La mission de la dernière chance de ce lundi 2 juillet 2018, a tourné court pour les ministres PDCI missionnés par le vice-président Daniel Kablan Duncan (absent pour cause de mission à Nouakchott), sur instruction du président Alassane Ouattara. Partis à Daoukro, pour plaider pour le parti unifié, ils se sont vus opposer un refus catégorique de la part d’Henri Konan Bédié. Bédié réunion ministre PDCI Daoukro.
Sauf changement de dernière minute, il n’y aura pas de conseil des ministres demain mercredi 3 juillet 2018, cependant un conseil de gouvernement traditionnellement présidé par le premier ministre, est prévu ce matin à 10 h à la Primature au Plateau. De bonne source, c’est en marge du dernier conseil des ministres tenu à Yamoussoukro, le 27 juin 2018, que le président Alassane Ouattara a instruit son vice-président Daniel Kablan Duncan, de conduire une mission auprès d’Henri Konan Bédié, en vue de la ratification par le PDCI, des textes du parti unifié.
Ce lundi, les ministres PDCI au grand complet étaient donc porteurs d’une feuille de route validée par Duncan, à l’endroit de Bédié. Celle-ci proposait notamment la convocation d’un congrès extraordinaire, financé en haut lieu (à l’instar des congrès des autres partis membres du RHDP) dont l’objectif serait l’adoption des textes fondateurs du RHDP.
« LA CRÉATION DE COURANT N’EST PAS ADMISE DANS NOTRE PARTI »
« Bédié leur a dit qu’il s’en tenait aux recommandations du bureau politique », nous a confié notre source. Le patron du PDCI que certains soupçonnent de manoeuvrer pour sa propre candidature à la présidentielle de 2020, habituellement peu bavard s’est montré quelque peu agacé par la démarche des ministres PDCI. En effet, précise notre source, il a fermement déconseillé à ses interlocuteurs de prendre des initiatives, en dehors des textes du PDCI.
« J’ai appris que certaines personnes veulent créer un courant au sein du parti, dont l’objectif serait de soutenir un projet sur lequel le bureau politique s’est clairement exprimé. La création de courant n’est pas admise dans notre parti », aurait laissé entendre Bédié.
Les ministres PDCI sont donc rentrés bredouille de leur mission de Daoukro. Informé, Duncan a aussitôt avisé le chef de l’Etat, qui devrait maintenir sa position de ne pas présider de conseil des ministres jusqu’à nouvel ordre. C’est un camouflet pour Ouattara qui avait fait du projet de parti unifié, son principal chantier politique de fin de mandat. Après le « non » du petit parti de l’UPCI de Brahima Soro et le « oui mais » du PDCI, il est désormais contraint de changer de stratégie, chose qu’il n’avait pas prévue.
Bédié réunion ministre PDCI Daoukro et fiasco de la stratégie de Ouattara
Pris au piège de sa propre stratégie, faite de pressions au lieu de négociations (ce que conseillait du reste, Guillaume Soro), Ouattara est obligé de passer à la fédération de partis qui n’aura pas le même poids politique que le parti unifié, étant donné que les partis politiques conserveraient leur identité et pourraient donc désigner leur propres candidats à la présidentielle de 2020.
Selon nos informations, le futur gouvernement qui sera formé dans les jours à venir, devrait voir le maintien de la majorité des ministres actuels issus du PDCI, étant tous favorables, du moins en public, au parti unifié. Bédié n’y verrait aucun inconvénient. Quant à Albert Toikeusse Mabri de l’UDPCI, il devrait signer son retour au sein du gouvernement. Il est annoncé au Plan, Joseph Séka Séka du PIT devrait occuper le ministère de l’Environnement.
Mais tout ceci reste assujetti aux décisions inattendu d’Alassane Ouattara. Quant au PDCI, il devrait renouer avec les cérémonies d’hommage à Bédié. La prochaine étape est prévue à Gagnoa, une cérémonie programmée depuis plusieurs semaines et qui tombe opportunément, pour effacer les traces du premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Avec ivoiresoir