2 leviers majeurs de la civilisation judéo-chrétienne.
QU’EN EST-IL DEPUIS LE CONCILE VATICAN II DE L’EGLISE CATHOLIQUE
Plus prosaïquement, depuis la fin du Concile Vatican II (1962 – 1966), la franc-maçonnerie est mieux connue des catholiques, et les diatribes des deux siècles précédents sont dépassées pour permettre l’élaboration d’un dialogue constructif et pérenne sur le destin croisé de croyants qui ont en commun une vision de la société et de l’avenir qui repose sur des racines communes.
En effet, on pourrait établir qu’historiquement la franc-maçonnerie est fille de l’Église. Il suffit pour cela de se référer aux Landmarks du Pasteur Anderson, le législateur de la franc-maçonnerie, dont l’autorité spirituelle est le socle fédérateur de la ritualité maçonnique pour s’en rendre compte. Alors pourquoi des commentateurs qui sont aussi des prescripteurs d’opinions, drapés dans leurs rigorismes stériles, continuent-ils à agiter le drapeau rouge entre les uns et les autres ? Sans doute, parce que “le maître de ce monde” ne peut régner que si la division perdure entre les uns et les autres ; “il diabolo” encore appelé le diable ou le diviseur est toujours à l’œuvre dans les consciences.
DIFFERENCES ENTRE FRANC-MACONNERIE ET EGLISES
Dans le symbolisme maçonnique, l’humanité doit passer du stade de la pierre brute à celui de la pierre taillée, et c’est pour cela que la société maçonnique pour y parvenir a instauré un ordre laïc et sociétal basé sur des idéaux spirituels à visée humanitaire. De semblable manière, le symbolisme chrétien, à travers notamment ces grands livres de pierres que sont ces majestueuses cathédrales et son magistère sacré, souhaite que l’humanité s’élève de l’ignorance vers la connaissance et a établi pour cela un ordre moral d’origine divine. Les deux visions du monde, celle de l’Église = ordre divin et moral et celle de la franc-maçonnerie = ordre laïc et sociétal ne sont ni antagonistes ni antinomiques, mais proviennent d’un même tronc commun, celui de la connaissance de la Tradition Révélée de la Vérité Primordiale.
Ces institutions, l’Église et la franc-maçonnerie, poursuivent le même but, soit le perfectionnement moral de l’humanité, mais utilisent des moyens différents pour y parvenir. C’est pourquoi certains commentateurs pensent que la franc-maçonnerie prône la destruction des structures traditionnelles héritées de l’histoire soit la nation et l’Église pour proposer le triomphe de l’individu sur la communauté pour l’avènement d’une société multiculturelle, où la hiérarchie des savoirs réglementée par l’initiation remplacera la hiérarchie des croyances et des castes de toutes sortes pour créer un homme nouveau.
Certes, c’est une façon de penser qu’on retrouve dans la littérature habituelle sur ce sujet, mais on doit pouvoir dépasser ces clivages factuels purement intellectuels pour revenir aux fondamentaux qui ont donné naissance à l’Église et à la Franc-Maçonnerie.
Pour accomplir ce travail il faut de part et d’autres se départir d’une certaine logique, qui à l’heure actuelle continue d’être le fil conducteur des discours officiels de ces deux institutions. J’en veux pour exemple en ce qui concerne la franc-maçonnerie en France, les déclarations d’intention de la célèbre obédience du Grand Orient de France (GOF) : dans des entretiens avec la presse, son grand maître a notamment déclaré « je souhaite que l’obédience maçonnique renoue avec sa mission d’origine, celle de faire avancer la société» ou « depuis cent ans, le “Dieu Créateur” des francs-maçons a changé maintes fois de visage, la franc-maçonnerie reconnaît elle-même que des loges dissidentes, “non reconnues”, ont nuit à leur notoriété ».
