Joseph Blatter, dit « Sepp », n’a pas résisté au scandale de corruption qui éclabousse depuis plusieurs jours l’instance dirigeante du football mondial. Le dernier élément en date concerne la Coupe du monde organisée en Afrique du Sud en 2010. Pretoria aurait versé 10 millions de dollars au vice-président de la Fifa de l’époque pour obtenir le Mondial.
Au centre de l’affaire, 10 millions de dollars. Selon la justice américaine, Jack Warner, ex-vice président de la Fédération internationale de football association (Fifa), aurait reçu de l’argent de Pretoria en échange de son soutien pour la candidature de l’Afrique du Sud à l’organisation de la Coupe du monde 2010. L’acte d’accusation va jusqu’à expliquer comment aurait eu lieu la transaction.
En Afrique du Sud, on se refuse à parler de corruption. Oui, une telle somme a bien été versée, confirme le président de la Fédération sud-africaine de football (Safa), mais il ne s’agit pas d’un achat de voix, ajoute Danny Jordaan. La question est pourtant de comprendre pourquoi Pretoria aurait payé une telle somme à un fonds de développement dans les Caraïbes. Le mystère demeure. Et un courrier datant de 2008, exposé par la presse mardi, est accablant.
Molefi Oliphant, président de la Safa à l’époque, y demande à la Fifa de verser 10 millions de dollars à un fonds de développement de la Confédération de football d’Amérique du Nord, d’Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), dont Jack Warner est alors le président. Et le patron de la Safa ajoute que cet argent doit être géré par M. Warner. Une somme qui sera ensuite déduite de la contribution de la Fifa à l’Afrique du Sud pour l’organisation de cet événement.
Les autorités sud-africaines vont devoir s’expliquer
La justice américaine soupçonne Jack Warner d’avoir empoché les 10 millions en échange de trois voix en faveur de l’Afrique du Sud pour la désignation du pays hôte du Mondial 2010. M. Warner a été arrêté la semaine dernière. Il s’en est pris aux Etats-Unis, vexés selon lui de ne pas avoir organisé la compétition en 2022, au profit du Qatar (à noter que les Etats-Unis ont organisé la Coupe du monde il n’y a pas si longtemps, en 1994). Le problème de l’ancien patron de la Concacaf, c’est qu’il a développé ses arguments en brandissant un article de The Onion, un site internet parodique dont les articles sont bidons, comme Le Gorafi en France.
Plusieurs partis d’opposition sud-africains réclament l’ouverture rapide d’une enquête. L’Alliance démocratique a également demandé à ce que les responsables de la Safa viennent s’expliquer devant le Parlement. Le parti Freedom Front Plus envisage quant à lui de saisir directement la justice pour que les responsables soient nommés et poursuivis. Les autorités sud-africaines devaient s’exprimer ce mercredi matin lors d’une conférence de presse du ministre des Sports.
La chute de Joseph Blatter, qui a annoncé sa démission mardi, signe la fin d’un règne qui aura duré 17 ans. Le tout-puissant président de la Fifa a jeté l’éponge moins de cing jours après avoir été réélu à son poste en pleine tempête médiatique. A 79 ans, le Suisse n’accomplira donc pas de cinquième mandat plein, constatant qu’il n’a pas « le soutien de l’intégralité du monde du football » pour ce faire.
MAXWELL Source : rfi