En marge de son récent déplacement à Dakar dans le cadre de l’inauguration du nouveau siège de leur filiale locale, Dr Adesla Adedunta, Managing Director/CEO de First Bank of Nigeria Ltd and Subsidiaries, s’est entretenu avec Financial Afrik. En charge des filiales subsahariennes, le banquier revient sur les choix stratégiques qui ont poussé la FBN à aller en dehors du Nigeria. Exclusif
La First Bank of Nigeria (FBN) vient d’ouvrir une filiale au Sénégal, pays d’Afrique francophone. Pourquoi un tel investissement. Quelle est la vision de la banque pour l’Afrique francophone ?
Je voudrais tout d’abord préciser que First Bank of Nigeria est la plus vieille et la plus importante banque en Afrique de l’Ouest. Nous avons plus de 800 agences dans la région, plus de 3 000 gabs et plus de 14 millions de comptes bancaires. Nous sommes la première banque en Afrique de l’Ouest à avoir émis 10 millions de cartes bancaires, la seconde dans toute l’Afrique.
vous dites que vous êtes la première banque en Afrique de l’Ouest. L’êtes-vous en termes d’actifs et de revenu? Quid de votre position au Nigeria ?
Effectivement, FBN est la première banque au Nigeria en termes d’actifs et de profits. C’est aussi la première banque en Afrique de l’Ouest en termes d’actifs, de revenus, de dépôts, de guichets automatiques, de cartes émises, de nombre d’agences et d’âge. La banque a été fondée en 1894.
Comment l’Afrique subsaharienne est-elle apparue dans votre stratégie de développement ?
First Bank of Nigeria a pris une décision stratégique en 2012 dans la foulée du lancement de l’initiative Nepad en 2008-2009 par les présidents Obasanjo du Nigeria, Bouteflikha de l’Algérie, Thabo Mbeki d’Afrique du Sud et Abdoulaye Wade du Sénégal. L’idée directrice du Nepad était simple: l’Afrique doit investir en Afrique. Nous avons, au regard de cet engagement de nos chefs d’Etat, décidé d’aller dans les autres pays africains. Auparavant, notre présence se limitait au Nigéria en plus d’une agence en Grande Bretagne. Nous nous sommes établis au Ghana, au Sénégal, en Guinée -Conakry, en République Démocratique du Congo, en Sierra Leone et en Gambie. Les économies de l’Afrique Anglophone étant plutôt liées à la Grande Bretagne, nous avons utilisé notre filiale anglaise pour ouvrir une agence à Paris, interface internationale de nos filiales francophones.
Quelle est la contribution des filiales subsahariennes dans le résultat de la FBN?
Pour le moment, la contribution de nos filiales d’Afrique subsaharienne est assez minime, parce qu’il s’agit de nouvelles banques en général. Mais nous prévoyons qu’elles auront une contribution d’au moins 10% dans l’exercice global du groupe, d’ici les 5 prochaines années.
Revenons encore à la première question : pourquoi le Sénégal, si l’on sait que ce n’est pas le seul pays d’Afrique francophone de l’ouest ?
La première raison de notre expansion au Sénégal est que nous voulons suivre nos clients. Nous avons des clients comme Dangote Group par exemple que nous accompagnons par une gamme de services bancaires appropriés. S’agissant spécifiquement du Sénégal, c’est un pays stable sur le plan politique et économique avec un environnement des affaires attractif.
Comment une grosse banque comme la vôtre fait-elle face à l’instabilité de la monnaie locale nigériane, le naira, et à la chute du cours du pétrole ? Comment arrive-t- elle à maintenir ses performances ?
Le plus dur est derrière nous. La dépréciation a été forte en 2016 et nous avions pris des mesures appropriées. Les perspectives sont bonnes, au regard de nos résultats* trimestriels que nous avons publiés à la Bourse du Nigeria. Les analystes sont unanimes sur la question. Pour le moment, nous nous concentrons sur le développement de nos activités notamment dans les pays comme le Sénégal, le Ghana et la RD Congo. Ces pays sont prioritaires pour notre banque.
La FNB est-elle toujours une banque nigériane, ou une banque internationale avec un drapeau nigérian ?
C’est une question intéressante. Nous avons démarré nos activités en 1894 comme je l’ai dit sous le nom de British Bank for West Africa (BBWA), la banque britannique pour l’Afrique de l’Ouest. Durant la vague de nationalisation des années 70, la BBWA devient Standard Bank of Nigeria puis First Bank of Nigeria. La privatisation des parts de l’Etat nous a conduit à l’introduction en Bourse à la Nigeria Stock Exchange. Nous sommes une banque nigériane à capitaux diversifiés.
*Notes de la rédaction sur les résultats de FBN
Sur les 9 premiers mois de l’année 2017, les revenus bruts de FBN ont augmenté de 5,2% pour atteindre 417,2 milliards de nairas ( soit 1,15 milliards de dollars) contre 394,2 milliards pendant la période correspondante de 2016. Le revenu net d’intérêts a augmenté de 25,3%, passant de 202,9 milliards à 254,3 milliards , tandis que les revenus hors intérêt (Commissions) ont diminué de 43,5 pour cent, passant de 131 milliards de naira en 2016 à 74 milliards de naira.
1 dollar = 360,5 nairas
Avec financialafrik