Monsieur le Président, auriez-vous l’amabilité de vous présenter à nos lectrices et lecteurs ?
Tout d’abord, permettez-moi d’adresser mes vifs remerciements à la rédaction du magazine Business Afrique-Europe de l’opportunité qu’elle m’offre de porter le Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE) du Tchad à la connaissance du grand public.
Cela dit, je m’appelle Ahmat Mbodou Mahamat. Je suis un Docteur-ingénieur spécialisé en mobilisation des ressources en eau. J’ai eu l’opportunité d’être nommé ministre de l’Environnement et de la Pêche en 2017. Ensuite, en ma qualité d’entrepreneur et élu consulaire du Tchad, j’ai été désigné Président de la Commission Développement durable de l’Union des chambres consulaires du G5 Sahel. Puis, en mars 2024, le Président de la République m’a fait l’honneur de me nommer Président du Conseil économique, social, culturel et environnemental (CESCE). C’est à ce titre que je suis présentement à Abidjan où j’ai pris part à l’Assemblée Générale de l’Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires de l’espace francophone (UCESIF) qui s’est tenue le 26 mai et au Forum international des entreprises francophones qui s’est déroulé du 27 au 28 mai 2025.
Pouvez-vous nous parler très succinctement de votre institution, son historique et ce qui a motivé sa création ?
Il faut noter qu’à partir de 1946, les Nations unies, qui venaient de voir le jour, voulaient à tout prix éviter à l’Humanité une troisième guerre mondiale. C’est ainsi que l’idée de la création du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) a émergé, invitant par la même occasion tous les Etats membres à se doter d’une institution similaire, en vue d’anticiper la survenue d’un conflit de dimension planétaire en impliquant les organisations de la société civile.
C’est dans cette dynamique que le Tchad, dans sa toute première Constitution du 31 mars 1959, a institué le Conseil économique et social. Puis, dans la Constitution de la Vème République adopté le 17 décembre 2023, il est établi que le Conseil économique, social, culturel et environnemental est un organe consultatif chargé de donner son avis au Gouvernement et au Parlement sur les questions à caractère économique, social, culturel est environnemental. L’enjeu de la création de cette institution consultative est d’associer toutes les forces-vives de la Nation au débat public, en vue de libérer les énergies créatives pour construire un tissu social prospère et stimuler la croissance économique inclusif et durable face aux chocs externes.
Quelles sont les activités de votre institution et les services en 2025 ?
Conformément à ses textes statutaires, le Conseil économique, social, culturel et environnemental se réunit deux par an en session ordinaire pour examiner des questions relatives à la vie économique, sociales, culturelles et environnementales, aux termes desquels il formule des avis et recommandations destinés aux pouvoirs publics. En sus de ces deux sessions, le Conseil peut également s’autosaisir sur des questions sensibles de la vie nationale.
Au titre de la première session de l’année 2025, le Conseil s’est autosaisi d’un sujet très important, à savoir : « Promouvoir les champions nationaux pour booster l’économie nationale à l’ère de la refondation ». Les débats de cette première session de l’année ont abouti à la formulation d’importantes résolutions et recommandations adressées aux pouvoirs publics en termes d’orientations stratégiques pour la construction d’une économie résiliente, dans un environnement mondial en constante évolution.
D’autre part, le Conseil économique du Tchad fait partie intégrante de nombreuses structures et organisations similaires au niveau continental et mondial. Cela nous a donné l’opportunité d’apporter des contributions très significatives sur les problématiques de l’eau, de l’énergie, de l’alimentation, des écosystèmes ou encore sur la question de la promotion des industries culturelles et créatives au Tchad et dans l’espace francophone dans son ensemble.
Quelle est la vision du développement de votre institution pour l’Afrique ?
