L’enquête du procureur spécial Robert Mueller sur les soupçons d’ingérence russe dans la présidentielle américaine de 2016 a débuté il y a un an jour pour jour. Et elle ne semble pas près de se refermer.
C’est un anniversaire dont Donald Trump se serait bien passé. Le 17 mai 2017, l’ancien directeur du FBI, Robert Mueller, était nommé procureur spécial par le département de la Justice américain. Il prenait ainsi la tête de l’enquête sur les soupçons d’ingérence russe lors de la présidentielle américaine de 2016, quatre mois seulement après l’installation du milliardaire à la Maison-Blanche. Faisant planer une ombre tenace sur la présidence.
Le président des États-Unis a beau régulièrement dénoncer une “chasse aux sorcières” – voire une “chasse aux sorcières, russe à 10 000 000 $ (il n’y a pas de collusion)”, comme il l’a écrit mardi sur Twitter –, un an après, près de vingt inculpations et “des dizaines de développements vertigineux et des alertes info quasi quotidiennes” plus tard, l’enquête “ne semble pas près de se refermer”, souligne le mensuel The Atlantic, qui en retrace les principales révélations.
2 500 pages de documents
Mercredi, à la faveur de nouveaux rebondissements, elle s’affichait à nouveau en “une” des sites d’actualité américains. La radio publique NPR se faisait l’écho de l’accord bipartisan, à la commission du Renseignement du Sénat américain – l’une des trois commissions du Congrès à enquêter sur le sujet, en plus du procureur spécial Mueller –, pour se ranger derrière la conclusion des agences de renseignement américaines qui estiment que les attaques de la Russie pendant la campagne de 2016 visaient à aider Donald Trump et à nuire à Hillary Clinton.
En parallèle, la commission judiciaire du Sénat publiait mercredi “plus de 2 500 pages de documents” provenant de son enquête sur la “désormais célèbre rencontre à la Trump Tower”, le 9 juin 2016, entre Donald Trump Jr – l’un des fils du président – et des Russes ayant promis des informations compromettantes sur Hillary Clinton, explique le New York Times. Tous les participants n’ont pas livré leur version des faits : Paul Manafort, ancien directeur de campagne de Donald Trump, et Jared Kushner, gendre et conseiller du président, ont refusé de répondre en personne aux questions des parlementaires. Mais les autres témoignages qui ont pu être recueillis apportent de nouveaux détails sur ce rendez-vous. Et notamment le “gouffre entre les attentes” des protagonistes et “la réalité”, note le journal.
“Tout ce qu’ils peuvent faire, c’est écrire un rapport”
Rob Goldstone, un imprésario britannique ayant servi d’intermédiaire pour l’organisation du rendez-vous, raconte avoir promis à Don Jr “des preuves tangibles”contre la candidate démocrate à la présidentielle. Puis avoir ressenti de l’“embarras”et s’être “excusé” quand l’avocate russe présente, Natalia Veselnitskaya, n’a rien révélé de compromettant, se servant de la rencontre pour plaider pour un retrait du Magnitski Act qui sanctionne plusieurs oligarques russes.
On y découvre également des éléments sur les relations qu’entretient Donald Trump avec Aras Agalarov, un milliardaire lié au président russe Vladimir Poutine, et son fils Emin, ajoute le Washington Post. Au travers d’e-mails reproduits dans cette somme de documents transparaissent aussi les craintes de l’équipe Trump et sa ligne de défense – changeante – après la révélation de la tenue de cette réunion à la Trump Tower.
De son côté, à la veille de l’anniversaire du début de l’enquête du procureur Robert Mueller, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, qui mène depuis peu l’équipe juridique de Trump, cherchait à la disqualifier. Selon lui, l’équipe Mueller aurait prévenu les avocats de Donald Trump être dans l’impossibilité d’inculper un président en exercice, rapporte CNN, laissant une éventuelle procédure d’impeachment comme seule option. “Tout ce qu’ils (l’équipe) peuvent faire, c’est écrire un rapport”, a minimisé le conseil – et ami de longue date – de l’occupant du Bureau ovale.
Avec courrierinternational