Bernanos, il y a plus de 70 ans, disait : « «Le désir de l’ennemi est précisément que nous renoncions à comprendre.». Actuellement, le désir des dirigeants est plutôt sournois avec des propos qui se veulent séduisants, enrobés par le langage de bien des journalistes. Ainsi, pour nous imposer une médecine techno-scientifique, il nous est offert des formulations qui soutiennent ceux qui mènent le jeu.
Pour illustrer mon propos, je vous soumets l’info suivante de GHI au sujet d’un Centre pionnier pour la prise en charge du cancer, défini comme unique en Suisse, un centre dédié au soutien des malades et de leurs proches … une palette de thérapies holistiques qui visent, en complément des traitements médicaux, à améliorer leur quotidien. »
L’avantage d’avoir étudié le latin très consciencieusement, c’est de pouvoir capter la place de chaque mot dans une phrase et son sens précis!
Ce qui me frappe ici, c’est bien de confondre « cancer » avec « malades porteurs d’un cancer ».
Ceci d’autant plus qu’il est confirmé que ces thérapies sont en complément « des traitements médicaux », autrement dit ceux qui visent le cancer, selon les critères de la Faculté.
Par conséquent, dans ce centre, on s’occupe des malades afin d’améliorer leur quotidien, ce qui donne une vaste amplitude aux objectifs, contrairement au but très ponctuel d’éliminer un processus cancéreux.
Le terme de pionnier sonne toujours bien à nos oreilles. En tous cas, il fait croire à quelque chose d’innovant. Or, des centres de ce genre existe dans les milieux alternatifs, sans doute avec moins de soutiens financiers donc plus modestes d’apparence. L’avantage du centre présenté semble être dans une meilleure connexion aux HUG mais les relations entre les HUG et les médecins de petits centres ont toujours existé.
A défaut de médecine pré-coce qui corrigerait des symptômes annonciateurs de cancer ou manifestant une baisse du système immunitaire ou de l’état général, précurseurs des cancers, nous avons ici un système de médecine post-coce (le mot n’existe pas dans le dictionnaire mais dit bien que c’est la médecine qui arrive après-coup).
Un vrai centre pionnier est donc à créer, où toutes les thérapies se définissent suffisamment clairement pour pouvoir choisir la ou les thérapies adéquates au moment opportun et à un malade dans son individualité.
Le centre Otium a ses raisons d’être car, effectivement, les suites des traitements lourds qui tuent peut-être le processus cancéreux mais affaiblissent aussi le malade sont multiples et dignes d’être considérées.
Les explications ou justifications données dans l’article « environ 500 000 Suisses vivront avec un cancer, un chiffre important à relier aux progrès de la médecine et à la spectaculaire augmentation de l’espérance de vie des patients qui en souffrent. » font vraiment preuve d’une pensée unique, répétée à souhait et depuis longtemps, entre autres afin de justifier les coûts toujours plus envahissants des prestations médicales conventionnelles. Le prétexte des « progrès de la médecine » ne tient pas compte que les progrès sont très délimités et que maintes morbidités ne sont toujours pas guéries malgré l’évolution de la biochimie et des appareils de plus en plus sophistiqués. De plus, des cancers apparaissent de plus en plus tôt.
Il faut noter aussi que les progrès de la santé proviennent de mains facteurs et n’ont pas à être imputés uniquement à la médecine.
De plus, l’article mentionne également une spectaculaire augmentation de l’espérance de vie. Oui, mais dans quelles conditions ? Et combien meurent aussi suite aux traitements lourds ?
On ne peut que souhaiter beaucoup de beaux succès au Centre Otium en espérant ardemment qu’on n’y cherche pas seulement la guérison du cancer mais aussi la guérison de la cause profonde qui a généré le cancer afin qu’il n’y ait pas de rechute. L’idéal serait qu’on crée un centre de ce genre avant l’administration de traitements si lourds et, rajoutons-le puisque c’est un gros problème à l’heure d’aujourd’hui, ce qui serait utile aussi pour diminuer les coûts desdits traitements avec tout le cortège de leurs suites.