Dans le domaine de la restauration rapide, les rares idées font une grande percée et ce concept, la sénégalaise Fati Niang jeune chef d’entreprise l’a bien compris. À 34 ans, elle a créé Black Spoon, un ‘’food truck’’, un camion qui transporte la gastronomie africaine.
la jeune femme d’origine sénégalaise se concentre essentiellement sur la cuisine ouest-africaine : mafé, poulet yassa, tiep bou dien,brochettes d’alloco… Elle mise sur qualité des produits, rapidité du service et accessibilité. Les différents plats sont concoctés chaque matin par son équipe dans un laboratoire de cuisine loué au mois.
Depuis son plus jeune âge, elle se voit devenir femme d’affaires. Attirée également par le monde du mannequina à l’âge de 16 ans qu’elle côtoie pendant 5 ans, elle s’arrête car à cette époque, il est dur de percer dans”ce monde qu’elle aime”, entant qu’africaine.
Chargée d’affaires dans une société de décoration de bureaux pendant dix ans, elle plaque en 2012, après la naissance de sa deuxième fille. “J’en ai eu marre de ces patrons qui ne comprenaient pas que lorsqu’on est une femme, avec des enfants, il faut parfois partir plus tôt”, déclare-t-elle.
Elle pense d’abord à ouvrir un restaurant, mais se rend compte qu’elle n’a pas assez d’expérience… culinairement parlant et financièrement, les banques ne suivent pas. “Le food truck, c’était le parfait compromis !” En collaboration avec une agence de communication, elle choisit le nom de son camion après une large sélection et se fait aider par un spécialiste des saveurs africaines pour l’élaboration de son menu.
Depuis près de deux ans, la capitale française est envahie par ces camions ambulants sophistiqués dont les mets pourraient faire rougir bien des restaurants, phénomène venu des Etats-Unis. “Le food truck, c’est particulier, explique la jeune femme. Ceux qui en ont un forment une sorte de communauté, au sein de laquelle il y a une charte de qualité et des normes à respecter. En gros, c’est une nouvelle génération qui a à cœur de proposer une cuisine de meilleure qualité et abordable.”
Le food truck nécessite un travail poussé sur l’apparence… Blanc et noir verni, avec des pointes de fuchsia pour celui de Fati Niang, qui a compris dès le départ qu’en la matière, l’image et la communication étaient déterminantes. Si bien qu’avant même de lancer Black Spoon elle avait préparé le terrain avec son agence de communication. En décembre 2013, le camion fait sa première sortie et… le buzz sur les réseaux sociaux. Les interviews s’enchaînent. “J’ai tout de même été assez surprise, dit-elle. Je n’aurais jamais imaginé être contactée par autant de médias et d’inconnus qui, sur Facebook notamment, me font part de leur avis et de leur expérience.”
Mais, comme la plupart de ses compères, Fati Niang peine encore à obtenir une autorisation de stationnement auprès de la mairie de Paris et doit se contenter d’emplacements dans les communes avoisinantes. “Faire manger du mafé aux cols blancs du quartier d’affaires de la Défense (Hauts-de-Seine), ce n’était pas gagné d’avance !” plaisante-t-elle. Au bout de trois mois seulement et malgré l’hiver, Black Spoon avait déjà servi plus de 1 500 clients. Aujourd’hui, il est de plus en plus sollicité pour des salons, des foires, des parcs d’attractions ou des événements privés.
Au total Fati Niang, qui ne se verse toujours pas de salaire, aura mis un an et demi à monter son projet. Formation en création et gestion d’entreprise, élaboration du business plan, recherche de financements : “On ne devient pas entrepreneuse par un claquement de doigts, et puis nous sommes en France, il y a toujours des montagnes de papiers à remplir”, sourit-elle.
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