Prônant “le strict respect des lois républicaines démocratiquement adoptées”, il fustige l’injustice : « en effet, comment un juge franc-maçon peut-il en toute équité, donner un juste verdict sur son frère tourmenté. Déjà en Angleterre, l’obligation est faite au juge d’annoncer clairement son appartenance à une loge lors de sa nomination, et de se désister d’un dossier qui ferait pencher la balance du mauvais côté » ou encore « l’espoir des tribunaux, où la justice se doit d’être parfaitement équitable, s’accomplira, lorsque l’ordre et le droit seront respectés ». Tiré du magazine “la liberté d’expression” nŗ 1 février 2001.
L’INFLUENCE DE LA FRANC-MACONNERIE EST INDENIABLE
Il est un fait indéniable, c’est que la franc-maçonnerie est l’une des plus importantes organisations philosophiques à travers le monde avec des millions d’adhérents, et l’une des plus anciennes représentée par des obédiences qui regroupent des frères et des sœurs dans des loges, elles-mêmes sous la juridiction de grandes loges.
Peut-on dire qu’en trois siècles d’organisation philosophique, elle est devenue en quelque sorte un club privé constitué essentiellement de membres influents qui privilégient pour certains un favoritisme affiché en remplacement de l’entraide philosophique ? A vrai dire des disciples de la franc-maçonnerie occupent des postes clefs comme juges, commissaires de police, avocats et surtout hommes politiques et en voulant réformer les institutions auxquelles ils appartiennent, leurs prises de positions publiques sont le fruit de leurs convictions maçonniques. Mais comment réformer de façon idéale une société, quand déjà certains francs-maçons qui “dirigent” des institutions ne souhaitent pas en changer les principes, pour éviter qu’une quelconque réforme structurelle ne desserve toute la charpente maçonnique. De ce constat est née dans l’opinion publique une quasi-certitude, même si elle n’est pas toujours réelle, à savoir que les francs-maçons sont les “intouchables de la république”. Par un subtil système de relation, mais aussi de protection, et il faut bien le dire de passe-droit, le frère ou la sœur franc-maçon lorsqu’il est en situation délicate obtiendra une aide ou un jugement en sa faveur, du fait de son appartenance à une loge. C’est en tout cas ce que pense la majorité des non francs-maçons interrogés dans des enquêtes d’opinions et c’est ce constat d’opinion que la franc-maçonnerie voudrait transformer.
Mais il semble délicat voire impossible qu’il en soit autrement dès lors que lors de son initiation on dit nouveau récipiendaire “tu aideras ton frère franc-maçon comme lui-même le ferait à ta place”. Certes il s’agit d’une entraide fraternelle, mais dans l’état d’esprit du commun des mortels, cette entraide se traduit par des faits réels ou imaginés de passe-droits. Une journaliste à ce sujet exprimant l’opinion suivante : « un commerçant a quelques ennuis passagers pour payer son loyer à son bailleur de fonds qui est franc-maçon, lequel connaît le juge de commerce qui est également franc-maçon et qui convoque le commerçant. Quelle chance a le commerçant de ne pas se faire éjecter de son commerce si le bailleur de fonds, au nom de l’entraide maçonnique, demande au juge de lui rendre ce service ? ». Ce n’est qu’une opinion journalistique et non une affirmation, mais cela reflète un état d’esprit qui dénote une incompréhension de la franc-maçonnerie. Car sans exclure, que des situations semblables aient pu exister, je constate que la grande majorité des loges sont très loin de tels procédés et ont su garder leur honneur, en participant essentiellement à des aspirations purement humanistes à caractère culturel ou philanthropique. Mais comme dans toute institution qui détient une parcelle du pouvoir, il existera toujours des individus qui confondent compagnonnage et favoritisme en “abusant” des pouvoirs qui leur ont été conférés Dz ce n’est pas une raison pour condamner, sans autre forme qu’un simple procès d’intention, tout ce qui relève de la franc-maçonnerie ; laquelle contribue comme les Églises à l’élévation du niveau de conscience de l’humanité.
