Après le camouflet du Mondial 2014, l’honneur des arbitres français est sauf grâce à Clément Turpin, benjamin des 18 arbitres de champ sélectionnés pour officier lors de l’Euro 2016, incarnant l’émergence d’une nouvelle génération.

“C’est quand même une immense fierté personnelle de participer à l’Euro 2016 dans son pays. C’est le résultat de beaucoup d’années de travail et de sacrifices. C’était important aussi de représenter l’arbitrage national en France, d’y être”, a confié Clément Turpin à l’AFP. L’arbitre, âgé de 34 ans, n’est pas le seul à se réjouir. L’arbitrage français, marqué par l’absence d’un de ses représentants au Mondial 2014 -une première depuis 40 ans-, voit ses réformes porter ses premiers fruits.

Première compétition internationale

“C’est une très bonne chose. Sa sélection récompense son travail individuel et puis le travail collectif qui est fait avec la direction technique de l’arbitrage”, explique à l’AFP son directeur Pascal Garibian, qui a entrepris depuis 2013 “un travail sur la promotion et détection des meilleurs arbitres” ainsi qu’un “rajeunissement” des éléments. “Derrière Clément Turpin, il y a d’autres arbitres qui acquièrent de l’expérience et emmagasinent des matches de haut niveau, étape par étape”, ajoute-t-il, en citant Ruddy Buquet, Benoît Bastien ou Benoît Millot comme autres têtes d’affiche de la nouvelle génération.

Turpin, dont ce sera la première compétition internationale (10 juin-10 juillet), semble toutefois avoir écrasé toute forme de concurrence en France cette année, en raflant la quasi-majorité des événements majeurs de 2016 : également sélectionné, avec Stéphanie Frappart, pour les jeux Olympiques de Rio (5-21 août), il a été désigné pour arbitrer samedi dernier le Clasico OM-PSG en finale de la Coupe de France, la deuxième de sa carrière.

Ancien joueur dans les catégories de jeunes

“C’est un jeune qui grimpe”, s’était félicité après de l’AFP le président de la FFF Noël Le Graët, en marge du congrès de l’UEFA début mai. Ce qu’il a en plus ? “C’est vraiment sa capacité à lire le jeu, à anticiper presque, et de s’effacer pour que le spectacle soit à la hauteur de ce que souhaitent faire les acteurs”, mais aussi “son management qui est tout en nuance, psychologie et fermeté”, l’encense encore Garibian. Ces désignations prestigieuses viennent couronner un travail conséquent: il visionne “quatre à cinq matches” par semaine tout en s’entraînant physiquement avec “un suivi d’athlète de très haut niveau”, mais surtout un parcours remarquable de précocité.

Educateur à Montceau-les-Mines, où il a évolué au poste de N.6 puis en défense centrale dans les catégories de jeunes, le Bourguignon a commencé à se consacrer pleinement à l’arbitrage à 19 ans. “Sur les plateaux de débutants, il n’y a jamais d’arbitre. C’est toujours le papa d’un joueur qui prend le sifflet ou le jeune éducateur. C’était mon cas. Un des dirigeants de mon club m’a demandé si je ne voulais pas officialiser le truc. J’ai passé mon examen et c’est l’une des plus belles décisions que j’ai pu prendre”, raconte-t-il.

“Créer quelques déclics dans la tête de jeunes”

Sa carrière décolle en un rien de temps : championnat de Ligue 2 à 25 ans, Ligue 1 l’année suivante, plus jeune arbitre français à devenir arbitre international Fifa en 2009, puis la catégorie élite UEFA en juillet dernier. “Si cette qualification permet de créer quelques déclics dans la tête de jeunes, qui souhaiteraient alors tenter cette aventure-là, ce serait super”, espère Turpin. A lui de jouer cet été.