Des milliers d’enfants risquent de mourir de malnutrition pendant la saison sèche qui sévit dans le Kasaï en RDC s’alarment mardi les évêques congolais, à la suite de l’Unicef.
“La malnutrition sévère frappe plusieurs centaines de milliers d’enfants et de femmes allaitantes”, écrit l’organisation catholique Caritas Congo dans un communiqué, relayant la plaidoirie des évêques du Kasaï pour “une intervention assez rapide et massive”.
“Si les enfants ne sont pas assistés maintenant, on risque d’avoir des morts par milliers”, déclare dans le communiqué l’archevêque de Kananga Mgr Marcel Madila.
Caritas reprend les chiffres de l’Unicef selon lesquels “770.000 enfants de moins de cinq ans souffrent de malnutrition aiguë (…) dont 400.000 sont gravement dénutris et menacés de mort”.
Le Kasaï a été le théâtre d’un conflit entre les forces de sécurité et une milice politico-religieuse entre septembre 2016 et mi-2017. Bilan: au moins 3.400 morts, 1,4 million de déplacés.
Les deux camps ont été accusés de crime contre l’humanité par des experts de l’ONU mandatés par le Conseil des droits de l’homme.
L’insécurité alimentaire au Kasaï a été aggravée par une forte baisse de la productivité des terres liée au déplacement des populations qui fuyaient des violences.
En mars, les autorités congolaises avaient estimé que les ONG humanitaires exagéraient les souffrances des populations -notamment dans la région du Kasaï- et boycotté une conférence internationale visant à récolter des fonds.
La RDC compte 4,49 millions de déplacés au 31 mai 2018, selon une estimation du Haut-commissariat aux réfugiés (HCR). Le gouvernement congolais en reconnaît presque 20 fois moins (231.241 en mars).
D’après le HCR, il y a également 772.000 réfugiés congolais en Afrique (Ouganda, Tanzanie, Rwanda, Burundi…) et 534.108 réfugiés africains en RDC (Rwanda, Centrafrique, Sud-Soudan…).
Ce chassé-croisé de réfugiés entre la RDC et les pays voisins est une singularité de la région des Grands lacs, avait observé le Haut-commissaire Filippo Grandi lors d’une visite à Kinshasa en mars.
Le nombre de déplacés n’est qu’une estimation en RDC, où personne ne connaît exactement le nombre d’habitants faute de recensement depuis plus de 30 ans, avait-il reconnu.
Avec AFP