Deux mois à peine après sa nomination à la tête du ministère de la Fonction publique et de la modernisation de l’Administration, Pascal Abinan Kouakou a été invité le jeudi 7 avril 2016 à la plate-forme d’échanges “Les rendez-vous du gouvernement’’ à l’immeuble Sciam au Plateau, pour se prononcer sur « les grands chantiers de la modernisation de l’Administration ivoirienne », thème retenu pour la rencontre. Il a affiché sa volonté de combattre la fraude au sein de l’Administration ivoirienne.
Malgré sa fraîche installation dans son fauteuil de ministre de la Fonction publique et de la modernisation de l’Administration, Pascal Abinan Kouakou a abordé sans faux-fuyant, les sujets en rapport avec son ministère. L’un de ces sujets concerne la fraude lors des concours de la Fonction publique. « Je suis moi-même un enquêteur. Je vais démanteler tous les réseaux qui consistent à faire en sorte que la réputation de la Fonction publique soit souillée. Et j’aurai les moyens de les démanteler. Nous entendons souvent dire qu’il y a des gens qui ont des places à vendre pour le concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration (Ena) par exemple. Ils demandent 1 million ou 2 millions FCFA à des candidats. Je combattrai ces gens qui s’enrichissent sur le dos de l’Administration et souillent ainsi sa réputation. (…) Nous allons combattre la fraude, car cela engage la modernisation de l’Administration », a assuré le ministre de la Fonction publique.
Pascal Abinan Kouakou a alors prévenu que tout fonctionnaire qui se fera prendre dans des cas de fraude liés aux concours d’entrée à la Fonction publique, sera immédiatement radié. Et, a-t-il poursuivi, ‘’si ce n’est pas un fonctionnaire, et qu’il s’agit de quelqu’un qui a créé son réseau, il sera mis à la disposition des autorités judiciaires et fera la prison.
Toutefois, Abinan s’est félicité de la baisse de la fraude pendant les concours d’entrée à la Fonction publique, depuis 2 ou 3 ans. Il a donc promis de poursuivre cet effort accompli par ses prédécesseurs et à exhorté les candidats aux concours d’entrée à la Fonction publique en ces termes : « Les gens doivent comprendre que c’est par le travail qu’ils pourront accéder aux fonctions auxquelles ils aspirent. C’est par le travail et non en utilisant des moyens détournés».
Nouvelles dispositions contre la fraude aux concours
Le ministre Abinan a également révélé quelques nouvelles dispositions prises pour lutter contre la fraude aux concours d’entrée à la Fonction publique. « Pour une matière, le choix de l’épreuve se fera par 10 personnes différentes qui ne se connaissent pas. Et parmi ces 10 épreuves qu’elles vont tirer au sort, une seule sera retenue. Donc, aucune de ces personnes ne saura si c’est l’épreuve qu’elle a tirée qui a été retenue ou pas. Quant aux correcteurs, ils seront 2 ou 3. Ils ne se connaitront pas non plus », a expliqué le nouveau locataire du ministère de la Fonction publique.
Il a ajouté que les concours de la Fonction publique ont été décentralisés dans le District de Yamoussoukro et dans 5 régions administratives de la Côte d’Ivoire. A ce titre, a-t-il souligné, les visites médicales et les dépôts de candidature se feront dans ce District et les régions concernées. Toujours selon lui, même les compositions s’y dérouleront, avec les dispositions sécuritaires requises en la matière. Dans les années à venir, a-t-il fait remarquer, ce procédé d’organisation des concours de la Fonction publique sera étendu à d’autres régions. « Cette année, 8 321 postes sont ouverts pour 278 concours. (…) Les inscriptions en ligne se font déjà. Depuis le 24 mars 2016 que ces concours ont été ouverts, il y a à peu près 6 000 inscriptions en ligne », a communiqué Abinan. Il a, ensuite, fait savoir que le dépôt des dossiers de candidature physiques s’impose également « pour vérifier l’authenticité de l’inscription en ligne ». A terme, a-t-il précisé, la mise sur pied d’un guichet unique est prévu pour l’organisation des concours d’entrée à la Fonction publique.
Contrôle accru de la présence des fonctionnaires à leur poste
Le ministre de la Fonction publique a saisi l’occasion pour relever le recours aux technologies de l’information et de la communication dans le cadre de la modernisation de l’Administration. Pour lui, la modernisation de l’Administration passe également par l’informatisation des services publics. « Cela a commencé. Je n’arrive pas dans un no mans’ land. Beaucoup de choses ont déjà été faites au niveau de l’informatisation », a-t-il reconnu.
A ce niveau, pour montrer les avancées dans son ministère, Abinan a parlé de l’extension de l’application du Système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat (Sigfae) et du Fichier unique de référence (Fur) à toutes les structures relevant de l’administration publique. « Le Fur permet également de donner autorisation à la solde de payer les fonctionnaires. Avant le 5 du mois suivant, je dois valider tous les paiements des fonctionnaires par rapport à leurs situations. Si un fonctionnaire n’était pas à son poste pendant la période du mois écoulé, il ne sera pas payé parce que je ne donnerai pas l’autorisation. Cela peut être lié à un abandon de poste. Mais si un fonctionnaire a été suspendu pour une raison ou une autre, et que la mesure a été levée après son passage devant le Conseil de discipline, je donne l’ordre pour que son salaire soit rétabli», a détaillé le ministre de la Fonction publique. A en croire Abinan, pour renforcer l’application du Fur, à Abidjan, des enquêteurs continuent d’être sur le terrain pour vérifier la présence des fonctionnaires à leur poste, tandis qu’à l’intérieur de la Côte d’Ivoire, la tâche a été confiée aux directeurs régionaux. Sur ce volet, il également annoncé l’élaboration d’un projet de décret portant création de l’Observatoire des services publics (Osep).
Impossible de décaisser près de 430 milliards FCFA pour les arriérés liés au déblocage des salaires
L’apurement de stocks d’arriérés demandé par certains fonctionnaires pour le déblocage de leur salaire est l’un des problèmes épineux hérité par le ministre Abinan. « Avec le déblocage des salaires, il n’y a plus d’arriérés de stocks. Tout a été réglé. (…) Les arriérés de salaire ont été payés. Il s’agit d’un stock d’à peu près 430 milliards FCA qui remonte à Mathusalem. A l’époque, à partir de la négociation qui avait été faite avec les partenaires sociaux, il avait été dit qu’après le déblocage, on devrait payer des arriérés, mais pas ceux qui remontent à toutes ces années en arrière. Il était question que ces arriérés de longues dates, fassent l’objet d’un effacement total. (…) Le blocage a eu lieu depuis 1980. Les salaires ont été réajustés depuis cette date. C’est cela que nous considérons comme des arriérés. Cela a été apuré », a clarifié le ministre de la Fonction publique, pour signifier l’impossibilité de décaisser près de 430 milliards FCFA pour les arriérés relatifs au déblocage des salaires.
Par ailleurs, Abinan a tenu à rappeler qu’en consacrant plus de 35% de ses dépenses pour les salaires des fonctionnaires, la Côte d’Ivoire est largement au-delà des 20% de la norme imposée au sein de l’Uemoa et doit mettre tout en œuvre pour s’y conformer.
avec planetesschool