Ces derniers temps, la question des titres d’identité est restée au cœur des préoccupations exprimées par mes interlocuteurs tant à Abidjan qu’à Fresco. La carte nationale d’identité ivoirienne est devenue une perle rare à acquérir malgré l’empressement des citoyens à s’acquitter des obligations pécuniaires en vigueur. L’acte de naissance dont la déclaration préalable à l’état-civil est perçue par certains comme un devoir insurmontable, pénalisant chaque année des milliers enfants à scolariser ou en classe de Cours moyen. Le certificat de nationalité dont la délivrance renvoie d’autres à chercher l’impossible carte nationale d’identité pour l’un ou pour les deux ascendants, parce qu’à un moment donné, ce document d’identité était devenu difficilement accessible.
Que de préoccupations! Que de gymnastiques pour obtenir une carte nationale d’identité en Côte d’Ivoire! Et si l’on faisant plus court, voire plus simple en octroyant à l’Ivoirien des documents d’état-civil et d’identité sans aucun obstacle?
De 2004 à 2011, j’ai exercé la fonction de vice-président de la défunte commission nationale de supervision de l’identification. Et cela m’a permis de découvrir le milieu de l’état-civil en Côte d’Ivoire où le faux est légion, surtout quand il est question de payer pour circuler facilement ou payer plus que ne le prévoit la règlementation pour obtenir en un temps record un acte de naissance, un certificat de nationalité, une carte nationale d’identité. Et c’est ainsi que des personnes qui n’ont pas droit à la carte nationale d’identité ivoirienne se voient proposées de débourser de l’argent pour devenir ivoirienne afin de circuler librement lors des contrôles d’identité ou pour intégrer la fonction publique de Côte d’Ivoire.
L’Etat engrange-t-il tout cet argent déboursé par ses citoyens. À l’évidence, il faut répondre par Non!
Pourquoi faire payer à son citoyen le droit de détenir un titre d’identité? N’est-ce pas du devoir de l’Etat de Côte d’Ivoire de connaître ses citoyens afin de mieux planifier le développement du pays? Et si l’Etat ivoirien consacrait des ressources financières pour sécuriser son état-civil et pour former des agents dédiés à cette tâche spéciale sans faire subir à ses propres citoyens (les Ivoiriens) des épreuves inutiles? À toutes ces questions, il n’y a qu’une seule réponse : la gratuité des documents d’état-civil et de la carte nationale d’identité.
La Côte d’Ivoire dispose suffisamment de raisons et de moyens pour légiférer afin de permettre à ses nationaux d’obtenir un acte de naissance, un certificat de nationalité et une carte nationale d’identité sans débourser le moindre sou. Ce sera également une façon de réparer l’injustice faite aux milliers de nouveaux candidats à la carte nationale d’identité depuis la délivrance en 2009 des cartes nationales d’identité à près de six millions de citoyens majeurs qui n’avaient déboursé aucun kopeck. Ce sera enfin l’unique solution pour permettre à la structure nationale chargée de délivrer les cartes nationales d’identité sans traîner les pas et sans pénaliser nos compatriotes, qui sont contraints de se contenter d’attestations d’identité dont les documents à fournir pour l’obtention, sont les mêmes nécessaires pour l’obtention du précieux titre nationale d’identité. Qu’en pensent ceux qui lisent ce point de vue mien?
Alain LOBOGNON,
Député de la Nation.