Une semaine après les élections présidentielle, provinciales et législatives de RD-Congo, le ton monte entre l’Église catholique, la Commission électorale indépendante (Céni) et la coalition de la majorité présidentielle, le Front commun pour le Congo (FCC).
La tension est d’autant plus perceptible que la publication des résultats du scrutin, prévue ce 6 janvier, a été reportée par la Céni.
Malgré l’indignation manifestée par la Commission électorale nationale (Céni) et le Front commun pour le Congo (FCC) – la coalition au pouvoir –, l’Église catholique congolaise persiste sur sa position concernant les résultats de l’élection présidentielle.
« Ce sont les irrégularités qui irriteraient le peuple congolais, et la plus grave qui pourrait porter le peuple congolais au soulèvement serait de publier des résultats, quoique provisoires, qui ne soient pas conformes à la vérité des urnes », a-t-elle affirmé, samedi 5 janvier, par la voix de Mgr Marcel Utembi, président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco). Mgr Utembi répondait ainsi à une lettre de la Céni qui sommait l’Église congolaise de retirer ses propos datant du 3 janvier.
Le 3 janvier, la conférence des évêques congolais publiait son rapport préliminaire fondé sur les observations de ses 40 000 représentants dans les bureaux de vote. Le secrétaire général de l’épiscopat, le père Donatien Nshole, avait affirmé, à cette occasion, détenir l’identité du candidat à la présidentielle plébiscité par les urnes le 30 décembre, invitant, par la même occasion, la Céni « à publier, en toute responsabilité, les résultats des élections dans le respect de la vérité et de la justice ».
La réaction de l’organisme chargé des élections ne s’était pas fait attendre puisque, le même jour, dans une lettre adressée à la Cenco, son président, Corneille Nanga, avait vivement protesté contre la déclaration de l’épiscopat et estimé qu’elle est de nature « à intoxiquer la population en préparant un soulèvement dont la Cenco sera seule responsable ».
Indignation du FCC, soutien du CLC
De son côté, la coalition au pouvoir, le Front commun pour le Congo (FCC), a condamné « fermement l’attitude partisane, irresponsable et anarchique de la Cenco », arguant que la Céni est la structure habilitée à proclamer les résultats. Aux yeux du FCC, les propos du père Nshole violent « gravement autant la Constitution, la loi électorale que la charte de bonne conduite ».
Pour sa part, le Comité laïc de coordination – l’association de laïcs catholiques congolais qui a organisé des marches anti-Kabila le 31 décembre 2017, le 21 janvier 2018 et 25 février 2018 – a publié un message d’appui aux évêques, samedi 5 janvier. « Le CLC encourage à ne pas céder au chantage et aux intimidations mais à continuer à demeurer fidèle à sa mission prophétique au service de la vérité et de la justice. »
Le père Donatien Nshole, a, quant à lui, confirmé, vendredi 4 janvier, en marge d’un entretien entre le président sortant Joseph Kabila et la Cenco, ses propos du 3 janvier. « La Cenco, comme mission d’observation avec sa méthodologie et l’échantillon qu’elle a, est en mesure de se rendre compte de l’expression de la population », a-t-il commenté.
Report de la publication des résultats
Samedi 5 janvier, la Céni a reporté la publication des résultats de l’élection à la « semaine prochaine », ce qui risque de prolonger le climat de tension et d’incertitude qui plane depuis plusieurs jours dans le pays. Selon elle, la compilation des bulletins de vote n’avait pas encore atteint les 50 % ce samedi 5 janvier, dans l’après-midi. Elle avance, comme explications à ces retards, des difficultés logistiques dans la remontée des plis de bulletins et de procès-verbaux de résultats.
Trois candidats sont en course pour la succession du président Joseph Kabila, son dauphin Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Martin Fayulu et Félix Tshisekedi. Selon certaines indiscrétions, Martin Fayulu serait le candidat en tête des suffrages auquel fait allusion, sans le nommer, la conférence épiscopale congolaise.
Avec africa.la-croix