Les deux Bourses veulent réaliser une convergence réglementaire et technique en vue d’un rapprochement entre les marchés casablancais et celui de l’UEMOA. Objectif : intensifier les transactions, permettre les doubles cotations et créer une bourse commune pour les matières premières. Les détails.
C’est parti pour le rapprochement entre la Bourse de Casablanca et la Bourse régionale des valeurs mobilières (qui regroupe les pays de l’Union monétaire ouest-africaine). Les deux places boursières, qui avaient signé un accord de partenariat en décembre 2013, ont décidé de passer l’accélérateur. Le jeudi 25 juin, une délégation composée des représentants du marché marocain est allée à la rencontre de ses homologues de la BRVM afin de démarrer le rapprochement effectif entre les deux marchés. L’ensemble des intervenants des deux places étaient présents : les gestionnaires des places, les régulateurs, les principaux brokers ainsi que les dépositaires, comme signalé dans un communiqué conjoint des deux Bourses. Concrètement, il s’agit de faire converger les réglementations, les plateformes techniques et les pratiques de trading des deux Places.
Double passeport
Les opérateurs marocains n’ont pas accès aujourd’hui aux marchés de l’UEMOA. « Les institutionnels marocains ont la possibilité d’allouer 10 % de leur portefeuille aux marchés internationaux. Mais cette règle ne concerne malheureusement que les pays de l’OCDE. Les marchés de l’UEMOA en sont exclus d’office », déplore Omar Amine, président de l’Association professionnelle des sociétés de Bourse et cheville ouvrière de ce rapprochement.
Plus que les habituels accords d’assistance et d’échanges techniques que concluent parfois les Bourses du continent, le rapprochement entre Abidjan et Casablanca entend déboucher sur des réalisations plus concrètes et profondes.
Parmi elles : la mise en place d’un double passeport pour les cotations en Bourse, de façon à ce qu’une firme cotée à Casablanca soit automatiquement éligible à la BRVM et vice versa. « Nous voulons en quelque sorte généraliser le cas Ennakl qui a été cotée doublement à Casa et à Tunis le même jour, et ouvrir la voie aux arbitrages entre les marchés », explique Omar Amine. Autre objectif : baliser les circuits d’exécution d’une transaction pour plus de fluidité, avec l’objectif affiché d’arriver à des délais de règlement-livraison ne dépassant pas les 3 jours. Un but qui, pour être atteint, passera forcément par la convergence réglementaire et technique entre les deux places.
« Notre objectif, c’est d’attirer du volume sur la BRVM et sur la place casablancaise. Beaucoup d investisseurs de l’UEMOA s’intéressent aux titres cotées à Casablanca. Idem pour les Marocains, qui voient dans l’évolution de la BRVM de belles opportunités de placement et d’investissement », poursuit Omar Amine, convaincu que la Bourse régionale ouest-africaine devrait connaître une forte croissance durant les quatre prochaines années.
Le rapprochement entre les deux Places porte aussi bien sur le marché de l’action, que sur celui de la dette. « Les marchés de l’UEMOA sont principalement des marchés de dettes. L’idée, c’est de permettre aux institutionnels marocains d’acheter de la dette ouest-africaine et même de la vendre à des investisseurs étrangers via la place casablancaise », explique Omar Amine.
Impulsion
Présidé Karim Hajji, patron de la Bourse de Casa, et Edoh Kossi Amenounve, directeur général de la BRVM, un groupe d’impulsion a été créé pour piloter ce rapprochement. Son action sera basée sur les recommandations de cinq comités de travail mis en place au cours de cette visite : harmonisation réglementaire, transaction marché/post-marché, développement du marché et nouveaux produits, comité technologique et un dernier baptisé « marché matières premières ». Ce dernier vise la création, à terme, d’une Bourse commune des matières premières. Un vaste chantier.
Quid des autorités politiques et monétaires ? « Le groupe d’impulsion doit soumettre la stratégie de rapprochement aux responsables politiques, pour la mise en place effective de cette stratégie. On n’a pas voulu attendre les politiques pour commencer à travailler. Nous avons eu une approche down-up », répond Omar Amine. Après cette première rencontre à Abidjan, les différentes parties prenantes se réuniront de façon trimestrielle pour rendre compte de l’avancement du chantier. La prochaine rencontre est prévue en septembre à Casablanca.
Source : Jeune Afrique