A quoi se sont engagés les Etats-Unis ?
La contribution nationale volontaire (INDC) des Etats-Unis a été déposée en mars 2015 au secrétariat de la Convention de l’Onu sur le changement climatique. Le second pollueur mondial (5,4 milliards de tonnes émises en 2015 soit 15% des émissions mondiales) s’engage à réduire de 26 à 28% ses émissions pour 2025 par rapport à 2005. Une étape est prévue à 17% en 2020. En 2050, une réduction de 80% est programmée. Les rejets ont commencé à diminuer en 2008.
L’engagement de réduction des émissions de gaz à effet de serre des Etats-Unis. L’objectif de 28% implique de multiplier par deux l’effort de réduction dès le début de la décennie 2020.
La politique américaine s’appuie sur un texte législatif, le “Clean air Act” qui donne les objectifs en matière de transports, d’énergie, d’isolation des habitants, d’émissions de méthane, etc. L’Etat fédéral a renoncé à établir un marché national du carbone, bien que la Californie et des Etats de la côte est, dont celui de New York, en aient un.
Quel est le débat au sein de la nouvelle administration Trump ?
Lors de la campagne présidentielle, Donald Trump a annoncé son opposition au traité de Paris et promis qu’il se retirerait de cet accord. Mais la question divise profondément son administration. Selon un article de Politico du 8 mai, une réunion sur la question qui devait se tenir le 9 mai a été annulée. La fille du Président américain Ivanka Trump et son mari Jared Kushner, ainsi que le secrétaire d’Etat Rex Tillerson sont pour un maintien des Etats-Unis dans l’accord. Le nouveau président de l’agence fédérale de l’environnement (EPA), Scott Pruitt, ainsi que le conseiller du président, Steve Bannon, plaident pour un retrait. Une décision devra être prise avant la réunion du G7 sous présidence italienne, les 26 et 27 mai prochain. Samedi, lors d’une première réunion multilatérale sur les engagements de chaque Etat, la Chine a demandé aux Etats-Unis s’ils avaient un plan pour atteindre les 17% en 2020. La réponse a été la suivante: “L’administration est en train de revoir les politiques et les réglementations existantes dans le but de renforcer la croissance américaine et de donner des emplois aux travailleurs américains et ne favorisera pas les politiques et les réglementations qui auraient des effets négatifs sur l’indépendance énergétique et la compétitivité américaine “.
Quels seraient les effets d’un retrait sur l’économie américaine ?
De nombreux groupes de réflexions, ONG, économistes mettent en garde sur les conséquences d’un abandon des objectifs de réduction des gaz à effet de serre. 769 000 Américains travaillent dans les énergies renouvelables et 2,2 millions dans l’efficacité énergétique et les économies d’énergie. En comparaison, l’extraction du gaz et du pétrole emploie 177 000 personnes et le charbon 50 000. En 2015, la capacité de l’éolien et du solaire a augmenté de 153 Gigawatts. Les investissements dans ce secteur se sont élevés à 265 milliards de dollars contre 130 milliards pour le charbon et le gaz. Ce que les économistes constatent c’est que la Chine a pris largement la tête des investissements dans les énergies renouvelables et domine aujourd’hui le marché du solaire, et ce au moment où le prix du kWh solaire et éolien devient moins cher à produire que celui issu des énergies fossiles.
Et sur le traité ?
Dès l’élection de Donald Trump le 8 novembre 2016, l’ensemble de la communauté internationale signataire de l’accord de Paris rassemblée ce jour-là à Marrakech (Maroc) pour la COP22, a réitéré sa volonté de le mettre en pratique. Mais le retrait du second pollueur mondial serait une très mauvaise nouvelle. D’abord parce que les USA pourraient émettre plus de gaz à effet de serre. Ensuite parce que le message envoyé peut décourager. Pourquoi continuer à faire des efforts ? pourront se demander de nombreux pays notamment ceux en développement. Les regards se portent aussi sur la Russie dont l’engagement en faveur du changement climatique n’a jamais été très actif. Le retrait du cinquième pollueur mondial pourrait provoquer un effet domino. Enfin, la renonciation des Etats-Unis rendra plus difficile le financement des politiques d’aides à l’adaptation au changement climatique des pays les plus pauvres.
Qu’en pensent les industriels américains ?
Le tissu économique américain semble assez consensuel sur la question : il est contre un retrait si l’on en croit la pétition ” business backs low carbone mission “. Les 760 plus grosses entreprises du pays ayant au moins 100 millions de dollars de chiffre d’affaires enjoignent le Président Trump de ne pas quitter l’accord de Paris. Certaines comme Apple ou Google visent même le “zéro émission ” de CO2 dans un avenir très proche.
Que vont faire les cinquante Etats fédérés ?
La plupart des grands Etats américains ont des objectifs de réduction de gaz à effet de serre qui ne seront pas remis en cause en cas de défection de l’administration centrale à Washington. La Californie cible ainsi une baisse de 40% de ses émissions en 2030 par rapport à 1990. Les villes de New York ou Los Angeles font partie du ” compact of mayors ” qui regroupe les plus grandes agglomérations luttant contre le changement climatique.
Avec sciencesetavenir