En se retirant de l’accord sur le nucléaire iranien, les États-Unis ont également rétabli les sanctions commerciales contre la République islamique, auxquelles doivent se conformer les entreprises américaines, mais aussi européennes et donc françaises.
La décision du président Donald Trump de retirer les États-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien et de rétablir les sanctions va évidemment pénaliser les entreprises américaines, mais aussi celles en Europe qui avaient recommencé à commercer avec Téhéran.
Le rétablissement des sanctions américaines liées au programme nucléaire iranien est effectif “immédiatement” pour les nouveaux contrats, a affirmé mardi le conseiller à la sécurité nationale John Bolton, précisant que les entreprises déjà engagées en Iran auraient, elles, quelques mois pour en “sortir”.
Le Trésor américain a fait savoir que les sanctions concernant les anciens contrats conclus en Iran entreraient en vigueur après une période de transition de 90 à 180 jours, quelques minutes après l’annonce par le président Donald Trump du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire signé entre Téhéran et les grandes puissances en 2015.
“Les entreprises allemandes devraient cesser leurs opérations immédiatement”
Outre les avionneurs américain Boeing et européen Airbus, le conglomérat industriel General Electric, les constructeurs automobiles allemand Volkswagen et franco-japonais Renault-Nissan pourraient être touchés alors que les responsables américains ont insisté pour que les entreprises européennes se conforment aussi au rétablissement des sanctions.
Les entreprises allemandes devraient cesser leurs activités en Iran “immédiatement”, a ainsi demandé mardi l’ambassadeur américain en Allemagne.
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Plusieurs entreprises avaient reçu après la mise en oeuvre de l’accord sur le programme nucléaire iranien en 2015 des licences spéciales ou le feu vert du Trésor américain pour commercer avec l’Iran.
Washington continuait toutefois d’imposer un embargo interdisant aux Américains et à toute entité utilisant le système financier américain d’effectuer tout investissement lié à l’Iran, ce qui avait refroidi les banques et incité d’autres entreprises à la prudence.
Les avionneurs ont les plus gros contrats
Les contrats signés par Boeing et Airbus sont les plus importants, Téhéran souhaitant moderniser sa flotte vieillissante après des années d’isolement économique. Boeing a signé pour près de 20 milliards de dollars de contrats avec des compagnies aériennes iraniennes. L’avionneur avait indiqué que ces contrats allaient permettre de soutenir des “dizaines de milliers” d’emplois aux Etats-Unis mais a indiqué mardi qu’il se conformera à la décision de la Maison Blanche de rétablir les sanctions.
De son côté, Airbus a enregistré des commandes d’Iran Air Tour et Zagros Airlines pour 100 avions au total – dont des A320neo – pour près de 20 milliards de dollars au prix catalogue. L’avionneur européen a des usines aux Etats-Unis, et un nombre important de pièces installées dans ses appareils sont fabriquées sur le sol américain, ce qui le soumet automatiquement aux sanctions américaines.
Dans l’ensemble, c’est un coup dur pour l’industrie aéronautique car l’Iran aura besoin de 400 à 500 avions de ligne dans la prochaine décennie, estime l’Organisation iranienne de l’aviation civile.
GE, Total, Renault… également touchés
Pour General Electric, plusieurs de ses filiales installées hors des Etats-Unis ont reçu des contrats totalisant des dizaines de millions de dollars pour l’exploitation des gisements gaziers et le développement des produits pétrochimiques.
La major pétrolière française Total, associée au groupe chinois CNPC, a signé un accord portant sur un investissement de 5 milliards de dollars pour exploiter le gisement South Pars mais avait prévenu que le maintien de cet accord dépendait de la position de Washington sur le nucléaire iranien.
Le français Renault, qui a vendu plus de 160.000 voitures en Iran l’an dernier, pourrait aussi être touché en raison de la présence aux États-Unis de Nissan. Son compatriote PSA est déjà particulièrement bien implanté en Iran où il a une part de marché de 30%.Absent des États-Unis depuis 1991, PSA a indiqué en janvier songer à lancer un service d’autopartage dans une ou deux villes américaines auquel il pourrait devoir renoncer.
Les compagnies aériennes British Airways et Lufthansa, qui avaient repris des vols directs vers Téhéran, vont devoir mettre fin à ces lignes si elles veulent continuer à opérer librement des vols transatlantiques.
Il en va de même pour l’hôtelier français Accor, qui a ouvert un hôtel en Iran en 2015, de la chaîne espagnole Melia Hotels International et du groupe émirati Rotana Hotels, qui ont fait part de leurs projets de s’implanter en Iran.
Avec AFP