Vision précise et stabilité managériale
Ethiopians Airlines dès ses premiers vols de 1946 s’était donné pour mission de devenir une compagnie moderne et rentable. L’Etat, principal actionnaire, va mettre
sur pieds un modèle qui offre des conditions particulières notamment pour les coûts du travail, le coût des emprunts et une totale liberté aux managers. Le plan 2010-2025, qui entendait installer la compagnie dans le giron des meilleurs mondiaux avec une densification de sa flotte, une ouverture de nouvelles destinations et un accroissement des volumes et des bénéfices va très vite être atteint. Aujourd’hui, la compagnie compte environ 80 aéronefs passagers et 8 avions cargos, et dessert 95 destinations. Ancien Directeur des opérations et cadre de la maison, Tewolde Gebremariam est passé PDG en 2011 pour venir exécuter le plan dont il a été l’un des principaux artisans. Depuis 5 ans, l’organisation qu’il a mit sur pieds permet déjà à la compagnie d’avoir la flotte la plus jeune du continent. Alors que sa principale rivale South Africa vient d’avoir son 7ème dirigeant en 3 ans, la stabilité est de mise chez
Ethiopians. Son partenaire Boeing avec lequel ils collaborent depuis près d’un demi-siècle, a vu au cours des 5 dernières années, son carnet de commande se noircir. Ces investissements sont soutenus par le réinvestissement des bénéfices car, ici, l’Etat pour affirmer sa volonté, ne perçoit pas de dividendes. Cette importante manne inancière est donc réaffectée dans les équipements. Ainsi depuis 2013, L’Etat et la compagnie se sont lancé dans un projet de construction d’un nouvel aéroport dans la proche banlieue d’Addis Abeba qui aura 4 pistes d’atterrissage, d’énormes capacités de garage d’avions et 120 millions de passagers par an. En ne s’immisçant pas dans la gestion opérationnelle de la compagnie, l’Etat Ethiopien prouve que des ompagnies
publiques peuvent bien fonctionner et être rentable.
Des choix commerciaux osés
Alors que l’essentiel des compagnies du Sud avaient misés sur les lignes en direction
de l’Europe comme cheval de bataille, Ethiopians Airlines a cru dès le début au pouvoir commercial de l’Est et de l’Ouest. L’explosion commercial de la Chine et l’embellie économique du Brésil, de l’Australie et de la Russie ont driver leur choix. Avec plus d’une cinquantaine de destinations sur l’Afrique, Ethiopians s’est assuré d’un bel encrage sur le continent. Dans certains marchés, la compagnie a renforcée son poids par un accroissement des fréquences. Ces choix commerciaux lui ont toujours permis de garder le cap même lorsque les coûts du kérosène étaient au plus
haut. Avec la chute de son prix, les résultats opérationnels ont franchi un pallier.
Ainsi au cours de l’exercice clos fin juin 2015, la compagnie a enregistré un profit
net de 3,15 milliards de birrs (134 millions d’euros ou 86,5 milliards de FCFA), contre 2 milliards de birrs un an plus tôt. D’après les comptes vérifiés par l’Audit Services Corporation (une société spécialisée dans les entreprises publiques), sa marge d’exploitation est de 9,49 %, (contre 2,14 % en 2011), soit un niveau comparable à celui des plus grands transporteurs européens. Pour parvenir à de tels résultats, la compagnie a fait monter ses standards de qualité autant au sol que dans les airs. Son personnel naviguant, ses techniciens sont recyclés et chaque fois mis aux normes les plus stricts dans l’aviation. Tout ce professionnalisme a fait virer la compagnie au peloton de tête des compagnies les plus sûres du monde. Après avoir pris une avance dans la bataille du ciel en Afrique, la compagnie va maintenant devoir faire un
nouveau saut qualitatif pour affronter les compagnies du Moyen Orient et d’Asie
(Qatar, Abou Dhabi, Emirats Arabe Unis et la Chine). Cette nouvelle concurrence sur le marché domestique Africain sera épique.
Image institutionnelle
Les performances des compagnies aériennes éponymes sont souvent liées à la situation politique et sécuritaire du pays. Ethiopians Airlines a su tirer profit de l’image assez stable du pays, devant notamment Kenya Airways qui lui subit les affres des attaques terroristes des shebbab. Au-delà de la perception du pays, la compagnie
a su s’imprimer comme une marque forte dans l’industrie du transport aérien. Le nombre d’avions exploités, le nombre de routes aériennes et la structure de sa flotte qui comporte une dizaine de gros porteurs Boeing 787 Dreamliner en font un géant.
Pour conforter ses ressources, la compagnie n’hésite pas à faire des placements et conclure des accords capitalistiques et stratégiques. Elle fait notamment partie de « Star Alliance » et gros porteur dans d’autres compagnies 40 % du togolais Asky Airlines et 49 % de Malawian Airlines. Son PDG Tewolde Gebremariam en parlant de ses plus va affirmer « Notre business model s’inspire de celui de Singapore Airlines, une autre compagnie aérienne d’État ayant bénéficié d’un développement géré par le gouvernement. Primo, c’est une compagnie très compétente en matière de performance financière. Secundo, elle a créé une marque mondiale très forte, et cela a été accompli sur un petit marché parce que Singapour est une cité-État de 5 millions de personnes ». En adaptant ces recettes, la compagnie a réussit en à peine 6 ans a réaliser tous les fondements de son plan qui court pourtant jusqu’en 2025. Il est donc temps pour les stratèges de Chirchill Road à Addis-Abeba de se parer pour les nouvelles batailles qui arrivent à coût sur l’Afrique.
avec businessmanagementafrica