La Centrafrique vient d’officialiser son adhésion à la Banque africaine d’import-export (Afreximbank) et prépare déjà la prochaine étape : devenir actionnaire au sein de l’institution financière panafricaine.
La Banque africaine d’import-export (Afreximbank) a une nouvelle recrue : la Centrafrique. Le pays de Faustin-Archange Touadéra a officialisé son adhésion à l’institution panafricaine de financement du commerce hier, mercredi 5 décembre au Caire, annonce Afreximbank dans un communiqué parvenu à notre rédaction. Une délégation gouvernementale dirigée par Claude Rameaux Bireau, ministre d’Etat et conseiller économique du président, a procédé au dépôt de l’instrument de ratification de l’accord y afférent, en présence de l’ambassadeur de la République centrafricaine en Egypte, Clément Bilege.
Porte ouverte aux projets d’envergure
Cette adhésion n’est en effet que la premier pas vers une participation effective de la République centrafricaine au capital d’Afreximbank. Selon Claude Rameaux Bireau qui s’est exprimé séance tenante, ce pays d’Afrique centrale se prépare déjà à devenir actionnaire de la Banque. Il rejoindra ainsi les 50 autres pays africains membres et actionnaires d’Afreximbank, sachant que dans son tour de table, l’institution financière panafricaine réunit à la fois les secteurs public et privé.
Déjà en tant qu’affilié, la Centrafrique aura désormais accès à toute la gamme de produits et de services proposés par Afreximbank, notamment les facilités de financement du commerce, les services d’information et de conseil en matière de commerciaux, les services de financement de projets ou encore le soutien à la formulation d’une politique de mise en œuvre de parcs industriels et de zones économiques spéciales.
Contexte
Dans un élan de reprise économique depuis l’année dernière, la République centrafricaine tente de retrouver sa santé économique et commerciale. Alors que le pays a profondément pâti de la crise socio-politique qui l’a secoué jusqu’à 2016, Bangui veut pouvoir rejouer ses cartes sur l’espace commercial international. Selon la Banque mondiale, le commerce extérieur représente 44,3% du PIB centrafricain en 2017. Le pays reçoit toujours plus qu’il n’émet, avec des importations de biens qui ont pesé 351 millions de dollars selon Comtrade, une des bases de données des Nations Unies. Elles ont concerné entre autres, les médicaments, les produits alimentaires, les appareils électriques, mais aussi différents types de véhicule, provenant de la France, le Japon, les Etats-Unis, de la Chine ou encore du Cameroun voisin.
Les exportations de biens n’ont quant à elles été que de 124 millions de dollars et ont notamment concerné l’une des principales richesses naturelles du pays : le bois -brut comme scié-. Les principaux clients de la Centrafrique sont la France, le Burundi, la Chine, le Cameroun, ou encore l’Allemagne.
Afreximbank, prêt à prendre des risques en RCA
Cette adhésion de la Centrafrique à Afreximbank et son entrée prochaine dans le tour de table de la Banque démontre la volonté de Bangui d’être un véritable acteur de la dynamique actuelle qui se construit pour un commerce intra-africain plus important avec d’ailleurs le projet de Zone le libre-échange continentale. Cela constitue un pas supplémentaire pour le gouvernement dans sa démarche visant à positionner la Centrafrique sur la scène commerciale internationale, bien qu’il faille encore composer avec le risque pays qui n’est pas toujours rassurant pour les affaires, comme le pointe la Banque mondiale dans sa première édition des Cahiers économique de la République centrafricaine publiée en juin dernier. Et c’est en cela que l’adhésion à Afreximbank peut aider ce pays.
«La ratification [de l’accord] nous accorde les privilèges et immunités spéciaux qui nous permettent de prendre des risques que les autres banques commerciales ne peuvent pas», a déclaré Dr Bénédict Oramah, président d’Afreximbank.
En attendant de retrouver un climat des affaires beaucoup plus propice aux projets d’envergure tels des parcs industriels ou des zones économiques spéciales -pour lesquels la Centrafrique peut désormais jouir des services d’Afreximbank- le pays entend tirer au mieux partie de la grande foire intra-africaine qu’organiser la Banque panafricaine en partenariat avec l’Union africaine (UA) du 11 au 17 décembre prochain au Caire.
Avec la tribune afrique