L’expression « santé mentale » est, le plus souvent, dans le langage populaire, associé à l’idée de troubles psychiques. Toutefois, à l’instar de la santé physique, la santé mentale fait référence à un état global de bien-être et non pas à la maladie. En fait, la santé mentale est plus que l’absence de maladie. Il est maintenant de plus en plus connu que des personnes, diagnostiquées d’un trouble de santé mentale se rétablissent de moments de crise pour vivre une vie satisfaisante lorsqu’elles reçoivent le soutien approprié. L’histoire de Kenneth Reitz, que nous avons évoquée dans un blogue précédent, en est un bon exemple.
Selon le Mouvement Santé Mentale Québec, la santé mentale constitue « une recherche d’équilibre entre les différents aspects de la vie : physique, mental, spirituel et émotif. Elle est influencée par les conditions de vie, les valeurs collectives dominantes ainsi que les valeurs propres à chaque personne. »
Ainsi, l’atteinte de l’équilibre est le résultat des interactions entre la personne et l’environnement dans lequel elle évolue. Sur le plan individuel, chaque personne peut développer une panoplie de moyens et se doter d’outils pour se sentir mieux et s’adapter aux défis qui se présentent à elle. Néanmoins, un environnement qui nous impose des exigences irréalistes ou même néfastes aura un effet négatif sur l’atteinte de cet équilibre. Une plante poussera mieux dans un environnement fertile, riche en nutriments essentiels; il en va de même pour le bien-être des individus. La santé mentale est donc à la fois un enjeu individuel, mais aussi collectif.
À la lumière de cette définition, pourquoi les organisations devraient-elles se préoccuper de santé mentale?
1- NÉGLIGER LA SANTÉ MENTALE AU TRAVAIL COÛTE CHER AUX ORGANISATIONS
Tout d’abord, il faut savoir que de ne pas s’en préoccuper coûte excessivement cher, aux plans social et humain, mais aussi d’un point de vue économique. La détresse psychologique en milieu de travail a des impacts significatifs sur les organisations tels que des taux élevés d’absentéisme et de rotation de personnel ainsi qu’une baisse de productivité. En 1995, le Conseil du patronat du Québec chiffrait ces impacts à 6,5 milliards de dollars annuellement. Les coûts directs et indirects (heures supplémentaires, remplacements, etc.) de l’absentéisme totalisent, en moyenne, 17 % de la masse salariale des organisations. En contrepartie, des analyses coûts-bénéfices montrent que certaines mesures de promotion et de prévention en santé mentale, telles que les programmes d’aide aux employés, peuvent générer de 2 à 4 $ en économies pour chaque dollar investi. Ainsi, faire la promotion d’une bonne santé mentale en organisation est plus payant que de ne rien faire. L’inertie a des coûts très élevés, particulièrement dans le champ de la santé.
2- UNE MEILLEURE SANTÉ MENTALE AMÉLIORE L’EFFICACITÉ INDIVIDUELLE AU TRAVAIL.
Dans notre ère actuelle, préoccupée par le progrès et la performance, la grande majorité des organisations ont le souci que leurs employés utilisent de façon optimale leur temps de travail afin d’être le plus efficaces possible. Contrairement aux mythes véhiculés, les longues heures de travail, la vitesse d’exécution et le « multitasking » ne sont pas des gages d’efficacité. Bien au contraire, ils sont plutôt susceptibles d’augmenter le stress et la détresse psychologique des employés et donc le nombre d’erreurs et de mauvaises prises de décision. Les sciences cognitives tendent plutôt à montrer que le cerveau a bel et bien des limites et qu’il a besoin de se reposer pour mieux fonctionner. Par ailleurs, les professionnels et les gestionnaires qui évoluent dans des situations fort complexes prennent de meilleures décisions lorsqu’ils ont le temps de réfléchir et de prendre du recul. Ainsi, pour aller chercher le « meilleur » de chaque employé, mieux vaut avoir des demandes réalistes et proposer une culture du travail qui respecte les capacités du cerveau humain!
3- UNE MEILLEURE SANTÉ MENTALE DE L’ENSEMBLE DES EMPLOYÉS ET DES GESTIONNAIRES AUGMENTE LA PERFORMANCE ORGANISATIONNELLE.
La performance est sans aucun doute liée à une définition claire des processus et de l’aménagement des tâches au sein de l’organisation. Néanmoins, ces processus et ces tâches seront d’autant plus efficaces s’ils sont mis en œuvre par des équipes de travail en bonne santé. En effet, des études récentes confirment que la dynamique de groupe a des effets significatifs sur la performance des équipes de travail. Une des caractéristiques des équipes efficaces est l’établissement d’un climat qui met de l’avant la sécurité psychologique.
En résumé, les équipes qui valorisent l’empathie et l’équité entre leurs membres travaillent mieux, sont plus créatives et performantes. Ainsi, pour aller chercher le « meilleur » des équipes de travail, les organisations ont tout intérêt à mettre l’accent sur la collaboration et le bien-être psychologique en milieu de travail. En résumé, la prise en compte de la santé mentale en milieu de travail est une plus-value, tant pour les individus qui voient leur bien-être au travail amélioré, mais également pour les organisations qui peuvent ainsi assurer un développement optimal en s’appuyant sur des équipes de travail efficaces.
Avec revuegestion