De semblable manière, ce n’est pas parce qu’un prêtre de l’Église s’est détourné de l’Évangile, en cédant à des impulsions qui amènent à des déviations du comportement comme cette horreur des actes d’agressions sexuelles sur des enfants Dz qu’il faut en déduire que tous les prêtres sont comme cela en rejetant l’Église; tout en se rappelant que ce comportement existe aussi dans la magistrature et dans l’éducation nationale. Alors ce que l’on reproche aux francs-maçons et ce que l’on reproche aussi à l’Église constitue des jugements basés sur les agissements de quelques individus qui entachent l’institution toute entière, ce qui sert de prétexte pour la dénigrer.
A l’heure actuelle, l’institution religieuse la plus importante de la planète, soit la Sainte Église Catholique Apostolique et Romaine avec un milliard de croyants, n’est plus radicalement opposée à la franc-maçonnerie et il n’y a qu’en France que des joutes oratoires à ce sujet alimentent encore les diatribes d’antan. Quant à l’Église Anglicane, ainsi que certaines autres Églises issues delà Réforme au Royaume Uni par exemple, elles entretiennent des liens privilégiés et de réelle fraternité avec la franc-maçonnerie. De même en Italie pays de la papauté, les intérêts communs des deux institutions sont bien connus et souvent rendus publics dans les colonnes des journaux dits à scandales.
FANTASMES SUR LE COMPLOT JUDEO-MACONNIQUE
Bien sûr, on ne peut pas nier la résurgence sporadique du fameux complot judéo-maçonnique, largement utilisé par les deux camps totalitaires que furent le bolchevisme et le nazisme pendant la deuxième guerre mondiale Dz et sur lequel se fondent encore aujourd’hui des auteurs ignorants mais se croyant bien intentionnés pour y rajouter leurs propres logorrhées personnelles, qui ne font qu’ajouter de l’ignorance au mercantilisme prévaricateur des serviteurs de l’ombre.
De même certains auteurs d’un cléricalisme strict qui au nom de l’intégrisme se sont érigés en justiciers de la vertu, se plaisent à dénoncer ce qu’ils appellent «la pieuvre maçonnique » en l’accusant de pervertir les esprits en profanant et en dénaturant le cœur même du christianisme. Ils citent pour exemple l’alliance en 1978 entre l’IOR institut pour les Oeuvres Religieuses) représenté par Mgr. Marcinkus et Michel Sindona représentant d’une banque liée à Cosa nostra et membre de la loge maçonnique P2, pour ensuite échafauder des théories invérifiables. Ils oublient de dire qu’en Italie les relations entre l’Église et la Franc-Maçonnerie sont désormais devenues presque harmonieuses et concourent à maintenir un certain ordre moral, mais ils oublient aussi de dire que les sectes malfaisantes sont un danger réel bien plus agissantes que les “affaires” qu’on reproche aux francs-maçons.
QU’EST-CE QUE LA FRANC-MACONNERIE ?
Depuis les constitutions du Pasteur Anderson, la franc-maçonnerie n’est plus un sujet tabou que connaissent parfaitement les historiens et les personnes concernées. Mais pour clarifier cette question essentielle que beaucoup de non initiés se posent à l’endroit de l’honorable société, je vais essayer d’apporter un éclairage religieux et objectif.
D’après le dictionnaire: « association en partie secrète répandue dans divers pays et dont les membres professent des principes de fraternité, se reconnaissent entre eux à des signes et à des emblèmes, et se divisent en groupes appelés loges. La franc-maçonnerie moderne est apparue en Grande Bretagne au XVII° s., en France au XVIII° s. ; tandis que la franc-maçonnerie anglo-saxonne restait déiste, la franc-maçonnerie française, dans son ensemble, fut gagnée, au milieu du XIX° s., par les idées républicaines et rationalistes».
