La compétition, qui débute ce samedi, se déroulera dans l’un des pays les plus riches d’Afrique en termes de revenu par habitant, mais où de fortes inégalités subsistent. La faute, notamment, à une économie trop dépendante du pétrole.
À partir du 14 janvier, et pour la deuxième fois en l’espace de 5 ans, le Gabon organisera la Coupe d’Afrique des nations de football. Un véritable test pour le pays qui, quelques mois seulement après la réélection controversée d’Ali Bongo, se trouve dans une situation sociale et économique préoccupante.
Hyper dépendant du pétrole, qui représente près de 50% de son PIB et 80% de ses exportations, cet État faiblement peuplé a en effet souffert de la chute des cours de l’or noir. Avec, en toile de fond, plusieurs problèmes récurrents: l’absence de diversification de son économie, et une répartition très inégale des richesses. “Le Gabon doit avoir le 4ème ou le 5ème revenu par habitant d’Afrique, mais il est classé parmi les plus pauvres du continent”, déplore ainsi l’analyste économique gabonais Mays Mouissi, dénonçant “l’oligarchie” d’une “famille au pouvoir depuis 50 ans”.
Le tourisme reste sous-développé
Depuis 1967, le pays est ainsi dirigé par la famille Bongo: Omar, de 1967 jusqu’à sa mort en 2009, puis Ali, jusqu’à aujourd’hui. Leur gestion suscite bien des controverses: “Le problème réside dans le fait que le Gabon ne vit presque que de la rente du pétrole et des minerais. Il aurait fallu que le produit de cette rente soit affecté à des projets de développement économique”, assure Philippe Hugon, chercheur à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris)*.
Dans son souci de sortir le pays de sa dépendance aux matières premières, le pouvoir gabonais s’est par exemple employé à optimiser la filière bois, omniprésente dans l’économie. Mais d’autres secteurs, tels que le tourisme, restent sous-développés. “Le potentiel est faible. Il y a beaucoup de forêt, un climat d’Afrique équatoriale, et la côte ne possède pas de plages paradisiaques”, tempère Philippe Hugon.
Une explication pas vraiment convaincante, pour Mays Mouissi: “L’écosystème est à peu près le même qu’au Brésil. Le problème se situe au niveau des infrastructures. Les parcs nationaux situés dans la forêt équatoriale, par exemple, ne sont accessibles que par hélicoptère, il n’y a pas de route. Comment voulez-vous que les touristes viennent?”
Une mascotte à 3 millions d’euros
Dans ce contexte, la Coupe d’Afrique des nations serait-elle susceptible de donner un coup de fouet à l’économie, comme ce fut le cas en France lors de l’Euro 2016? “Nous avons maintenant l’expérience de la première CAN, qui n’a pas été rentabilisée”, affirme l’économiste.
En outre, pour l’édition 2017, le Gabon a vu les choses en grand, au point de susciter quelques interrogations. “Il y a des anomalies étonnantes dans les prévisions budgétaires. La mascotte, par exemple, devrait coûter 2 milliards de francs CFA, soit 3 millions d’euros. Pour un ours en peluche, cela fait beaucoup!”, sourit Mays Mouissi.
Pas sûr, donc, que la compétition ne soit une excellente opération pour l’économie locale. Elle pourrait, en revanche, soigner la popularité d’Ali Bongo, dont la réélection est toujours contestée par un large pan de la population.
Avec bfmbusiness.bfmtv