Si le programme s’appelle ainsi, c’est bien sûr une référence évidente à cette première actrice de changement, mais aussi parce qu’il est né en 2010 à Evian, et parle d’éveil et d’évolution.
Cette édition africaine revêt une importance particulière, car les femmes occupent une place primordiale sur le Continent. Elles sont plus de 519 millions, soit plus de la moitié de sa population totale. Selon une étude publiée en 2013 par l’OCDE, elles constituent jusqu’à 70% de la main-d’œuvre agricole en Afrique, concourent à la production de 90% des denrées alimentaires et produisent 61,9% des biens économiques.
Pour autant, les femmes sont encore largement sous-représentées dans le salariat et le secteur non agricole (8,5% à l’échelle du Continent) de sorte qu’elles se trouvent souvent privées des bienfaits et avantages liés au formidable essor économique et technologique africain.
EVE a pour vocation d’aider les femmes à prendre confiance en elles, et les organisations à prendre conscience des difficultés que les femmes rencontrent dans leur ascension au sein de l’entreprise. Le Programme est construit sur la conviction que si l’on veut changer les choses, il faut d’abord se changer soi-même. Lorsque nous avons décidé de poursuivre la régionalisation -commencée en Asie- du Programme en Afrique, nous nous sommes rendu compte que nous avions cet état d’esprit en commun avec le continent : que chacun puisse davantage être en maîtrise de son destin !
En ce qui concerne la progression des femmes en entreprise, tout a changé quand nous avons réalisé que si les femmes ne progressaient pas dans les entreprises autant qu’elles le devraient, c’était d’une part de la faute de nos organisations, mais aussi de leurs propres croyances, trop souvent auto-limitantes.
Des études montrent que lorsqu’un poste est proposé en entreprise, si un homme est intéressé, il postule. Si c’est une femme, elle attend souvent qu’on vienne la chercher. Par ailleurs, pour prendre ce poste, un homme pense qu’il doit avoir 50% des compétences requises. Une femme, elle, va vouloir avoir 80% des compétences pour se sentir légitime…
C’est ainsi que nous avons imaginé un Programme de «soft skills», afin d’aider les femmes à davantage savoir ce qu’elles veulent et à savoir l’exprimer, et pour aider les hommes à mieux comprendre les modes de fonctionnement de leurs collègues féminines.
«Oser être soi pour pouvoir agir», notre motto depuis le début s’affirme comme un cheminement puissant qui nous rend individuellement plus forts et nous engage dans une performance collective, et ce quel que soit le continent, quel que soit le pays.
Dépasser le plafond de verre passe par notre capacité d’être acteur, actrice de changement, en étant alignés avec nos valeurs profondes, à l’écoute de nos besoins et en sachant les exprimer. Par un effet de contagion, on pourra avoir un impact positif sur l’ensemble de la société -et c’est d’ailleurs tout le sens de cette citation de Nelson Mandela : «En faisant scintiller notre lumière, nous offrons aux autres la possibilité d’en faire autant».
Le 15 octobre 2010, l’Union africaine lançait à Nairobi la «Décennie de la Femme africaine», un appel sans précédent pour accélérer l’autonomisation des femmes en Afrique. Des événements d’envergure mondiale ont depuis marqué nos esprits. On se souvient notamment de ce jour d’octobre 2011 où le prix Nobel de la Paix fut décerné conjointement à trois femmes (Ellen Johnson Sirleaf, LeymahGbowee, et Tawakkul Karman), dont deux sont Africaines.
À l’approche de 2020, fixons-nous de nouvelles ambitions et faisons du leadership des femmes une priorité pour l’Afrique de demain.
Avec weforum