C’est donc une société philosophique de tradition judéo-chrétienne, dont l’organisation permet de préserver la liberté de l’individu, en favorisant la solidarité du groupe dans la projection d’un destin commun de l’humanité. C’est aussi un ordre initiatique et traditionnel, axé sur la préservation du symbolisme et de l’édification d’un homme nouveau, donc ce n’est pas une religion au sens stricto sensu du terme, car la franc-maçonnerie ne prétend pas apporter aux hommes le salut ou la vie éternelle. Si l’on considère dans une approche sociologique la religion comme conceptualisation des rapports existants entre le visible et l’invisible, un créateur et des créatures donc un moyen d’expression qui permet à l’être humain d’appréhender le lien qui l’unit à l’univers; alors je pourrais dire que la franc-maçonnerie est perçue comme une religion, par ceux qui y trouvent leur compte dans leur recherche du sacré, de la révélation, d’un ordre moral et d’une fraternité agissante. De ce point de vue là, on pourrait notamment en Afrique où la franc-maçonnerie joue un rôle important la comparer à l’animisme qui est le tronc commun de toutes les religions africaines. D’ailleurs, pour la plupart des Africains que je connais et qui sont à la fois chrétiens et francs-maçons, la franc-maçonnerie se vit, elle ne s’explique pas à travers des discours de propagande ou de sociologie, car elle n’est ni une théorie philosophique, ni une religion dogmatique, ni une société secrète avec des serments qui vont à l’encontre de l’ordre moral.
En fait, c’est surtout en Europe et plus particulièrement en France que l’on oppose à tord et de façon primaire l’Église et la franc-maçonnerie. C’est pourquoi, j’ai le sentiment d’accomplir un devoir de compréhension salutaire en favorisant au minimum un dialogue entre chrétien et franc-maçon, et au-delà une meilleure compréhension pour converger vers un but commun DZ l’élévation de la conscience humaine dans le respect des lois cosmiques ou divines, par l’établissement d’une société où les préceptes évangéliques se confondent avec les idéaux maçonniques, car ils sont issus de la même source. N’oublions que c’est un Pasteur, donc un ecclésiastique protestant, c’est-à-dire un chrétien et un croyant, qui a établi les bases de la franc-maçonnerie moderne dite spéculative.
LES ORIGINES HISTORIQUES ET LEGITIMES DE L’HOSTILITE DE L’EGLISE CATHOLIQUE ENVERS LA FRANC-MACONNERIE FRANCAISE
Posons d’abord le décor des enchaînements qui ont conduit aux fatalités actées par histoire.
– Tout commence en 1628 où la France est très divisée entre catholiques et protestants, lesquels ont commencé à créer un état dans l’état, en faisant alliance avec l’Angleterre. Le Roi de France Louis XIII se rend compte du danger et se doit de défendre le Royaume des fleurs de lys contre la domination de ceux que l’on appelle alors les huguenots ou les hérétiques. Pour ce faire, il imite l’empereur Constantin le Grand en mettant son armée sous la protection divine et il promet si le Ciel lui donne la victoire de fonder une église sous le vocable de Notre Dame des Victoires. Le Ciel exauce la prière du Roi très chrétien qui tient promesse et il fait poser le 9 décembre 1629 la première pierre qui porte l’inscription suivante :
« Louis XIII, par la Grâce de Dieu, Roi très chrétien de France et de Navarre, vaincu nulle part, victorieux partout, au souvenir de tant de victoires qui lui sont venues du Ciel, spécialement de celle qui a terrassé l’hérésie, a érigé ce temple aux frères augustins déchaussés du couvent de Paris, en monument insigne de sa pitié, et l’a dédié à la Vierge Marie, Mère de Dieu, sous le titre de Notre Dame des Victoires, l’an du Seigneur 1629 de son règne le XX°». Cela déplut fortement aux francs-maçons huguenots qui jurèrent de se venger et c’est ainsi qu’une partie du puzzle se mit en marche.
– Puis le 10 février 1638, ce même Roi très chrétien fit publier l’Edit Royal consacrant le Royaume de France à la Très Sainte Vierge Marie en reconnaissance du pacte de Tolbiac qui fut signé dans la cathédrale de Reims dans la nuit de Noël de l’an 496 entre le Roi des Francs Clovis et l’archevêque Gallican de l’Église de France des Gaules qui portait un autre nom à l’époque Saint Rémi, lequel a laissé un testament qui explique l’union consacrée entre le Roi, son peuple et l’Église, faisant ainsi de ce qui deviendrait la France la fille aînée de l’Église.
