Sécurisation du territoire, accueil des touristes, mouvements sociaux… Le pays doit faire face à de nombreux défis, à une semaine de l’événement.
Un enjeu pour tous. Vendredi prochain, les Bleus entameront l’Euro de football, donnant le coup d’envoi, pour un mois, d’une fête populaire bien particulière. Car le pays s’apprête à accueillir des millions de touristes alors que la menace terroriste plane toujours, et que les conflits sociaux se succèdent. Pour l’Etat comme pour les forces de l’ordre et les commerçants, la pression monte.
Des fan-zones très sensibles
Les autorités américaines elles-mêmes ont prévenu leurs citoyens cette semaine : l’Euro 2016 est «une cible» pour les terroristes. Depuis les attaques du 13 novembre, qui ont notamment frappé le Stade de France, l’Etat français ne cesse, lui non plus, de rappeler l’ampleur du danger, faisant de ce tournoi «l’événement sportif le plus sécurisé jamais organisé», selon le ministre des Sports, Patrick Kanner. En plus des 10 000 soldats de l’opération Sentinelle, l’Intérieur s’apprête à mobiliser 90 000 membres des forces de sécurité, chargés notamment de surveiller les doubles barrages filtrants installés autour des stades. Un système qui, lors de la dernière finale de Coupe de France, a connu des ratés, et ravivé l’inquiétude.
Pour parer au pire, les simulations d’attentats se sont multipliées, dont la dernière en date, mardi, à Saint-Denis. Mais les craintes se cristallisent surtout autour des dix fan-zones prévues dans les villes-hôtes. Des enceintes ultra-surveillées dont la plus importante, sur le Champs-de-Mars, à Paris doit accueillir 92 000 visiteurs. Preuve de la peur ambiante : deux Français sur trois estiment qu’il sera dangereux de s’y rendre, d’après un récent sondage Odoxa. Les acteurs du tourisme sont eux aussi sur les dents, souhaitant vivre un événement festif et lucratif, après une année 2015 morose. Sept millions d’étrangers sont attendus pendant la compétition, pour des retombées estimées à 1,2 milliard d’euros.
Afin d’être prêts, 30 000 professionnels ont reçu un guide les incitant à «afficher leur culture foot» et réviser leur anglais. Toute la France espère en profiter, et notamment les petites communes accueillant les camps de base des équipes. L’Ile de Ré, hôte des tenants du titre espagnols, est ainsi déjà prête à «ibériser» le nom de ses villages.
Pour ajouter à la tension ambiante, la guerre des nerfs entre le gouvernement et les opposants à la loi travail se poursuit. Dans les transports, la grève à la SCNF, entamée mardi, a été reconduite, tandis que les pilotes appellent à des blocages dans les aéroports du 11 au 14 juin. D’où la crainte de graves perturbations en plein Euro, qui seraient une défaite pour tout le monde. Une telle pagaille en mondovision aurait en effet, pour 70 % de la population, de réelles conséquences négatives sur l’image de la France, toujours selon Odoxa.
Avec Direct Matin