City Hall, la mairie centrale de Londres, a abrité la cérémonie annonçant le vainqueur du Prix Mo Ibrahim 2008 pour l’excellence et la bonne gouvernance en Afrique. Ce prix a été décerné cette année à Festus Mogae, l’ancien président botswanais. Le Jury, présidé par l’ancien Secrétaire général des Nations Unies Kofi Annan, a fait l’éloge du président Mogae, rappelant son itinéraire politique et ses succès économiques et sociaux. Notre correspondant à Londres a participé à la cérémonie.
La salle de conférence de City Hall était bondée de personnalités de divers horizons : diplomates, hauts fonctionnaires internationaux, organisations non gouvernementales, journalistes, officiels britanniques, européens et africains. Après une brève introduction rappelant son ambition pour l’Afrique de demain et les idéaux de sa fondation, Mo Ibrahim donnera la parole à Kofi Annan, le président de son comité de sélection, qui justifiera les raisons qui ont penché en faveur de l’ancien président botswanais.
Les raisons du choix
Il faut d’abord dire que ce prix célèbre le succès africain et récompense une personnalité africaine qui a fait avancer la cause de la démocratie dans son pays. A son arrivée au pouvoir en 1998, Festus Mogae prenait la tête d’un pays qui était déjà une success story. La démocratie était forte et stable. Mais sous son leadership, la bonne gouvernance a été raffermie, ainsi que la stabilité politique et économique du pays. Il a également œuvré pour une plus grande prospérité de la nation botswanaise. Sous sa direction, le pays a connu une croissance économique remarquable, avec un taux d’inflation faible, tout en attirant des investissements directs étrangers. La principale richesse du pays étant le diamant, il a cherché à diversifier l’économie nationale, en s’assurant qu’une partie des produits miniers soit transformée sur place. Il a fait de cette décision stratégique un moyen de réduction de la pauvreté et de création d’emplois. Les infrastructures du pays, ainsi que le système éducatif et de santé, ont été améliorées. Et sous sa présidence, le Botswana a pu atteindre la parité homme-femme dans l’éducation tertiaire. Sa lutte contre la corruption a été exemplaire. Et sur un continent où les richesses minières sont parfois considérées comme un mauvais sort jeté à un pays, Festus Mogae a démontré comment, avec cette rente, on peut promouvoir le développement durable et la bonne gouvernance.
Mo Ibrahim et Kofi Annan joignent leurs efforts pour promouvoir la bonne gouvernance en Afrique.
Le défi du sida
Mais toutes ces actions positives ont failli être remises en cause par la forte prévalence du sida dans le pays. La durée de vie chutait, et les progrès exceptionnels du pays allaient être remis en cause. Il s’est alors personnellement engagé dans la mobilisation de la communauté internationale et nationale en mettant en place l’un des programmes de lutte contre le sida les plus efficaces. La conséquence de cet engagement a été l’annonce, pour la première fois l’année dernière, d’une régression de la prévalence du sida. Même après avoir quitté volontairement le pouvoir au terme de deux mandats en avril 2008, il est resté très engagé dans la lutte contre le sida au niveau continental.
Les infrastructures du pays, ainsi que le système éducatif et de santé, ont été améliorés. Et sous sa présidence, le Botswana a pu atteindre la parité homme-femme dans l’éducation tertiaire. Sa lutte contre la corruption a été exemplaire.
Enfin, Ban Ki Moon, l’actuel secrétaire général des Nations Unies, a décidé de le choisir récemment comme son envoyé spécial pour le changement climatique.
Le prix
Le président Festus Mogae recevra son prix le 15 novembre, au cours d’une cérémonie qui sera organisée à Alexandrie. Ce prix est accompagné d’un chèque de cinq millions de dollars. De plus, il recevra à vie un autre chèque annuel de 200 000 dollars. Enfin, la Fondation Mo Ibrahim s’engage à financer les activités caritatives du lauréat à hauteur de 200 000 dollars par an pendant dix ans. Le comité n’attache à ce prix aucune obligation. Mais Kofi Annan et son comité ont dit qu’ils demanderont à l’ancien président botswanais ce qu’il ferait de cette somme. Pendant la conférence de presse qui a suivi cette annonce, les confrères ont demandé si, à terme, le comité n’allait pas manquer de candidats pour un tel prix, car les chefs d’Etat africains exemplaires sont plutôt une denrée rare. Kofi Annan a répondu qu’il fallait rester positif et que l’Afrique de demain ne pouvait aller que de l’avant.
Le comité
La guinéenne Aicha Ba Diallo, membre du comité et conseillére à l’UNESCO, a déclaré que le succès du président Mogae était à saluer, car bien des pays africains ont les richesses du Botswana, mais presque aucun n’a atteint le stade de développement de ce pays.
Les autres membres du comité sont : Mary Robinson, ancienne présidente de l’Irlande et ancienne Haut commissaire des Nations unies pour les Droits de l’Homme, très engagée pour la cause de l’Afrique, tout comme d’ailleurs Marti Athisaari, l’actuel prix Nobel de la paix, négociateur des accords de paix qui ont abouti à l’indépendance de la Namibie. Ahmed Salim Ahmed est également membre de ce comité. Ce Tanzanien a tenu différents postes de haut niveau à l’Union africaine, aux Nations Unies et dans son pays. Signalons enfin la présence dans ce comité de Mohamed El Baradei, l’actuel directeur général de l’Agence de l’énergie atomique. Graça Machel, l’épouse de Nelson Mandela, rejoindra l’année prochaine ce comité pour choisir le prochain lauréat 2009 du prix Mo Ibrahim.
(reprise de l’article du journal numéro 50, 30 octobre au 5 novembre 2008)