VOICI LES TEXTES HISTORIQUES FONDATEURS
1) – Lettre de l’archevêque gallican Saint Rémi au Roi Clovis.
« Apprenez, mon fils, que le Royaume de France est prédestinée par Dieu, à la défense de l’Église Romaine qui est la seule véritable Église du CHRIST.
– Ce royaume sera un jour grand entre tous les royaumes !
– Et il embrassera toutes les limites de l’Empire Romain!
– Et il soumettra tous les peuples à son spectre !
– Et il durera jusqu’à la fin des temps!
– Et il sera victorieux et prospère tant qu’il sera fidèle à la foi romaine !
– Mais il sera rudement châtié toutes les fois qu’il sera infidèle à sa vocation !
– Vers la fin des temps, un descendant des Rois de France règnera sur tout l’antique Empire Romain.
– Il sera le plus grand des Rois de France et le dernier de sa race.
– Après un règne des plus glorieux, il ira à Jérusalem, sur le mont des Oliviers déposer sa couronne et son sceptre et c’est ainsi que finira le Saint Empire Romain et chrétien.»
Ensuite l’archevêque Saint Rémi a transmis au Roi le testament dit de Saint Rémi, qui est, en quelque sorte la feuille de route de la nation chrétienne qu’est devenue la France, ou pour les historiens le statut de la mission officielle du Royaume de France.
2) – Testament de l’archevêque Catholique Gallican Saint RémiSaint Rémi a laissé à la France un texte fondamental et historique, soit le testament suivant, qui est en quelque sorte le statut de la mission divine de la France :
« Que le présent testament que j’ai écrit pour être gardé respectueusement intact par mes successeurs les évêques de Reims, mes frères, soit aussi défendu, protégé partout envers et contre tous par mes très chers fils les rois de France par moi consacrés au Seigneur à leur baptême, par un don gratuit de Jésus-Christ et la grâce du Saint –Esprit.
Qu’en tout et toujours il garde la perpétuité de sa force et l’inviolabilité de sa durée. …
Mais par égard seulement pour cette race royale, qu’avec tous mes frères et co-évêques de la Germanie, de la Gaule et de la Neustrie, j’ai choisie délibérément pour régner jusqu’à la fin des temps, au sommet de la Majesté royale, pour l’honneur de la Sainte Église et la défense des humbles,
Par égard pour cette race que j’ai baptisée, que j’ai reçue dans mes bras ruisselante des eaux du baptême ; cette race que j’ai marquée des sept dons du Saint Esprit, que j’ai ointe de l’onction des rois, par le Saint -Chrême du même Saint Esprit ;
J’ai ordonné ce qui suit:
1° – MALEDICTIONS
Si un jour cette race royale que j’ai tant de fois consacrée au Seigneur, rendant le mal pour le bien, lui devenait hostile, envahissait les églises, les détruisait, les dévastait,
Que le coupable soit averti une première fois par tous les évêques réunis du diocèse de Reims.
Une deuxième fois par les églises réunies de Reims et de Trèves.
Une troisième fois par le tribunal de trois ou quatre archevêques des Gaules.
Si à la septième monition il persiste dans son crime, trêve à l’indulgence ! Place à la menace !
S’il est rebelle à tout, qu’il soit séparé du corps de l’Église, par la formule même inspirée aux évêques par l’Esprit-Saint DZ parce qu’il a persécuté l’indigent, le pauvre, au cœur contrit Dz parce qu’il ne s’est point souvenu de la miséricorde Dz parce qu’il a aimé la malédiction, elle lui arrivera Dz et n’a point voulu de la bénédiction, elle s’éloignera.
Et tout ce que l’Église a l’habitude de chanter de Judas le traître et des mauvais évêques, que toutes les églises le chantent de ce roi infidèle.
