Eloge de l’échec… L’entrepreneur qui ne tente rien, ne se trompe pas. Or, le monde des affaires est fait d’essais et d’apprentissage.
Trouver la bonne idée tout de suite est le rêve de tout entrepreneur. Mais dans la plupart des cas, les entrepreneurs passent par des échecs. L’idée de départ se révèle inefficace ou son exécution difficile. Bref, il faut pivoter, changer son fusil d’épaule, apprendre de ses erreurs ! Et si la route vers la réussite est truffée de difficultés, c’est pour la bonne santé des affaires ! Tirez parti de vos erreurs, à chaque étape du développement de votre entreprise…
1. A la création, maîtrisez « l’art du pivot »
Réussir son « pivot », le changement radical de son modèle économique, demande beaucoup de courage, surtout quand l’activité apporte ses premiers résultats. Bien que, la plupart du temps, c’est arrivé au pied du mur que l’on repart au début. « Quand on est au milieu de l’océan, seul, on apprend plus vite à nager que si on est tranquillement assis sur le paquebot », illustre Grégoire Monconduit, fondateur de l’atelier Rosemood, une société nantaise qui vend des faire-part personnalisés sur internet.
Avant de redéfinir son activité, il avait développé un premier projet qui l’avait mis en difficulté financière. « J’avais lancé un site pour créer des faire-part virtuels, qui m’avait fait perdre beaucoup d’argent, se souvient-il. Mais j’ai eu la chance de développer un second projet dans une activité connexe. J’avais toujours été attiré par le format papier et à la naissance de mes enfants, je n’avais pas trouvé de joli modèle sur internet. Ça a été le déclic ! ». Grégoire Monconduit a effectué le basculement de son activité en octobre 2009. Sept ans plus tard, l’atelier Rosemood compte 60 employés et s’est ouvert au marché allemand.
2. Au développement, multipliez les essais
La phase d’expansion d’une entreprise est étroitement liée à la personnalité de son dirigeant et à sa volonté de tester des idées. Julien Desarnauts est l’un de ces chefs d’entreprise toujours en recherche de nouvelles pistes. Pour le fondateur d’Hellocasa, site internet de mise en relation entre professionnels et particuliers dans le domaine du petit bricolage, « dans notre start-up, on teste des choses en permanence. On pratique des ajustements sur des versions basiques, on redéfinit une offre qui est mal comprise, précise-t-il. Ces derniers jours, on a lancé l’application Hellocasa dans une version très modeste. On souhaite d’abord voir si les clients la téléchargent et comment ils s’en servent. Il est très important de mesurer ».
Service client ou procédure interne, grâce au numérique, aujourd’hui les entreprises ont la capacité de pouvoir tester sans perdre beaucoup d’argent en cas d’échec. Une vraie rupture par rapport aux grandes entreprises !
3. En vitesse de croisière, instaurez les mesures préventives
Lors de la phase de conquête, faire des erreurs est inhérent à la vie de l’entreprise : le dirigeant et son équipe s’adaptent constamment aux demandes de leurs clients et aux évolutions du marché. Mais cela ne doit durer qu’un temps. « Les premières années sont dures pour les collaborateurs, note Ilena Quiete, dirigeante du cabinet Indeo Consulting qui aide les entreprises à optimiser leur organisation. Au bout de 3 à 5 ans, il est nécessaire pour une société de collecter toutes les idées et tirer les leçons des erreurs afin de ne pas les reproduire ».
Vincent Lamour, président de Cementys, société proposant des capteurs pour mesurer le vieillissement des ouvrages en béton créée en 2008 a, quant à lui, mis en place des processus d’amélioration continue dès les premières années. « Selon moi, une entreprise ne doit pas attendre de grandir pour mettre en place les principes de l’amélioration continue, la philosophie de l’ISO 9001. Le fait que tous les documents doivent être relus, de cataloguer les erreurs, d’identifier les solutions de correction, toutes ces bonnes habitudes sont à prendre très tôt », précise Vincent Lamour.
Ilena Quiete conseille également à ses clients d’aller jusqu’à entreprendre une démarche de certification. « Tirer les leçons sur le moyen et le long terme permet de gérer les conflits. Derrière toutes ces questions, il y a des risques psychosociaux », explique-t-elle. Recruter ou former un responsable de la qualité, mettre en place un système de management spécialisé, tout cela représente un coût. Mais plus l’entreprise se développe, plus le retour sur investissement est important : les plus grandes sociétés sont celles qui limitent les erreurs et les pertes liées aux défauts
avec lesechos.fr