La bonne santé du dirigeant est le premier actif immatériel d’une petite entreprise. C’est tellement évident que les intéressés, le nez dans le guidon au quotidien, passent à côté et oublient souvent de prendre soin d’eux-mêmes.
Entreprendre, employer, créer, investir… Les fonctions de dirigeant ont pour vertu de projeter l’individu dans des “facteurs salutogènes “, comme les appelle Olivier Torres, PMiste convaincu et fondateur d’Amarok, l’observatoire de la santé des dirigeants de PME, des commerçants et des artisans. Plus concrètement, les chefs d’entreprise développent certaines qualités comme l’endurance, l’optimisme, la passion, la sensation de maîtriser son destin, le sentiment d’auto-efficacité, etc. “A plus forte raison dans une PME, une structure simple où les gens se connaissent, plus facile à comprendre et à maîtriser qu’un grand groupe. Une PME, ça a du sens”, poursuit l’expert.
Mais toute médaille ayant son revers, les chefs d’entreprise sont des leaders et chez les meneurs, il n’y a pas de place pour exprimer une faiblesse. Pas le temps non plus d’éprouver du plaisir et de le faire durer, de faire des pauses, de dormir ou de faire du sport. “Tout ce qui prend du temps – aller chez le médecin ou partir en vacances -, reprend l’expert, ne fait pas partie du quotidien du dirigeant. Et pourtant, savoir savourer une victoire, par exemple, c’est bon pour la santé !”
Une semaine ou deux mois de vacances : mêmes effets !
Les chefs d’entreprise prennent seulement entre trois et trois semaines et demie de vacances par an. La solution, pour en profiter pleinement, serait de les répartir dans l’année. Le Dr Frédéric Saldmann nous apprend en effet, dans son dernier livre Prenez votre santé en main, que la durée idéale des vacances est d’une semaine. “Leur prolongation n’augmentera ni votre forme, ni votre récupération”, affirme-t-il.
Mais attention, des vacances à la dernière minute sont déconseillées : “Des scientifiques allemands ont montré que la meilleure période se situait huit semaine avant le départ. Connaître sa destination et sa date de congé augmente progressivement le plaisir. Et le fait d’y penser comme une récompense génère un profond bien-être”, poursuit-il.
Autre bonne nouvelle : l’effet bénéfique des vacances dure cinq semaines maximum après le retour. Encore moins de regrets quand on sait que le QI baisse de 20 points au bout de trois semaines de vacances…
Une dette de sommeil qui peut coûter cher à l’entreprise
De la même façon, les chefs d’entreprise dorment moins pour travailler plus : 6h30 contre 7h05 pour le reste de la population, selon Olivier Torres. Au bout de deux semaines, le delta est donc de huit heures, entraînant une baisse de la créativité et de la capacité à détecter les opportunités et une augmentation de l’irritabilité. “Cette identité du chef d’entreprise fondée sur le travail et le surtravail crée une fatigue permanente. Réoctroyez-vous de la quantité de sommeil ! Ecoutez votre corps ! Enfermez-vous 15-20 minutes dans votre bureau pour faire une sieste”, martèle le chercheur lors de ses conférences.
S’octroyer des pauses pour faire face au stress, adopter une bonne hygiène alimentaire, mais aussi lutter contre la sédentarité et oxygéner ses organes : quelques principes de bon sens qui permettent de garder le dessus. Un dirigeant qui se préoccupe de sa santé se préoccupe aussi de celle de ses salariés, et donc de celle de son entreprise.
(*) Olivier Torres est aussi professeur en management à l’Université de Montpellier, professeur associé de Montpellier Business School et président de l’AIREPME (Association internationale de recherche en Entrepreneuriat et PME)
Delphine Collet
chefdentreprise.com