Un soutien efficace à la santé psychologique des travailleurs doit reposer sur un bilan des facteurs de risque spécifiques au contexte d’emploi. Que devrait-on apprendre d’un tel bilan? Un rapport publié récemment offre justement l’exemple d’un état des lieux au sujet de la santé psychologique des jeunes avocates québécoises, qui constituent une catégorie de travailleuses particulièrement à risque de vivre de la détresse psychologique. Ce rapport met en lumière trois types de risques distincts : ceux liés au travail, ceux liés à la profession ainsi que des caractéristiques individuelles.
LES RISQUES LIÉS AU TRAVAIL
Les facteurs de risque liés au travail font référence aux demandes que le milieu de travail exige de ses employés ainsi que les ressources qu’il leur offre. Le rapport cité précédemment met en lumière que certaines organisations qui emploient des avocats créent des environnements de travail propices à certaines sources de stress. On fait notamment référence à une surcharge significative de travail causée par une quantité importante de dossiers à traiter ainsi que par le mode de rémunération, dans le secteur privé, qui implique de travailler un grand nombre d’heures non facturables.
Par ailleurs, cette charge quantitative de travail s’accompagne également d’une charge émotionnelle, liée à la détresse fréquente chez les clients ainsi que l’exigence de fortes habiletés relationnelles. Les avocats soumis à de telles conditions présentent de fréquents conflits travail-famille, souvent ignorés par les employeurs. En effet, les organisations offriraient peu de mesures pour faciliter cette conciliation.
En contrepartie, les milieux de travail peuvent favoriser l’utilisation de ressources qui, dans certains cas, contrebalancent certains des effets du stress ressentis par les avocats :
- un grand contrôle sur la tâche;
- une rétribution financière satisfaisante;
- des signes fréquents de reconnaissance;
- du soutien social;
- un soutien aux pratiques professionnelles éthiques en concordance avec les valeurs personnelles des avocats;
- les opportunités d’accomplissement professionnel.
LES RISQUES PROFESSIONNELS
Dans un second temps, le rapport permet également de constater que les avocats sont soumis à un certain nombre de facteurs de risque professionnels, de nature plus macro et influencés par des éléments juridiques, culturels, économiques, etc. On peut penser, par exemple, à l’utilisation accrue des technologies de la communication. En effet, il n’est pas rare que les avocats soient sollicités à toute heure de la journée ou même la fin de semaine. Cette exigence de disponibilité prolongée exacerbe le stress déjà vécu. Le traitement des dossiers en mode d’urgence contribue également à l’augmentation du rythme de travail.
On note également que la profession d’avocat, particulièrement dans les firmes privées, est encadrée par une culture de performance alimentée par la course à la profitabilité. Une compétition prend évidemment forme entre les avocats de firmes différentes mais également entre ceux issus d’une même entreprise. Cette compétitivité omniprésente va jusqu’à devenir la source d’incivilités qui contribuent à l’augmentation de la détresse au travail.
LES CARACTÉRISTIQUES INDIVIDUELLES
Finalement, le rapport s’intéresse plus particulièrement aux jeunes avocates, car celles-ci présentent des facteurs de risque supplémentaires que sont l’âge et le genre.
En effet, on soulève les risques spécifiques au fait d’être un jeune avocat en début de carrière. Les jeunes professionnels vivraient un stress accru lié à leur manque d’expérience et aux limites de leurs stratégies d’adaptation, à leur manque de confiance en soi et à la nécessité de composer avec des responsabilités familiales nouvelles.
Par ailleurs, le fait d’être une femme constitue également un facteur de risque distinct. En effet, les avocates rapportent, plus que les hommes, être exposées à des risques spécifiques :
- le sexisme en milieu de travail ;
- l’agressivité de la part des clients ;
- les inégalités salariales ;
- la famille comme un frein à la carrière ;
- la pression à prouver sa compétence professionnelle ;
- la difficulté à faire sa place en milieu de travail ;
- la charge émotionnelle ;
- les conflits de rôles ;
- le mode de rémunération.
UNE PIERRE D’ASSISE POUR DES ACTIONS CONCRÈTES ET EFFICACES
Le bilan présenté dans le rapport sur la santé psychologique des jeunes avocates ne permet pas de faire qu’un état des lieux. Il peut également devenir une pierre d’assise sur laquelle reposeront des actions concrètes de promotion de la santé psychologique. Ainsi, bien comprendre le contexte de travail d’un groupe de travailleurs au sein de votre organisation vous permettra de mettre en place les solutions les plus pertinentes et appropriées, propices à favoriser le bien-être et l’engagement de vos employés.
À ce sujet, vous pouvez également lire un article qui présente les risques psychosociaux en milieu de travail, c’est-à-dire les sources de stress susceptibles d’avoir un impact sur la santé psychologique des travailleurs.
Avec revuegestion