Parce que le Seigneur a dit : « Tout ce que vous avez fait au plus petit des miens, c’est à moi que vous l’avez fait, et tout ce que vous ne leur avez pas fait, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait ».
Qu’à la malédiction finale on remplace seulement, comme il convient à la personne, le mot épiscopat par le mot royauté.
Que ses jours soient abrégés et qu’un autre reçoive sa royauté!
Si les archevêques de Reims, mes successeurs, négligent ce devoir que je leur prescris, qu’ils reçoivent pour eux la malédiction destinée au prince coupable DZ que leurs jours soient abrégés et qu’un autre occupe leur siège.
2° – BENEDICTIONS
Si Notre Seigneur Jésus-Christ daigne écouter les prières que je répands tous les jours en sa présence, spécialement pour la persévérance de cette race royale, suivant mes recommandations, dans le bon gouvernement de son royaume et le respect de la hiérarchie de la Sainte Eglise de Dieu,
Qu’aux bénédictions de l’Esprit Saint déjà répandues sur la tête royale s’ajoute la plénitude des bénédictions divines !
Que de cette race sortent des rois et des empereurs, qui confirmés dans la vérité et la justice pour le présent
et pour l’avenir suivant la volonté du Seigneur pour l’extension de sa sainte Église, puissent régner et augmenter tous les jours leur puissance et méritent ainsi de s’asseoir sur le trône de David dans la céleste Jérusalem où ils règneront éternellement avec le Seigneur. Ainsi soit-il. »
A chaque règne, la France renouvelait son pacte avec le Ciel pour la cérémonie du Sacre, cérémonie grandiose, émouvante, qui investissait le roi de ses hautes fonctions et en faisait l’élu de Dieu.
C’est le jour du Sacre que le roi prenait officiellement possession de son trône. Les prières du Sacre appelaient toutes les bénédictions divines sur la personne du Souverain et sur son royaume. De son côté, le Souverain, la main sur l’Évangile, prenait solennellement l’engagement suivant :
« Je promets, au nom de Jésus-Christ, au Peuple chrétien, qui m’est soumis: premièrement de faire conserver en tout temps à l’Église de Dieu, la paix par le peuple chrétien.
D’empêcher les personnes de tout rang de commettre des rapines et des iniquités de quelque nature qu’elles soient.
De faire observer la justice et la miséricorde dans les jugements, afin que Dieu, qui est la source de la clémence et de la miséricorde, daigne la répandre sur moi et sur vous aussi.
De m’appliquer sincèrement et selon mon pouvoir à expulser de toutes les terres soumises à ma domination les hérétiques nommément condamnés par l’Église.
Je confirme par serment toutes les choses énoncée ci-dessus DZ qu’ainsi Dieu et ses saints Évangiles me soient en aide. »
Dom Besse commente ainsi cette union consacrée par l’Église entre le Roi et son peuple :
« Un lien religieux se formait entre le Roi et son royaume pour s’adjoindre à celui que le droit héréditaire avait déjà formé. Leur union devenait ainsi plus forte et plus féconde. Le Roi appartenait à la France et la France au Roi. Le
Roi lui devait le service d’un gouvernement ferme, sage et chrétien. La France lui donnait toute sa fidélité et son dévouement. L’Église, en consacrant cette union, lui donnait un nouveau droit au respect public; ceux qui auraient tenté de le rompre se seraient rendus coupables d’un sacrilège. Le Sacre faisait du prince un homme ecclésiastique ; sa souveraineté apparaissait comme une fonction sainte. Il régnait au nom du Tout Puissant en vertu d’une délégation officielle.».
LES RIVALITES ENTRE LES ROYAUMES DE FRANCE ET DȂANGLETERRE JETTENT LE TROUBLE ET SONT LE FONDEMENT DES EVENEMENTS PRECURSEURS DE LȂHISTOIRE
Depuis le règne de Louis XIII, l’Angleterre et la France se retrouvent en concurrence et ce n’est pas sans conséquence pour comprendre ensuite les évènements qui ont marqué ce 18° siècle pourtant surnommé “le siècle des Lumières”.
