A l’origine de la société Geo4i, trois anciens analystes de la direction du renseignement militaire (DRM) qui souhaitaient développer les outils dont ils rêvaient au quotidien. Leur spécialité : l’analyse géospatiale, c’est-à-dire l’interprétation d’images satellites et de toutes les données qui peuvent s’y référer, comme la présence de puits de pétrole, d’installations militaires voire la présence de navires pirates. “Par exemple, avec les données thermiques, on peut voir quels sont les puits de pétrole qui sont actifs. Ce qui nous donne une indication de la production réelle du pays observé”, explique Anthony Petit, l’un des co-fondateurs de la société.
Et c’est justement un outil capable de croiser ces images et toutes ces données que les anciens du renseignement ont développé. Cette plateforme informatique qu’ils présentent actuellement au festival Futur en Seine, permet de faire une multitude d’analyses croisées et ce très rapidement en combinant aux images satellites, les grands volumes d’informations disponibles dans les bases de données. L’outil permet par exemple d’obtenir en quelques minutes ce que dans leur jargon, les experts du renseignement appellent des cartes de cohérence. Il s’agit en fait de cartes basées sur des images radars fournies par des satellites. Cette technique d’observation révèle entre deux prises de vue, tous changements même les plus infimes, à la surface du globe. Par exemple, des traces de pneus sur un chemin peu fréquenté ou encore comme le montre la photo ci-dessous, les activités humaines aux abords d’une frontière. L’analyse consiste à examiner les variations de contraste. Les zones devenues sombres indiquent que la surface a été modifiée par une activité, notamment le passage de personnes (voir ci-dessous). La photo satellite classique de la frontière entre entre la Lybie et l’Egypte montre les deux postes frontières de part et d’autres. La plateforme de Geo4i génère alors automatiquement en quelques minutes, la carte de cohérence de cette zone laissant apparaître une trace plus sombre sous le point de passage légale de la frontière. Un tracé indique ainsi clairement un passage clandestin invisible avec une image satellite classique.
SÉCURITÉ. Les anciens analystes ciblent donc les services de renseignements et de sécurité, mais aussi toutes les organisations faisant du renseignement économique. “En surveillant le parking d’une société, le nombre de véhicules présents en fonction de l’heure de la journée, nous pouvons avoir une idée de son activité. Dans le domaine des matières premières nous pouvons aussi surveiller l’activité autour d’une mine”, précise Anthony Petit. Mais ce n’est pas tout. Cette technologie pourrait aussi être utilisée pour veiller à la sécurité de personnels expatriés. “Leur voiture étant géolocalisée, ils reçoivent une alerte sur leur smartphone dès qu’ils rentrent dans une zone, un quartier dangereux”, précise l’analyste. Des données peuvent même être remontées depuis le terrain, par exemple en envoyant sur la plateforme via son smartphone, une photo géolocalisée d’un changement important, telle la présence d’un nouveau check-point sur une route. L’outil de Geo4i arrive au terme de son développement. Il devrait être commercialisé d’ici la rentrée.
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