À l’occasion de l’Aïd el-Kébir, l’une des grandes fêtes de l’islam, pour la première fois les écoles publiques de New York seront fermées.
« Refléter la force et la diversité de notre ville ». C’est par ces propos que le maire démocrate Bill de Blasioavait annoncé cette mesure, qui était une promesse de campagne, en mars dernier. Il avait également annoncé qu’à partir de l’été 2016 un autre jour de congé serait consacré à l’Aïd el-Fitr, la fête qui marque la fin du jeûne du ramadan.
« Nous nous étions engagés vis-à-vis des familles à changer notre calendrier scolaire, pour refléter la force et la diversité de notre ville. Des centaines de milliers de familles musulmanes n’auront plus à choisir entre respecter les jours les plus sacrés de leur calendrier ou aller à l’école », avait-il expliqué.
Cette mesure qui concerne quelque 1,1 million d’élèves new-yorkais – dont 10% sont musulmans – renforcera également le sentiment d’appartenance de la communauté à la ville, qui consacre déjà des jours fériés aux religions chrétienne et juive (Yom Kippour). À partir de 2016, le 8 février serait également chômé pour célébrer le Nouvel an lunaire, observé en Chine et dans de nombreux pays asiatiques.
Interrogé par l’AFP, des représentants de la communauté musulmane ont exprimé leur satisfaction. « C’est une grande victoire de voir ce jour arriver », a expliqué Linda Sarsour, membre de la « Coalition for Muslim School Holidays » et mère de trois enfants.
« En tant qu’imam et parent, je suis très heureux », a également déclaré l’imam Shamsi Ali, directeur du Jamaica Muslim Center dans le quartier du Queens. « Je pense que ce genre de politique va contribuer à donner aux musulmans un sentiment d’appartenance », a-t-il ajouté.
Lutter contre l’islamophobie
Les leaders de la communauté musulmane misent beaucoup sur cette mesure pour faire reculer l’islamophobie, car 14 ans après les attentats de 2001, « la période est très tendue » explique Linda Sarsour. « Personne ne peut parler d’islam sans parler de terrorisme ».
Personne ne peut parler d’islam sans parler de terrorisme »
Les violences islamophobes viennent ponctuellement alimenter les colonnes des faits divers des médias américains. Le 8 septembre, un Americain Sikh a été sévèrement battu près de Chicago par un adolescent qui l’avait traité de « terroriste » en raison de la couleur de sa peau et de son turban.
Au Texas, un musulman de 14 ans, Ahmed, fils d’immigrants soudanais, a été arrêté pour avoir construit une horloge, dont ses professeurs pensaient que c’était une bombe. Des photos de l’adolescent menotté ont été massivement diffusées et de nombreux internautes se sont mobilisés pour dénoncer un acte raciste et islamophobe derrière le hashtag #IStandWithAhmed. Une fois l’erreur dénoncée et l’adolescent libéré, le président Obama a félicité le jeune garçon et l’a invité à la Maison Blanche pour lui présenter son horloge. De son côté le jeune homme s’est exprimé à la télévision américaine sur le racisme dont il avait déjà été victime : « Je me sentais traité comme un criminel ou comme si j’étais un terroriste. Ce sont des noms que j’ai déjà entendu quand j’étais au collège, on m’appelait le terroriste ou le fabricant de bombe et ce à cause de mes origines et de ma religion ».
L’un des candidats républicains à la présidence, Ben Carson, un neurochirugien noir à la retraite, a aussi jeté de l’huile sur le feu en affirmant ce week-end qu’un musulman ne pouvait pas être président des États-Unis.
« Dans ce climat de hausse du sentiment anti-musulman et de la rhétorique anti-musulman », le jour de congé accordé aux élèves pour l’Aïd el-Kébir arrive au bon moment, estime Ibrahim Hooper, porte-parole du Council on American- Islamic relations (CAIR), la plus grande organisation de défense des droits civiques des musulmans aux États-Unis. « Cela envoie un message très positif d’intégration », dit-il.
New York n’est pas pionnière en la matière. Certaines écoles des États du Vermont, du Massachusetts et du New Jersey – tous dans le nord-est des États-Unis – ferment déjà pour les fêtes musulmanes.
Avec JeuneAfrique