– En 1717 a lieu à Londres, la réunion des délégués de toutes les loges se réclamant de la franc-maçonnerie, où la décision est prise d’étendre à toute l’Europe la création de loge « où se préparera le travail destiné à saper les gouvernements qui doivent être renversés et à diriger les autres dans le sens voulu par nous … » – En 1762, Lord CHATMAN déclare « Que les ministres de Sa Majesté n’oublient jamais le principe directeur de toute notre politique. La seule chose que l’Angleterre ait à craindre ici-bas, c’est devoir la
France devenir une puissance maritime, commerciale et coloniale.»
– En 1768, ce même Lord CHATMAN devant le Parlement réuni à la Chambre des Communes à Londres déclara à nouveau : « la Gloire de l’Angleterre est passée ; elle faisait hier la loi aux autres, aujourd’hui elle doit la subir. L’Angleterre ne parviendra jamais à la suprématie des mers tant que la dynastie des Bourbons existera en France.»
– En 1782, au Convent maçonnique de Wihemsbad et surtout celui de Francfort en 1786, l’assassinat du Roi de France Louis XVI est décrété Dz ce qui explique pourquoi en 1789 lors de l’entrée solennelle de ce même Roi pour présider les état généraux convoqués par lui-même, le franc-maçon Mirabeau désignant le Roi Louis XVI et en le montrant du doigt dira tout haut : « Voilà la victime».
– C’est pourquoi au retour de ce Convent maçonnique de Francfort, le Comte de Virieu, totalement écœuré dira aux frères : « je ne vous révèlerai pas ce qui s’est passé. Ce que je peux seulement vous dire, c’est que tout ceci est autrement sérieux que vous ne pensez. La conspiration est si bien ourdie qu’il sera pour ainsi dire impossible à la monarchie et à l’Église d’y échapper. » Puis il quitta la franc-maçonnerie française dès qu’il vit qu’elle poursuivait la ruine de la religion, le déshonneur de la Reine et la mort du Roi.
– En juin 1788, il existe en France 629 loges maçonniques dont 63 à Paris, 442 en Province réparties dans 282 villes et 39 aux colonies, sans oublier les 69 de l’armée et de la marine qui toutes obéissent au même mot d’ordre secret; celui du comité central du Grand Orient de France, lequel a envoyé à toutes les loges les instructions précises que voici pour déclencher la Révolution Française :
« Aussitôt que vous aurez reçu le paquet ci-joint, vous en accuserez réception. Vous y joindrez le serment d’exécuter fidèlement et ponctuellement tous les ordres qui vous arriveront sous la même forme, sans vous mettre en pensée de savoir de quelle main ils partent, ni comment ils vous arrivent.
Si vous refusez ce serment ou si vous y manquez, vous serez regardé comme ayant violé celui que vous avez fait à votre entrée dans l’ordre des frères. Souvenez-vous de « l’Aqua Tophana» ; souvenez-vous des poignards qui attendent les traîtres ».
– le 2 juillet 1790, Louis XVI écrivait au Pape au sujet de la constitution civile du clergé : « Très Saint Père, c’est en vous seul que j’ai mis mon espoir. Le petit-fils de Saint Louis, soumis au successeur de Saint Pierre, vous demande non seulement des conseils, mais des ordres qu’il s’empressera de faire exécuter. …». « Mais le temps presse DZ l’esprit impur a soufflé. Très Saint Père, soyez l’interprète du Ciel. Hâtez -vous de prononcer Dz soyez l’Ange de lumière qui dissipe les ténèbres;»« J’attends avec impatience votre décision, cette Bulle que réclame le clergé et que demande le Fils aîné de l’Église, toujours fidèle au Saint-Siège. Louis».
Le roi n’eut pas connaissance de la décision pontificale ; il signa la constitution civile du clergé, mais il la rétracta plus tard.
