Il y a longtemps que j’affirme que le transfert technologique n’existe pas. Personne ne viendra nous offrir sur un plateau d’argent des technologies nouvelles qui lui permettent de faire la différence sur le marché. Ou on passe par l’espionnage industriel pour entrer en possession des secrets de fabrication, ou alors, il existe une forme très à la mode et qui marche très bien, c’est le partenariat stratégique.
Il s’agit tout simplement de prendre acte que personne ne veut céder ses secrets, pour plutôt, trouver et proposer à ceux qui sont à la pointe, de faire ensemble ou tout simplement de nous accompagner comme prestataire technique et technologique sur ce que nous voulons construire.
Par erreur, les africains en majorité croient qu’un partenaire est celui qui apportent les financements. C’est faux. Chaque fois que quelqu’un a mis de l’argent dans votre projet, ce projet ne vous appartient plus. Comme l’autre fable de ceux qui prétendent vous trouver les financiers de vos projets. Là aussi, ce sont des choses dites par ceux qui ne connaissent pas l’industrie. Je ne connais personne en Suisse, prêt à mettre de l’argent dans le projet d’un malien qu’il ne connait pas.Si vous êtes Gabonais, demandez-vous si vous mettrez de l’argent dans l’entreprise de quelqu’un qu’un que vous ne connaissez par dans un pays que vous ne connaissez pas, comme au Bangladesh ou au Laos, par exemple. Non, ce n’est pas possible. On vous trompe parce que vous refusez de faire fonctionner votre cerveau.
UN PETIT COURS DE BOURSE POUR LES NULS
Nous vivons dans une société très financiarisée. Chacun, se pose d’abord la question de savoir quel placement lui rapporterait le plus à moindre cout. Et si les entreprises européennes ont des problèmes de trouver des liquidités, c’est bien parce que même les banques qui sont supposées les financer, préfèrent jouer à la bourse et acheter les bons du trésor d’un pays comme l’Italie ou l’Espagne, car ça rapporte gros et elles se disent qu’après tout, un pays du G7 ne peut pas tomber en faillite.
On arrive ainsi à ce qu’on appelle sur les marchés le Spread. C’est la différence de rendement d’un titre entre un pays réputé vertueux et un autre qui l’est moins. L’Allemagne qui est triple A sert comme référence pour les pays européens avec la base 100. Chaque jour donc, les autorités françaises, italiennes, espagnoles, scrutent à la loupe, ce Spread pour leurs pays respectifs, qui serait, la différence de rendement entre les titres qu’ils viennent de mettre sur le marché et ceux du trésor allemand. Lorsqu’un gouvernement fait des reformes comme celle du travail en France, c’est pour donner un signal à ceux qui prêtent l’argent à la France travers la bourse. C’est pour les flatter, afin que ce fameux Spread tendent vers le 100 allemand. Car moins les « investisseurs » ou mieux les préteurs d’argent font confiance à un pays et plus il faudra leur donner d’argent en intérêts (pour acheter leur argent) afin qu’ils acceptent d’acheter votre bon de trésor. On dira alors que le Spread est élevé. Et c’est ce Spread élevé qui a fait manger son chapeau à François Hollande lorsqu’il arrive à la présidence et découvre que c’est dans son intérêt de taire les critiques contre l’Allemagne. Mais il oublie de le dire à son ministre de l’économie Arnaud Montebourg. Chaque fois qu’il criait contre l’Allemagne, le Spread augmentait en bourse, c’est à dire que la France empruntait plus cher sur les marchés.
Mais pourquoi l’Allemagne sert-elle de référence dans les bourseseuropéennes ?
Parce que le Chancelier de gauche Gerald Schroeder, aujourd’hui passé à la Russie (Gazprom), a fait les reformes dont l’Allemagne avait besoin et au bon moment. Conséquence, il a été chassé du pouvoir par le peuple. On appelle cela le paradoxe démocratique : plus on ment au peuple et plus il vous vote. Et si vous faites du bon travail pour le peuple et il vous chasse. Voilà pourquoi la France ne peut pas être bien reformée : il manque de politicien capable de sacrifier sa carrière et accepter de faire l’impopulaire pour reformer le pays.
QUELLES LEÇONS POUR LES INDUSTRIELS AFRICAINS ?
Pour l’industriel privé africain, il est donc évident que si les états comme la France ou l’Italie ont des difficultés de trouver des financements pour payer les salaires des policiers, magistrats, enseignants etc. ce ne sera pas une ONG qui ferait le contraire quelque soit ses promesses de vous aider à trouver des financiers ici ou là. Qu’ils aillent d’abord aider à faire que leurs propres pays trouvent cet argent sur les marchés sans être obligés de faire des reformes impopulaire et ensuite ils pourront venir aider les pauvres africains à trouver l’argent gratuit pour leurs projets.
La solution est une seule lorsque vous êtes faibles, petits, pauvres et sans ressource : commencer petit. Si vous avez 1000 F CFA, faites le projet de 1000F CFA. Et assurez-vous que ce projet soit suffisamment rentable pour vous permettre de gagner ensuite 2000F et puis 5000F etc. Je ne connais pas une autre voie sans risques exagéré.
Et quand vous pourrez faire des projets plus gros, trouvez-vous un partenaire stratégique qui accepte de partager avec vous ses secrets industriels, mais parce qu’il y gagnera quelque chose et non par piétisme. pour cela, assurez-vous à toujours mettre en premier lieu ce que ce partenaire gagnerait à vous céder ses secrets. Et surtout, soyez crédible dans votre démonstration !!! Cela se sent quand on est faux. L’industriel est déjà un en-fumeur par excellence. Et donc, il a déjà imaginé tous les scénarios possibles que vous lui proposeriez avant votre arrivée. Donc, ça ne vous convient pas de jouer au malin. Ca ne marche pas ou pas pour longtemps. Mettez-vous à sa place et dites-lui, ce qu’il aurait déjà choisi lui-même comme la meilleure solution pour lui.
C’est comme cela que des pauvres comme moi peuvent faufiler au milieu de cette jungle, avec les poches bien vides, mais avec la tête bien haute. Le secret est de croire en vous-mêmes d’abord et de croire en votre pays. Parce que votre pays ne deviendra ce que vous souhaitez qu’avec votre propre action et non en attendant en spectateur pour critiquer les actions des plus courageux.
Avec n.afrique