Discret contrepoint à l’élection de Donald Trump, un nombre sans précédent de femmes représentant les minorités africaine-américaine, hispanique et asiatique ont été élues au Congrès le 8 novembre.
La sidérante élection de Donald Trump à la présidence a éclipsé un autre événement : l’élection d’un nombre sans précédent de congresswomenissues des minorités. Trois d’entre elles siégeront ainsi au Sénat à partir du mois de janvier 2017.
Il n’y en avait jusqu’à présent qu’une seule. Si Hillary Clinton a vu ses espoirs se fracasser contre le fameux « plafond de verre », cet obstacle invisible qui empêche les femmes d’accéder aux plus prestigieuses fonctions, certaines de ses consœurs paraissent quand même bien placées pour accéder un jour à la Maison Blanche.
Le plus sûr espoir semble être Kamala Harris. Cette démocrate de Californie, de père jamaïcain et de mère indienne, est la deuxième Noire jamais élue au Sénat (la première, Carol Moseley Braun, démocrate elle aussi, mais de l’Illinois, l’avait été en 1992). Elle sera aussi la première sénatrice américaine-indienne. Télégénique et pugnace, cette ancienne procureure générale de Californie fut un jour complimentée par Barack Obama en raison de son physique avantageux (le président regretta ultérieurement le caractère un peu déplacé de son propos).
Proche du mouvement Black Lives Matter, Harris avait été un moment pressentie pour être la candidate démocrate à la vice-présidence. Elle juge « absolument irréaliste » deux des principales propositions du candidat Donald Trump : le renvoi de plusieurs millions de clandestins et l’érection d’un mur à la frontière mexicaine.
Alors que les femmes africaines-américaines, asiatiques ou hispaniques représentent 18 % de la population, elles ne détiennent que 6 % des sièges au Congrès
Deux autres femmes, également démocrates, ont été élues au Sénat. Il s’agit de Tammy Duckworth, de l’Illinois, et de Catherine Cortez Masto, du Nevada, première Latina (elle, d’origine mexicaine) à siéger dans cette assemblée. La première, qui est une ancienne militaire d’origine thaïlandaise, a perdu ses deux jambes en Irak, en 2004. La seconde est une ancienne procureure générale du Nevada. « Notre gouvernement, dit-elle, repose sur des mécanismes de contrôle du pouvoir. Et, croyez-moi, je serai pour Trump un sacré mécanisme de contrôle ! »
Une autre démocrate les avait précédées (en 2013) sur les bancs du Sénat : Mazie Hirono, une ex-lieutenante-gouverneure d’Hawaï (1994-2002) native du Japon. Peu à peu, une anomalie choquante est en passe d’être corrigée : alors que les femmes africaines-américaines, asiatiques ou hispaniques représentent 18 % de la population, elles ne détiennent que 6 % des sièges au Congrès.
Sous représentées
Le phénomène touche aussi la Chambre des représentants, où deux autres femmes membres du Parti démocrate ont été élues le 8 novembre : Pramila Jayapal (État de Washington), qui est d’origine indienne, et Stephanie Murphy, une businesswoman fille de réfugiés vietnamiens, qui, en Floride, a détrôné le républicain John Mica, en place depuis vingt-trois ans.
Autre surprise : au niveau local, la démocrate Kate Brown a été élue gouverneure de l’Oregon alors qu’elle est… ouvertement homosexuelle. Tout aussi remarquable compte tenu du climat d’islamophobie ambiant, l’élection d’Ilhan Omar, fille de réfugiés somalis et musulmane pratiquante – elle porte le hidjab –, à la Chambre des représentants du Minnesota. Ce n’est pas la première fois que cet État se fait remarquer de la sorte.
En 2006, l’un de ses ressortissants, Keith Ellison, était devenu le premier membre du Congrès de confession musulmane. Il faudra en revanche attendre pour voir le(a) premier(ère) élu(e) transgenre. Misty Snow et Misty Plowright, les deux candidates en lice, ont en effet été battues respectivement dans l’Utah et le Colorado, mais peu importe : l’arbre du malaise blanc symbolisé par Trump cache de moins en moins la forêt de la diversité.