Très attaché au Sacré-Cœur, il formula, dans sa prison, le vœu de révoquer toutes les lois contraires à la pureté et à l’intégrité de la foi, à la discipline et à la juridiction spirituelle de la Sainte Église Catholique, Apostolique et Romaine, de rétablir sans délai tous les pasteurs légitimes et tous les bénéfices institués par l’Église, dont ils ont été injustement dépouillés par les décrets d’une puissance incompétente, de prononcer un acte solennel de consécration au Sacré-Cœur et d’établir une fête solennelle en son honneur.
Il était trop tard ! Le Roi n’avait plus aucun pouvoir. Il fallait le Cœur de Jésus pour briser l’assaut de Satan. Satan ne l’a pas rencontré ! … Comme le Divin Maître, le Roi très Chrétien Louis XVI allait devenir victime expiatoire. Il écrivait, le 25 décembre 1792, cet admirable Testament.
TESTAMENT DE SA MAJESTE LE ROI TRES CHRETIEN LOUIS XVI
“Au nom de la Sainte-Trinité, du Père, du Fils et du Saint-Esprit, aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre 1792, moi, Louis XVI de nom, Roi de France, étant depuis plus de quatre mois enfermé avec ma famille dans la Tour du Temple à Paris, par ceux qui étaient mes sujets, et privé de toute communication, quelconque, même depuis le onze courant avec ma famille, de plus impliqué dans un procès dont il est impossible de prévoir l’issue, à cause des passions, des haines, et dont on ne trouve aucun prétexte, aucun moyen dans aucune loi existante, n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, et auquel je puisse m’adresser, je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments. Je laisse mon âme à Dieu, mon Créateur, je le prie de la recevoir dans sa miséricorde, de ne pas la juger d’après ses mérites mais par ceux de Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui s’est offert en sacrifice à Dieu, son Père, pour nous autres hommes, quel qu’indignes que nous en fussions, et moi le premier.Je meurs dans l’union de notre Mère la Sainte Église Catholique et Romaine, qui tient ses pouvoirs par une succession ininterrompue de Saint Pierre auquel Jésus-Christ les avait confiés. Je crois fermement et je confesse tout ce qui est contenu dans le Symbole et dans les commandements de Dieu et de l’Église, les Sacrements et les Mystères, tels que l’Église les enseigne et les a toujours enseignés Dz je n’ai jamais prétendu me rendre juge dans les différentes manières d’expliquer tous les dogmes qui déchirent l’Eglise de Jésus-Christ, mais je m’en suis rapporté et m’en rapporterai toujours, si Dieu m’accorde vie, aux décisions que les supérieurs ecclésiastiques unis à la Sainte Eglise Catholique donnent et donneront conformément à la discipline de l’Église suivie depuis Jésus-Christ. Je plains de tout mon cœur nos frères qui peuvent être dans l’erreur; mais je ne prétends pas les juger, et je ne les aimes pas moins tous en Jésus-Christ, suivant ce que la charité chrétienne nous enseigne. Je prie Dieu de recevoir la confession que je lui en ai faite et surtout le repentir profond que j’ai d’avoir mis mon nom –quoique cela fut contraire à ma volonté – à des actes qui peuvent être contraires à la discipline et à la croyance de l’Église Catholique, à laquelle je suis toujours resté sincèrement uni de cœur. Je prie tous ceux que je pourrais avoir offensé par inadvertance de me pardonner, comme je pardonne à tous ceux qui se sont faits mes ennemis. Je recommande mes enfants à ma femme et la prie d’en faire surtout de bons chrétiens; de ne leur faire regarder les grandeurs de ce monde, s’ils sont condamnés à les éprouver, que comme des biens dangereux et périssables, et de tourner leurs regards vers la seule gloire et durable de l’éternité. Je recommande à mon fils s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il ne peut faire le bonheur du peuple qu’en régnant suivant les lois. Je finis en déclarant devant Dieu et prêt à paraître devant Lui que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. Fait à la Tour du Temple, le 25 décembre 1792. Louis»
Fin de publication première partie