Témoignages de poids ce mercredi pour le 40e Midi de la microfinance de l’Ada, qui a donné la parole à trois femmes africaines, entrepreneurs et acteurs de la finance de proximité. Un message encourageant sur le rôle de la femme dans le monde de l’entrepreneuriat africain.
La place de la femme dans l’entrepreneuriat africain reste un sujet sensible du fait de la place de la femme en soi dans ce modèle de société. C’était le thème choisi par Ada (Appui au développement autonome) pour la 40e séance de ses Midi de la microfinance, ce mercredi. Une édition particulière qui s’est déroulée en présence de la Grande-Duchesse et de Romain Schneider, ministre de la Coopération et de l’Action humanitaire.
Pour débattre de ce thème et partager leurs expériences, Ada a invité trois expertes africaines, impliquées dans la finance et la création d’entreprises. En guise d’introduction, Félicité Kambou, directrice d’une coopérative de prestation de services agricoles au Burkina Faso (Coobsa), note le rôle joué par la microfinance dans l’épanouissement de la femme et de la famille. «Elle lui permet de subvenir à ses besoins, d’assurer la scolarité et les repas pour ses enfants grâce à des revenus qu’elle génère elle-même.»
Les femmes ont aussi besoin d’être éduquées à la finance.
Josée Mukandinda, Umutanguha Finance Company (Rwanda)
Directrice des opérations pour une société de microcrédit au Rwanda (Umutanguha Finance Company), Josée Mukandinda parle, elle, du double rôle de la microfinance. «Il y a bien sûr l’offre de services financiers, mais aussi l’apport de services non financiers. Pour réussir les projets, les femmes ont besoin d’être éduquées à la finance et au métier d’entrepreneur. Ce sont des choses que nous leur apportons.»
Quant à Marèma Bao, directrice adjointe de la société sénégalaise Cofina, elle se place déjà une étape plus loin en visant le mésocrédit, celui qui permet aux femmes entrepreneurs de passer de la micro-entreprise au stade de la PME. «Les femmes sont entreprenantes, mais parviennent difficilement à franchir le pas vers la PME.»
Le problème? Notamment les garanties qu’il faut pouvoir apporter pour des crédits plus importants. «La femme africaine a encore peu d’accès au foncier, réservé aux hommes», observe-t-elle. «Elles ont donc besoin d’appuis, qui peuvent venir des gouvernements ou d’acteurs privés.»
La femme africaine a encore peu accès au foncier.
Marèma Bao, Sénégal
Selon des études menées sur le continent africain, une femme sur quatre a déjà créé son entreprise. Une évolution énorme, liée notamment à la multiplication des acteurs de microcrédit… et à la confiance générée par les entrepreneurs féminins. «Les femmes sont plus performantes que les hommes», confirme Josée Mukandinda. «Elles tentent de respecter à 100% ce qui a été convenu avec l’organisme de microcrédit.»
Des témoignages encourageants, symboles d’une Afrique entreprenante et qui accorde de plus en plus de place à la femme. «Au Rwanda», explique encore Josée Mukandinda, «la propriété foncière est déjà partagée à parts égales entre les conjoints. Et chacun devient caution de l’autre s’il a besoin d’un crédit.» Une situation encore relativement exceptionnelle, mais qui est également le signe d’une évolution.
afrikatech