En tant membre du Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC), de l’Union des Conseils économiques et sociaux et institutions similaires francophones (UCESIF), de l’Association internationale des Conseils économiques, sociaux et institutions similaires (AICESIS) et de l’Union des Conseils économiques et sociaux d’Afrique (UCESA), le Conseil économique, social, culturel et environnemental du Tchad est pleinement impliqué dans la recherche des solutions globales au développement de l’Afrique. Comme je l’ai évoqué ci-dessus, nous participons activement aux débats et échanges de haut niveau pour orienter les pouvoirs publics du Continent sur les pistes porteuses d’espoir pour le développement intégral de l’Afrique. A titre d’exemple, le CESCE du Tchad fait partie du Groupe de travail de l’UCESIF sur le Nexus Eau-Energie-Alimentation-Ecosystème, dont les recommandations seront présentées au Forum politique de haut niveau que le Conseil économique et social des Nations unies (ECOSOC) organise en juillet prochain au siège des Nations unies à New-York. Nous avons toujours dit que pour plus d’efficacité, la synergie d’action est une approche pertinente pour aller de l’avant.
Quel bilan faites-vous des activités de votre institution en 2024 ?
Je rappelle que c’est en mars 2024 que j’ai été porté à la tête du Conseil économique, social, culturel et environnemental du Tchad. Et les premières actions que j’ai entreprises ont consisté à renforcer les capacités du Conseil économique et social et environnemental pour une évaluation permanente des politiques publiques en matière économique et de développement avec des recommandations applicables tendant l’efficacité et l’efficience de l’action publique au bénéfice du citoyen. D’autre part, nous avons ouvert un chantier très important au Tchad et qui porte sur « le changement de mentalité des citoyens », car nous avons estimé que pour un développement inclusif et durable, il faut bien réconcilier les citoyens avec l’Etat et les mettre en phase avec les exigences de la République. En plus de cela, le CESCE du Tchad a entrepris une évaluation et le suivi de la mise en œuvre des ODD au niveau national, pour permettre au Gouvernement et ses partenaires de mieux apprécier ce qui est fait et ce qui reste à faire pour atteindre les Objectifs du Développement durable d’ici à l’horizon 2030.
Quelles sont les grandes innovations de votre institution ces dernières années ?
A sa création, le Conseil économique, social, culturel et environnemental du Tchad a été conçu comme un organe consultatif. Mais, au fil des années, nous essayons de faire en sorte que le CESCE du Tchad puisse transcender l’étape de la simple consultation pour devenir une force, non seulement de proposition, mais aussi d’actions. En ce sens, nous avons investi dans la visibilité et la lisibilité du Conseil, de manière à faire de lui une institution la plus proche des citoyens. Nous avons également entrepris de signer des accords de collaboration avec un certain nombre des organisations de la société civile, qui doivent répercuter sur le champ du concret les avis et recommandations que le Conseil formule aux termes de ses travaux.
Quels sont les meilleurs services que votre institution propose au plan social et au développement ?
Le CESCE n’est pas une institution prestataire de service. Le meilleur que nous pouvons offrir au plan social et économique est simplement de nous saisir des préoccupations majeures des populations et formuler des avis et recommandations les plus pertinents, mais aussi de canaliser les énergies productives à se déployer avec efficacité et efficience, au bénéfice de la transformation économique et sociale de notre pays.
Quelles sont les grandes lignes d’action de votre institution pour les années à venir ?
En décembre 2023, le Tchad s’est doté d’une nouvelle Constitution, consacrant la 5ème République. Puis, en mai 2024 le Président de la République a été élu sur la base des engagements forts, fondés sur 12 chantiers structurants, assortis de 100 actions prioritaires.
Pour une mise en œuvre optimale de ce programme politique quinquennal, le CESCE a émis un avis avec des recommandations fortes et applicables, appelant l’engagement volontariste de l’ensemble des départements ministériels
Aujourd’hui, les différents départements ministériels sont à pied-d ’œuvre pour permettre aux forces créatrices du Tchad de tirer le meilleur profit des chantiers et actions que le Maréchal du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, Président de la République, Chef de l’Etat, engage le pays.
Un message à l’endroit de vos partenaires, aux opérateurs économiques et à la population…
Aujourd’hui, le Plan national de développement s’inscrit en droit ligne des ODD auxquels tous les partenaires techniques et financiers du Tchad ont souscrit. Nous en appelons à leur appui pour le financement de ce Plan national de développement pour atteindre les ODD à l’horizon 2030.
A l’endroit des opérateurs économiques et de la population, en général, le Conseil reste et demeure leur partenaire stratégique pour porter leur voix et préoccupations auprès des pouvoirs publics.
Par Maxwell