Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans la culture du macabo ?
Notre objectif de départ était de mettre sur pied une exploitation de cacaoyer de 25 ha. Nous avonsi choisi la culture du macabo comme culture intermédiaire secondaire, pour amortir notre investissement dans la cacaoculture en même temps que d’autres cultures comme le bananier plantain et le concombre. Nous cultivons le macabo depuis 2 ans, et je peux vous affirmer aujourd’hui que c’est une culture très rentable. Si toutes les conditions culturales sont remplies, on peut le triple de ce qu’on a investi. Surtout quand on regroupe sa production pour la vendre à des acheteurs gabonais.
Sur quelle superficie cultivez-vous le macabo, et quelle est votre capacité de production hebdomadaire ?
Le macabo que nous récoltons actuellement, a été planté l’an passé sur 22 hectares. Nous livrons habituellement 50 à 70 sacs d’environ 100 kg chacun de tubercules de macabo par semaine. Dans les périodes de grande production, nous pouvons livrer plus de 100 sacs deux fois par semaine. Nous chargeons entièrement une camionnette Canter (type de véhicule d’une capacité de 10 tonnes généralement utilisée par les acheteurs gabonais) qui prend 90 sacs en moyenne. Mais parfois nous nous organisons pour compléter notre cargaison avec les sacs des petits producteurs pour qu’eux aussi puissent maximiser leurs recettes.
A quel prix vendez-vous le sac de tubercules de macabo aux acheteurs gabonais ?
En période d’abondance, de Décembre à Février, nous vendons le sac de macabo bord-champ à 15?000 F cfa ou à 16 000 F cfa aux acheteurs gabonais. A partir du mois de Mars par exemple où le macabo commence à devenir rare, le sac de macabo est alors vendu entre
20 000 F cfa et 25 000 F cfa.
Quelles sont vos relations avec les acheteurs gabonais ?
Ce sont des relations très amicales. Mais au début, il y avait quand même quelques suspicions et difficultés de part et d’autre. Nous avons travaillé avec plusieurs acheteurs gabonais. Avec le temps, nous avons sélectionné 2 acheteurs gabonais avec qui nons travaillons en permanence.
Propos recueillis par Irénée Modeste Bidima
La commercialisation du macabo à Yaoundé
Les macabos présents dans les marchés de Yaoundé proviennent des localités de Ngoumou et de Akonolinga. Actuellement, ils se vendent à des prix assez abordables dans les marchés. Un tas de 10 macabos moyens coûte 500 F cfa et un tas d’une quinzaine de gros macabos coûte 1 000 F cfa.
« Entre les mois de Janvier et de Mars, le macabo est généralement moins cher sur le marché. Mais, bientôt, il redeviendra cher à cause de la saison des pluies. C’est à ce moment qu’on sème. A partir des mois d’avril, mai, juin, juillet, le macabo se vendra à prix d’or » nous dit Marie Bitton, l’une de revendeuses. Elle vend du macabo au marché de Nsam et s’approvisionne au marché de Mvog Mbi.
Ce tubercule qui occupe une place de choix dans nos marmites et dans nos plats sous plusieurs recettes ne passe pas inaperçu dans les étals des revendeuses à coté d’autres compléments tels que le plantain, la patate, le manioc et le taro. Quelques clients le confondent au taro car les deux tubercules ont presque la même apparence et appartiennent à la même famille des tubercules dite des Aracées
2 variétés de macabo
On retrouve deux variétés de macabos sur le marché : le macabo rouge et le macabo blanc. Mais, selon Marie Bitton, le macabo blanc est la variété préférée des clients qui la trouve facile à manger. Il est moins dur que le macabo rouge.
Le macabo rouge, quant à lui, est sollicité par les clients qui veulent préparer le légumes à l’instar du ‘’Pkpem’’. Solide, il reste ferme lorsqu’on le cuit avec des légumes. Les vendeuses de macabos achètent des sacs de macabos de 12 à 50 kilogrammes dans les grands marchés de ravitaillement et les propose aux clients dans les petits marchés sous forme de tas.
Selon Marie Bitton, lorsqu’il y a rareté, le prix du sac de 50 kilogrammes varie de 7 000 à 8 000 F cfa. Lorsqu’il y a abondance, le prix du sac de 50 kilogrammes varie de 6?000 à 7 000 FCFA. Le tubercule se vend bien et Marie Bitton nous avoue qu’elle a un bénéfice qui peut varier de 1 000 à 2 000 F cfa par sac. Pour conserver les macabos, il faut les étaler à l’ombre pour qu’ils ne noircissent pas et ne durcissent pas.
Valérie Ngo
Protection phyto-sanitaire et conservation
Le macabo est peu sujet à l’attaque des ravageurs. Les espèces qui peuvent causer des dégâts importants sont les pucerons, les chenilles, les cochenilles , les termites et les rongeurs. Ils causent des trous et des galeries au niveau des tubercules, le flétrissement et la mort de la plante. Ceci entraîne une baisse de la production. On obtient un contrôle efficace de ces ravageurs en ayant recours à des pulvérisations d’insecticides tels que le Décis 2.5 EC à une dose de 0.5 ml/litre d’eau. Les alentours du champ doivent défrichées, pour éloigner les rongeurs.
La maladie la plus importante qui affecte le macabo est la pourriture racinaire. On la prévient en évitant de cultiver le macabo plusieurs fois successivement dans la même parcelle, et en utilisant les semences saines traitées au préalable avec avec une solution fongicide/insecticide avant de planter.
Les tubercules de macabo récoltés pour la commercialisation peuvent être entassés sous des arbres à l’abri du soleil, attendant leur conditionnement dans des sacs. Le conditionnement dans des sacs ne doit se faire qu’à l’approche de l’évacuation, car le processus de désagrégation du macabo s’accelère rapidement dans des sacs.
2 méthodes de conservation existent
Pour la conservation des petites quantités de macabo, deux méthodes peuvent être employées:
– Creuser un trou dans le champ, de préférence au pied d’un arbre ou d’un bananier où l’eau ne stagne pas. Le trou peut avoir 60 à 70 cm de profondeur, de largeur et de longueur variables en fonction de la quantité de tubercules à stocker. Après avoir creusé le trou, on met au fond une couche de feuilles de bananier, on y verse les tubercules. On revêt ces tubercules avec une nouvelle couche de feuilles et on recouvre tout avec une couche de terre. De cette manière, les tubercules peuvent se conserver 2 à 3 mois.
– Etaler les tubercules en couches minces dans un local bien aéré, bien ventilé et sec, en faisant attention aux rongeurs.
Avec La voix du paysan