Le premier septembre 2016, First Nation Airlines a indiqué qu’il suspendait indéfiniment ses opérations. Cette annonce est intervenue moins de 24 heures après celle Aero Contractors, un autre transporteur local d’envergure au Nigéria. Les compagnies aériennes nigérianes pourraient n’avoir d’autre choix, que de se regrouper, face à la crise qu’elles traversent.
Selon Muhtar Usman, le directeur de l’autorité de l’aviation civile au Nigéria, les deux compagnies se sont retrouvées avec un seul appareil exploitable. Or, selon la régulation nigériane, il n’est pas autorisé aux transporteurs aériens de se retrouver dans de telles situations. Au-delà des appareils manquants, le défi que traversent ces entreprises est beaucoup plus profond.
La crise des devises que traverse l’économie de ce pays n’a pas manqué de toucher le secteur du transport aérien. Aero a expliqué que, techniquement, les billets d’avions sont payés en nairas car les passagers voyagent à l’intérieur du pays. Mais les coûts de maintenance sont réglés en dollars US. Or, plus encore qu’avant la dévaluation du naira, l’accès aux dollars est devenu difficile pour de nombreuses entreprises au Nigéria.
Cette situation liée au change n’a pas manqué de toucher aussi les compagnies étrangères, qui ont toutes leurs charges d’exploitation réglées en dollars et qui éprouvent des difficultés à rapatrier les revenus payés par leurs clients nigérians en nairas. Face à la dévaluation du naira, ces compagnies sont devenues simplement inaccessibles pour de nombreux voyageurs nigérians. Emirates a réduit sa rotation sur Lagos à seulement un vol par jour, contre deux précédemment et d’autres compagnies aériennes réfléchissent sur l’attitude à tenir.
Celles qui bénéficient de la tournure des choses ce sont les compagnies locales mais qui assurent des lignes internationales. Le gros de leurs charges d’exploitation (frais de siège, du personnel et une partie de la maintenance) sont réalisées en nairas et, malgré une légère hausse des prix, elles demeurent compétitives faces aux compagnies étrangères, notamment à destination de l’Europe ou de l’Amérique. Au mois de juillet dernier, Medview et Arik Air annonçaient l’arrivée de nouveaux appareils, pour faire face à la hausse de la demande.
Logiquement, Arik Air qui dessert aussi les lignes intérieures, pourrait trouver un accord avec les autres compagnies dans le cadre d’un regroupement des ressources. Aero Contractor qui avait déjà bénéficié du soutien de l’administration nigériane, a indiqué que son service de maintenance continuerait de fonctionner. Mais il est aujourd’hui peu probable que le gouvernement nigérian, qui a lui aussi réduit considérablement ses dépenses, puisse injecter des capitaux dans le secteur.
Il est à noter, que ces défis que traversent les compagnies nationales nigérianes, les rendent moins compétitives sur les lignes africaines, notamment d’Afrique de l’ouest (Ghana, Abidjan, Dakar, Douala, Libreville). Et de ce point de vue, une compagnie comme Asky, devrait y trouver un terrain fertile, pour engranger des parts de marché supplémentaires et asseoir son leadership. Tous les jours, un de ses vols part de Lagos, avec possibilité d’arriver le même jour dans dix autres capitales d’Afrique centrale et de l’ouest.
Avec Agence Ecofin